Pour lui, il faut évoluer avec le temps, rendre dynamique la danse culturelle burundaise, la confronter avec celles des pays de la sous-région. Un pari difficile, mais qu’il réussi à gagner à travers des sorties « culturelles » au Rwanda, en Ouganda, …
De teint clair, trapu, affichant une bonhomie joviale qui fait plaisir à voir, Omer (31 ans) donne l’impression du gars sympa, sociable. Mais très vite, derrière les mots on sent le côté révolté qui l’anime car l’artiste n’a qu’un seul but : révolutionner la culture burundaise.
Ce licencié en Sociologie à l’Université du Lac Tanganyika a découvert la musique, ou plus exactement le son, dès son plus jeune âge, à l’école primaire. Pendant que d’autres jouaient au foot, lui s’amusait à faire de la percussion sur les boîtes d’huiles Oki ou Usaid. Il découvre progressivement le tambour à l’église et en tombe amoureux.
Après ses études secondaires à Kiganda (Muramvya), il s’intéresse de plus en plus à la culture du pays et c’est ainsi qu’en 1999, il intègre le club phare de l’époque Abagumyabanga : «Il nous a formé à être responsable de notre culture, de notre identité, de notre patrimoine ». Une histoire d’amour qui durera 9 ans avant que le clash ne survienne : « On a dû quitter le groupe parce qu’on avait des points de vue artistiques différents. On me reprochait mon modernisme jusqu’à m’appeler Lolilo ou Fariouz (deux chanteur burundais du hip-pop). »
Un chemin plein d’embûches
Un modernisme qui a décidément accru le nombre de gens qui l’ont suivi (à peu près 70 personnes). Depuis trois ans, Il est le président du club Intatana qui organise des concerts et des spectacles un peu partout dans la sous-région. Leur dernier show en date (Le 9 et le 10 septembre) « Ca coule de source » produit à l’IFB et qui avait pour thème, la diversité culturelle Est-africaine, a été décrié par ses adversaires, très conservateurs : « On nous a reprochés d’exécuter des mouvements peu catholique (Guhena mu kirundi). Or on représentait les danses des pays voisins, comme le Congo et la Tanzanie, à la gestuelle suggestive mais culturelle après tout », se justifie Omer.
Dernièrement, au tournoi militaire des pays d’Afrique de l’Est qui s’est déroulé au Burundi, le club Intatana été le seul groupe de danse capable d’interpréter les danses des pays voisins : « Si un jour, on doit choisir un groupe de la sous-région qui puisse interpréter la culture des pays des grands lacs, on nous choisira sans hésiter. On est fatigué d’être chétif alors qu’on peut s’ouvrir au monde et se confronter aux autres cultures. »
Ambitieux et décidé, ses prochains projets sont la production d’un nouvel album et un projet d’encadrement des enfants pour leur inculquer « la culture de nos aïeux. » Quand tradition et modernité font bon ménage…