Patron d’un laboratoire de bananiers depuis 12 ans, Dr. Ir. Théodomir Rishirumuhirwa considère l’agriculture comme une activité principale, source de revenus. Le plus apporté par ses bananiers est qu’ils sont exempts de virus et de maladies.
<doc3288|left>« Cela fait douze ans que le laboratoire d’Agrobiotec (Agro & Bio-Technologies) fonctionne et nous atteignons une production annuelle de plants de bananier variant entre 200.000 et 300.000 pièces», explique fièrement Dr. Ir. Théodomir Rishirumuhirwa, directeur général d’Agrobiotec.
Comme tous les bananiers, ceux d’Agrobiotec résistent dans les milieux chauds, mais qui ont beaucoup d’eau, indique-t-il : « Par exemple dans les Mirwa (dont une grande partie couvre la province de Bujumbura). » Agrobiotec possède une trentaine de variétés de bananiers.
Ce sexagénaire a créée sa société Agrobiotec en août 1998 et compte aujourd’hui près de 50 employés. Il a commencé à chercher les financements pour l’achat des équipements, afin de créer un laboratoire in vitro, c’est-à-dire les cultures de bananiers à l’intérieur des bouteilles : « Nous avons aussi, grâce au crédit offert par la BNDE, acheté les matières premières et avons débuté les activités du laboratoire en juillet 1999. »
Il a commencé à former les techniciens, puis a préparé des pépinières, à Muha (commune urbaine de Musaga), Ngozi, Kirundo et Gitega. Plus de 3 millions de plants issus de ces pépinières ont été déjà vendus aux ONG, institutions gouvernementales et certains privés qui, à leur tour, les ont revendus aux populations rurales. Il collabore avec le Réseau Mondial de Recherche sur le bananier, un centre de recherche de l’Université Catholique de Louvain en Belgique. « Dans ce centre, des chercheurs ramènent toutes les variétés de bananiers du monde entier puis vérifient s’ils ne contiennent pas de virus pour les neutraliser par la suite », explique Théodomir Rishirumuhirwa. Puis, ajoute-t-il, ils vérifient si ces bananiers ne sont plus infectés pour les distribuer à travers le monde.
Chaque société bénéficie, au maximum, de cinq plants qu’elle multiplie par la suite, précise le directeur général d’Agrobiotec : « Après leur multiplication, nous les plantons dans les pépinières et les distribuons à la population deux mois après. »
Un plant de bananier d’Agrobiotec coûte 1000 Fbu, selon lui. Il a un projet de mettre en place, bientôt, un jardin mère : « Dans ce dernier, le plant va y rester trois mois en plus de deux en pépinières, pour être de grande taille.»
Des problèmes ne manquent pas à l’Agrobiotec
Jusqu’en 2011, le personnel de ce laboratoire travaillait dans une simple maison d’habitation. Il n’avait pas de vraies installations. C’est pourquoi des plants se détérioraient à cause de la difficulté de contrôle. Aussi, le manque de bouteilles dans lesquelles sont cultivés les jets de bananier, qui deviennent par la suite des plants, à la suite de la fermeture de la VERRUNDI constitue un frein à l’efficacité d’Agrobiotec : « Nous faisons des commandes en Tanzanie et ce n’est pas facile de les avoir. Par exemple, les bouteilles que nous avons commandées il y a une année et demi ne nous sont pas encore parvenues. »
L’autre handicap est qu’ils achètent les produits de laboratoire à l’étranger, notamment les sels minéraux et autres (en Belgique et Hollande). Le transport, le dédouanement et le coût sont énormes, explique-t-il : « Par exemple, il y a des produits, l’un de 114 g, l’autre de 25 g coûtant chacun plus 100.000 Fbu. Il y a d’autres qui coûtent, chacun, 400.000 Fbu. »
De plus, lorsque leurs machines spécialisées en culture in vitro tombent en panne, selon Théodomir Rishirumuhirwa , les pièces de rechange ne sont disponibles qu’à l’étranger et coûtent très cher. Sans oublier le manque de spécialistes en maintenance de ces machines : «Ceux qui travaillent ici sont formés sur le tas. »
Le docteur Ingénieur demande à l’Etat d’instaurer une politique de subvention du secteur de l’agriculture. Mais, aussi, dans ce secteur, renchérit-il, le gouvernement doit imposer des crédits à des taux de 2 à 4% remboursables dans 20 à 30 ans comme cela se fait ailleurs : « Parce que contracter un crédit avec un taux d’intérêt de 18%, remboursable en sept ans, par exemple, est un suicide. »
Le directeur général d’AGROBIOTEC propose aussi au gouvernement de vérifier si les plants de bananes provenant de l’extérieur ne contiennent pas de virus et maladies pour ne pas endommager les autres.
Témoignages des planteurs de Kayanza
Les habitants de la colline Muntazi de la commune et province Kayanza, apprécient en général ce bananier. Selon une habitante de ce coin, le régime de ce nouveau type de bananier est de plus grande taille que le bananier ordinaire même si sa plantation est exigeante : « Sa culture nécessite le mélange de l’urée, d’engrais chimique et de bouse de vache. » Or, précise-t-elle, la plantation de l’ancien bananier est des plus faciles : « Elle nécessite uniquement du fumier. » Un autre habitant de cette colline précise que les bananerais de ce nouveau type sont plus courts que ceux ordinairement connus au Burundi. De plus, explique-t-il, le nouveau type de bananier connaît une rapide croissance que l’ancien : « Le régime peut être coupé après 1 année, alors que pour l’ancien c’est 1 année 4 mois. »