Étudiant en première année section Génie civil, à l’Institut technique supérieur (ITS) de l’Université du Burundi, Emile Uwezowamungu est un "Bill Gate burundais". Non pas qu’il soit déjà riche comme le fondateur de Microsoft, mais de par le caractère précoce de son esprit d’entreprise. Car, comme l’Américain, cet étudiant businessman a créé sa propre entreprise de construction. A l’âge de 22 ans.
<doc2574|left>En septembre 2009, alors qu’il intègre l’Université du Burundi, par l’Institut technique supérieur, Emile Uwezowamungu crée en même temps sa propre entreprise de construction dénommée Carrefour des Services Techniques de Construction (CASTEC). Il commence à postuler pour les marchés. Le 1er qu’il gagne, en janvier 2010, est celui de la construction de l’école primaire de Rukoma, à Kayanza (au Nord du Burundi) pour 47 millions Fbu : « Il nous a fallu quatre mois pour terminer les travaux. » Il gagne aussi un marché de la Coopération technique belge (CTB) pour la construction des hangars de conservation des semences de pomme de terre à Songa- Manyoni (province Bururi), pour 45 millions Fbu.
CASTEC gagnera aussi d’autres marchés. C’est notamment celui de la construction de l’Alimentation Express pour 26 millions Fbu. Son entreprise va également construire une salle de réception et un bar à Kanyosha (capitale Bujumbura) appartenant à Serge Vyisinubusa. Un marché de 110 millions Fbu. CASTEC se verra a aussi confier la construction, pour 2.700.000 Fbu, de sept paillotes pour les gardiens de la société de téléphonie mobile, SMART. L’entreprise réhabilite la maison de l’ancien athlète Vénuste Niyongabo pour 24 millions Fbu. CASTEC continue même aujourd’hui à construire des maisons d’habitation pour les particuliers dans différents quartiers de Bujumbura.
Du business dès l’école primaire
Dès son enfance, Emile a été toujours entreprenant : « En 3ème année primaire, j’avais déjà ma propre boutique. » Parce que son papa ne tolérait pas l’oisiveté de ses enfants : « Avant d’entrer en 1ère année primaire, je pouvais rester dans la boutique seul pendant toute la journée, alors qu’en 2ème année je vendais mes propres arachides et des œufs. » En 6ème année primaire, cet entrepreneur, aujourd’hui âgé de 24 ans, s’était déjà acheté deux chèvres et 6 poules. Il se souvient aussi qu’il avait 80.000 Fbu d’argent liquide.
Arrivé en 7ème année, ses activités commerciales sont paralysées, faute de suivi. Mais ce n’est que partie remise: « En 10ème, je me suis acheté un appareil photo manuel pour avoir quelques sous par la photographie. »
Après le cycle inférieur, il entre à l’Ecole des travaux publics de Gitega (ETP). Il demandera toujours à ses camarades de classe de créer une association des techniciens des travaux publics. A la fin de ses études, avec quelques-uns de ses anciens camarades de classe, ils tentent de la créer : « Malheureusement, elle n’a pas été agréée ; car cela demandait des moyens que nous n’avions pas. »
L’élève dépasse son maître
Au moment où il rumine l’échec de l’association, Emile Uwezowamungu rencontre un ingénieur, chef d’antenne de l’Urbanisme en province Muyinga. Il lui propose de travailler bénévolement pour son service. Ce jeune lauréat de l’ETP va apprendre à élaborer des projets : « Après deux mois de stage, beaucoup de gens qui avaient besoin de projets me sollicitaient. » Parce qu’il pouvait terminer un projet après 3 à 4 jours moyennant entre 60.000 Fbu et 150.000 Fbu. Alors que son « maître » pouvait monter un projet pendant deux semaines, surchargé qu’il était de travail. Emile devient donc célèbre à Muyinga ; mais est obligé de venir à Bujumbura, pour travailler à la Société pour l’hydraulique et l’électrification rurale (SOHYDER), de mars 2008 à janvier 2010.
A la SOHYDER, il fait des études d’adduction d’eau et de barrage : « Par exemple, je suis parmi ceux qui ont fait l’étude pour la construction du barrage hydroélectrique de Songa (Bururi) appartenant à l’homme d’affaire Serge Vyisinubusa. » Il d’ailleurs gagner personnellement un marché pour l’étude d’exécution des microcentrales électriques au ministère de l’Energie et Mines pour 4.200.000 Fbu. Le jeune homme parvient alors à s’acheter un ordinateur portable, et fait des économies. Il demande à un jeune ingénieur, Corneille Nkurunziza, de devenir son associé en apportant un million de Fbu. Et c’est cet argent qui va servir à la création de CASTEC.
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{Emile Uwezowamungu se dit confiant pour l’avenir. Mais se veut modeste : il demande aux grands entrepreneurs de l’aider. La société CASTEC est située à l’avenue de la RDC (Mairie de Bujumbura), téléphone : +257 75 566 278.}