L’Observatoire de la lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME) apprécie que le budget général de l’Etat 2023/2024, adopté par l’Assemblée nationale ce 12 juin, est en mode programme. Cependant, il fustige le fait que ce budget soit plus orienté vers la consommation que la croissance économique.
« Ce projet de budget général de l’Etat exercice 2023/2024 est irréaliste en matière de développement économique. Il est un budget de fonctionnement et non d’austérité orienté vers la croissance économique », fustige Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome. Pour lui, le Parlement burundais devrait voter un budget d’austérité orienté vers les secteurs porteurs de croissance.
Selon lui, la grande partie du budget devrait être injectée dans les projets importants et urgents qui augmenteraient la croissance économique et généreraient les devises : « La plupart des projets de développement contenus dans le présent projet de budget ont été reportés dans l’exercice budgétaire précédent ».
Gabriel Rufyiri regrette que les impôts et taxes vont augmenter exponentiellement alors que les revenus des citoyens restent faibles. Et de constater que la taxe sur les carburants (fonds stocks stratégiques) va augmenter à hauteur de 121,5 % : « Cela va augmenter les prix sur presque tous les biens et services à cause du coût de leur transport. L’inflation qui n’était pas encore maîtrisée au cours de l’exercice budgétaire précédent pourrait être alarmante d’autant plus que la quantité de devises est minime ».
D’après lui, les secteurs qui devraient générer beaucoup d’impôts et taxes n’ont pas été concernées dans ce projet de budget. Il dénonce que les recettes prévues dans la rubrique « récupération des fonds détournés et malversations » restent 3 milliards BIF alors que les fonds détournés par les présumés corrompus sont beaucoup supérieurs.
Même constant avec les recettes provenant des missions de maintien de la paix ATMIS et MINUSCA : « Dans ce projet de budget, ces recettes sont restées à 3 milliards BIF. Elles sont tellement inférieures à la réalité ». Et d’appeler au gouvernement de commanditer un audit sur ces fonds.
Concernant le déficit budgétaire, il rappelle que le gouvernement du Burundi a une dette de plus de 4 mille milliards BIF, mais s’arroge le droit de créer un déficit global de plus de 728,9 milliards BIF dont une bonne partie sera financée par l’émission de bons de trésor.
En outre, l’Olucome salue l’instauration dans le budget général de l’Etat 2023/2024 la taxe sur la fortune de 5 % : « Cette taxe devrait être revue à la hausse entre 20 et 50 % ».
Cependant, il demande au Sénat de retourner ce projet de budget au gouvernement pour qu’un accent particulier soit mis sur les programmes d’investissement que ceux de fonctionnement.
Gabriel Rufyiri appelle au président de la République de prolonger la durée d’étude de cette loi des finances pour qu’elle soit étudiée minutieusement et puisse répondre convenablement à la vision Burundi pays émergent en 2040 et développé en 2060.
Le budget général de l’Etat exercice 2023/2024 est de 3 952,9 milliards BIF contre 2 392,3 milliards BIF du budget précédent, soit un accroissement de 65,23 %.