« L’interview » du porte-parole de l’Ombudsman, Jérôme Ndiho, lors de l’annonce de ces menaces qui pèsent sur M. Rukara, est un morceau que l’on devrait enseigner dans toutes les écoles de journalisme. Le parfait exemple d’une fausse interview.
<img4046|left>Mais pour comprendre ce jeu, il faut se rappeler le contexte. Mercredi 9 mai, l’ombudsman vient de recevoir en audience la famille royale et l’ancien président Sylvestre Ntibantunganya. Les échanges ont porté sur le rapatriement des restes du roi Mwambutsa enterré en Suisse.
Des journalistes ont été invités. Et surprise, à la fin de l’audience, une consoeur de la radio télé Salama, (propriété de M. Rukara) crée la surprise, avec une question en rapport avec les menaces envers l’Ombudsman.
Selon un document produit par les services de l’Ombudsman et qu’Iwacu a pu se procurer, document intitulé « Interview aux médias présents à l’audience», il s’avère que les questions avaient été rédigées à l’avance. Les réponses aussi. Tout était joué.
Ceci s’appelle de la manipulation de l’information.
Cette affaire devrait nous interpeller. Il ne faudrait pas que nous tombions dans le jeu des hommes politiques qui veulent utiliser les médias. Plus que jamais, il nous faut analyser, pousser plus loin. Dans cette affaire des menaces contre l’ombudsman, certains médias, de bonne foi, ont cru dans la déclaration de l’ombudsman. Sans aucun élément objectif pour confirmer les accusations. Rappelons-nous toujours le credo d’un bon journaliste : douter, douter, toujours douter.
L’Ombudsman ne peut être poursuivi recherché, arrêté, détenu…
Selon nos recherche sur cette institution qui existe dans plusieurs pays à travers le monde, l’Ombudsman est : "celui qui parle au nom d’autrui", en suédois. Un ombudsman est une personne indépendante et objective qui enquête sur les plaintes des gens contre les organismes gouvernementaux et autres organisations, tant du secteur public que privé. Après un examen approfondi et impartial, il détermine si la plainte est fondée et formule des recommandations à l’intention de l’organisation afin de régler le problème.
L’ombudsman est donc une personne réputée pour son indépendance d’esprit, qui n’a aucun engagement à caractère politique qui pourrait créer des conflits d’intérêts et mettre en doute son jugement.
Il est d’abord et avant tout une personne discrète reconnue pour son honnêteté et l’impartialité de son jugement. Il n’étale jamais ses conflits personnels ou professionnels sur la place publique au risque de démontrer aux yeux des citoyens qu’il n’a pas les qualités requises pour remplir ses fonctions.
Au Burundi, l’article 239 stipule que l’Ombudsman est nommé par l’Assemblée nationale à la majorité des trois quarts des membres. Sa nomination est sujette à approbation par le Sénat à la majorité des deux-tiers d ses membres.
En plus des pouvoirs lui conférés par la Constitution, la loi n°1/03 du 25 janvier 2010 précise clairement en son article 8 point 1, que l’Ombudsman est une autorité indépendante. Dans les limites de ses attributions, il ne reçoit l’instruction d’aucune autorité.
Ce même article, en son point 2, ajoute que l’ombudsman ne peut être relevé de sa charge en raison d’actes qu’il accomplit dans le cadre de ses fonctions. L’ombudsman ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé en raison des opinions qu’il émet ou des actes qu’il accomplit dans l’exercice de ses fonctions.