Ils ne servent plus Hutu et Tutsi comme avant. 34 membres, tous des batwa du quartier Gihwanya de la commune Rumonge, ont créé l’association « Twisununure » et fabriquent des matériaux utilisés dans les ménages ruraux.
<doc3952|right>Ils produisent des serpettes, haches, houes, brasero, etc. qu’ils vendent sur le marché. « Par exemple, les haches varient entre 2500 à 5000 Fbu », explique Ngejejimana, président de l’association « Twisununure ». Si un outil est vendu, celui qui l’a fabriqué garde les deux tiers du coût, et le reste est versé dans la caisse de l’association. Le matériel avec lequel ils fabriquent ces matériaux est ramassé dans divers endroits de la ville de Rumonge, selon Ngejejimana.
Quant aux clients, ils viennent au compte-gouttes, mais souvent il arrive qu’ils vendent presque toute la production en deux jours. Et ils peuvent fabriquer 12 serpettes, 10 haches, 10 houes et 8 braseros par jours, selon Ngejejimana. Aujourd’hui, ils envoient leurs enfants à l’école grâce à cet argent qu’ils gagnent : « Même si la scolarité primaire est gratuite, nous ne pouvions pas envoyer nos enfants à l’école sans avoir mangé, et nous préférerions les garder à la maison. » Dans ce cas, précise-t-il, ils partaient avec eux chez les « Barundi » (Hutu etTutsi) lorsqu’ils allaient labourer leurs champs, « afin de profiter du repas de midi ». Il rappelle, par ailleurs, qu’il y a trois ans que leurs enfants ne bénéficient plus gratuitement de cahiers.
« Ils étaient désespérés »
Un des membres de « Twisununure » se réjouit d’entretenir désormais sa famille grâce à l’argent qu’il gagne. Ce père de six enfants témoigne : « J’avais décidé de fuir vers le Congo, car je n’arrivais plus à nourrir ma famille. J’étais honte devant ma femme et mes enfants. »
Un autre membre de cette association affirme que cette association lui a ouvert les yeux : « J’ai décidé d’envoyer mes trois enfants à l’école parce que je gagne maintenant de l’argent. »
Même si les défis ne manquent pas
« Twisununure » n’est pas agréée, révèle Ngejejimana : « Nous ne connaissons pas les procédures de demande d’agrément, ni de frais pour payer les documents exigés. » L’association de Ngejejimana est implantée près du stade Rumonge, dans un espace public : « Nous n’avons pas de locaux pour travailler. Et quant la pluie tombe, c’est pour nous le calvaire avec ces tentes trouvées qui couvrent cet endroit. »
Ces Batwa demandent à l’administration communale de Rumonge et aux associations nationales des Batwa de leur fournir des tuiles pour bien travailler.
« Twisununure » a été créée en 2011 pour pallier aux défis liées à la servitude historique de la communauté batwa, selon son président : « Nous avons jugé anormal le fait de servir d’autres personnes alors que nous sommes physiquement capables de travailler pour nous-mêmes et gagner de l’argent pour entretenir nos familles. » Un pari qu’ils doivent gagner, coûte que coûte !