Les positions de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome) sur le dialogue national sont presqu’aux antipodes de celles du gouvernement.
« Même quand on a gagné les élections, le dialogue reste nécessaire et cela est un principe valable dans tous les pays du monde », a souligné Gabriel Rufyiri, son président, mercredi 30 septembre.
Toutes les parties dans la crise burundaise sont favorables au principe du dialogue. Willy Nyamitwe, le conseiller principal de la communication du président Nkurunziza dira que le gouvernement a toujours privilégié le dialogue. Il renchérit : « Ne pas mettre sur pied une structure chargée de conduire ce dialogue reviendrait tout simplement à renier la volonté du peuple et les suggestions des partenaires techniques et financiers du Burundi ».
Après cette concession, Gabriel Rufyiri s’aligne sur la position du clergé catholique du Burundi, d’une bonne partie de la communauté internationale, et même du Cnared. Il se dit « très préoccupé » par la nouvelle forme du dialogue national que compte organiser le gouvernement.
D’abord, c’est un dialogue qui risque de ne pas faire intervenir les vraies parties en conflits. Par conséquent, le nœud du problème burundais ne sera pas abordé. A ce propos, il rappelle le dialogue national organisé par le gouvernement Buyoya en 1990 autour de la question de l’unité nationale : « Les problèmes réels n’avaient pas été discutés. Il a fallu les négociations d’Arusha et de cessez-le-feu où les vraies parties en conflit ont discuté sans faux fuyant pour trouver solutions aux vrais problèmes de l’époque».
Pour cela, l’Olucome demande aux parties en conflit d’accorder leurs violons sur trois points : le « Facilitateur » dit aussi « Médiateur », le lieu et l’agenda du dialogue.
Mais le gouvernement du Burundi, le parti au pouvoir en tête, a déjà dit « niet » au dialogue sous l’égide d’un facilitateur étranger. Autre divergence avec la position du gouvernement : « les questions qui fâchent ». Gabriel Rufyiri reste optimiste que les questions-polémiques des élections, du troisième mandat du président Nkurunziza et de la possibilité d’une transition seront discutées. Déchantera-t-il ? En effet, à maintes reprises, M. Nyamitwe a martelé que revenir sur ces trois questions serait mettre en question la souveraineté du peuple qui s’est déjà exprimé par les urnes. Et d’ajouter que les Burundais en ont marre avec les transitions surtout que pour pouvoir prétendre à certains postes, il faut avant tout avoir été élu par le peuple.
Ensuite et plus grave encore, M. Rufyiri critique le caractère budgétivore de ce dialogue. Il redoute qu’il ne soit une occasion pour faire cautionner l’amendement de la Constitution et de l’Accord d’Arusha. Entre autres amendements : la suppression des dispositions qui limitent à deux le nombre de mandats d’un président de la République.
Levée de bouclier de Willy Nyamitwe : « On a des activistes de la société civile qui s’immiscent dans la politique et oublient leur champ d’action. » Selon lui, ils sont impliqués de près ou de loin dans les exactions qui endeuillent le peuple burundais. Et de s’écrier : « Qui est Rufyiri pour donner des leçons morale au peuple burundais ? »