Samedi 8 juillet, à Muyinga, un remake de David contre Goliath. Contre toute attente, la modeste Olympic Star a terrassé, au terme d’une haletante finale, la favorite et championne en titre sortante, Messager Ngozi.
Donnée perdante avant le match, Olympic Star aborde la finale sans complexe. «Déjà en se qualifiant pour la finale, notre objectif était atteint. Le reste n’allait être qu’un bonus », avoue, avec un brin de rire, Emile Rwabayinkovu, président d’honneur et chargé de la levée de fonds.
« Devoir moral oblige, poursuit-il, nos garçons jouant devant notre public avaient l’obligation de se transcender pour remporter le trophée. »
Poussée par un effervescent stade Umuco, Olympic Star ne lâche rien. Ses joueurs poussent, s’activent jusqu’à cette salvatrice tête décroisée de Pigalle qui envoie les deux équipes en prolongation, anéantissant au passage les espoirs de Messager Ngozi de décrocher un 2ème titre d’affilée.
Pourtant, au début du tournoi, rien ne prédisait un si beau parcours pour la formation en provenance de Muyinga. Septième de la Primus ligue, c’est en simple outsider qu’elle aborde le tournoi. Facile vainqueur au 1er tour, respectivement de Lumière de Nyamurenza (2-1) et de Santos de Bujumbura (4-0), le club, entraîné par Hussein Welo, attaque le 2ème tour en pleine possession de ses moyens. « Prendre match, après match, c’était la consigne », se souvient Welo.
Après s’être défait de Ngozi City, en huitième de finale (2-0), sa victoire sur Lydia Ludic, le champion de la Primus ligue de cette saison, après les tirs aux buts, le ragaillardit dans son ambition d’une perspective finale chez elle. « A ce moment, on a fait le point et trouvé qu’en négociant parfaitement le match qui nous reste, nos chances étaient de mise », se rappelle Thali, le capitaine. Plus que motivés, ils écartent Muzinga, en demi-finale (2-0) pour finalement se hisser en finale.
Un club rassembleur
Bientôt célébrant ses 20 ans d’existence, Olympic Star de Muyinga a une singulière histoire. « C’est un club fondé en 1997 pour venir à bout des clivages politico-éthniques », explique M. Rwabayinkovu.
A cette époque, deux équipes, à savoir Unité FC et Kiyago FC, occupent le devant de la scène dans la province Muyinga. Unité FC est majoritairement constituée de gens de l’Uprona, tandis que dans Kiyago FC domine essentiellement ceux du Frodebu.
Les divisions sont palpables sur et en dehors des terrains. Guidés par une volonté de rassembler, un groupe de gens a l’idée de fonder une équipe qui servira de « dénominateur commun ». « N’eûssent-été eux, les choses auraient dégénéré.» Ainsi est née Olympic Star de Muyinga.
Unifiée, son passage dans le championnat local est de courte durée. « La 1ère rencontre, en tant qu’Olympic Star, nous l’avons jouée à Gashoho. Ce jour-là, on avait amené les cadets et les seniors », se remémore encore M. Rwabayinkovu.
En 1999, l’équipe intègre la ligue intérieure. En 2005, après l’introduction du format à seize équipes (dans la 1ère et 2ème division), elle fait ses premiers pas en Primus ligue. Une année auparavant, elle avait créé la sensation en se hissant jusqu’en finale de la Coupe du président, perdue contre Muzinga (3-0).
En 2010, elle redescend en 2ème division pour finalement retrouver l’élite en 2014.
Signalons qu’en plus d’empocher l’enveloppe de 5 millions, Olympic Star représentera le Burundi à la prochaine Coupe de la confédération africaine.