Samedi 23 novembre 2024

Économie

« Offre- moi un verre »: autre forme de corruption?

Des policiers postés sur les routes ou à l’aéroport qui demandent un verre aux passants. Une pratique qui se répand.

Pancarte avec l’inscription « police anti-corruption » sur une barrière
Pancarte avec l’inscription « police anti-corruption » sur une barrière

« Chef, je meurs de soif, tu pourrais me dépanner ! ». Il est de plus en plus fréquent d’entendre des policiers demander aux gens de leur « payer un verre». En effet, il arrive que les policiers chargés de la circulation ou ceux qui sont postés à l’aéroport veulent soutirer subtilement de l’argent aux passants, en leur demandant de leur payer une bière.

Ils s’approchent discrètement des voyageurs et commencent à engager la conversation. Ils leur demandent de leur laisser la monnaie locale : « Tu n’en auras plus besoin une fois en dehors du pays autant nous la laisser.»
Depuis le début de la crise au Burundi, le nombre de barrages de contrôle de police s’est accrû dans les rues de Bujumbura. Et sur chaque barrière, aux moins deux policiers sont postés avec pancarte sur laquelle on peut lire
«Police contre la corruption ».

Un moyen de s’épargner des perquisitions

Pourtant, des particuliers ont témoigné avoir dû payer un verre aux policiers postés sur ces lieux de contrôle routiers. Ils somment les usagers de la route de s’arrêter, puis expliquent gentiment que la journée a été dure sous le soleil « Bonsoir Boss (en se passant la main sur la gorge pour signifier qu’ils ont la gorge sèche), tu n’aurais pas des sous à me laisser ; je suis resté exposé au soleil toute la journée. », témoigne un jeune homme de Kanyosha.

D’autres citoyens expliquent qu’ils paient une petite somme pour circuler librement et s’épargner des longues perquisitions du soir. « Je donne 10 mille aux policiers de garde sur les ponts, comme ça je suis sûr que je ne vais plus être perquisitionné », témoigne un jeune homme qui a l’habitude de rentrer vers 22h. Quand l’équipe est mutée sur une position, poursuit-il avec un sourire, je repaie les 10 mille aux nouveaux. « Quand je passe, ils me saluent de la main et m’indiquent de continuer mon chemin sans être contrôlé. Je sais que c’est corrompre et que c’est une mauvaise pratique mais je n’ai pas le choix. Pour notre sécurité, on donne l’argent même si nous n’ignorons pas que c’est très mauvais », lâche-t-il.

Interrogé, Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police nie catégoriquement ces pratiques. Il explique que peut-être les policiers demandent à des connaissances de leur offrir une bière.

Selon un agent de la police à la retraite, il faudrait professionnaliser la police. Les pancartes annonçant des principes ne servent à rien. Des formations récurrentes sur la lutte contre la corruption devraient être dispensées aux agents de l’ordre. La police routière devrait s’employer à protéger la population au lieu de lui soutirer de l’argent car cela nuit à l’image de leur profession. Et dans les aéroports, les voyageurs qui acceptent de « leur payer une bière » ne sont pas en ordre pour la plupart des cas. « Le salaire des policiers devraient être revalorisés afin de lutter contre cette forme de corruption. », conclut-il.

Un policier explique qu’avec un salaire compris entre 90 et 120 mille. « C’est difficile de couvrir tous les besoins, je dois payer mon loyer de 50 mille, assurer les frais scolaires de mes 5 enfants et les nourrir. Mon salaire couvre à peine mes besoins. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

14 réactions
  1. Myba

    Mbe iyo hadutse imirwi idurumbanya igihugu ,umukuru w’Igihugu ko akoresha uburyo bwose mundwi nk’imwe bakaba bayimesuye ,none kuri abo barya Ibiturure hoba habura iki ngo akoresha zirya ngumvu akoresha mugihasha imirwi irwana ngo ahashe abo bigize kinani Mu biturire.vyoba bomutera iteka mukumva ko igihugu arongoye gitwara I drapeau mu kurya igiturire?burya jew ndamwizera umusi yikanguye ndazi ko atawisubira .

  2. Theus Nahaga

    Il N’y aurait rien à dire si ces policiers demandaient un verre. Le problème est qu’ils exigent un verre ainsi que la monnaie locale.
    Nous en sommes là, la corruption s’est installé depuis que Nkurunziza et son CNDD-FDD ont pris le pouvoir.

    • Budangwa Mariya

      @ Theus Nahaga
      Avant Nkurunziza et son CNDD-FDD c’était le paradis sur terre au Burundi?

  3. Bavuge

    « Interrogé, Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police nie catégoriquement ces pratiques. Il explique que peut-être les policiers demandent à des connaissances de leur offrir une bière »
    Il ment ce porte parole de la police, il aurait fallu parlé peut-être de lui même mais pas pour toute la PNB(Police Nationale Burundaise), chaque jour les policiers demandent de l’argent aux conducteurs. Je me souviens un jour mon ami avez des avocats dans sac qui provenait de l’intérieur, un des policiers postés sur le nouvel pont Muha (celui qui a remplacé provisoirement le pont en réparation) sur avenue du large lui a demandé 2000 Fbu pour ne pas se voir obligé de verser tous les avocats par terre, nous lui avons dis de lire sur la fameuse pancarte « IGIPOLISI KIZIRA IGITURIRE » et il a piqué de colère. Mon ami a accepté de verser les avocats par terre pour remplir de nouveau le sac. Actuellement, Beaucoup de gens lisent cette fameuse pancarte « IGIPOLISI KIIIZIRA IGITURIRE »

  4. Bado

    Hahaha demandez à vos patrons, Nkurunziza, Pascal, Bunyoni… de vendre quelques villas ou gouvernement de rouler dans des voitures normales non pas celles hors de prix

  5. Myba

    Mbe abarundi ko batoranye umwuga wo kubesha?umuvugizi w igipolisi ararahiye abarenga ko atamupolice yaka igiturire kandi numwana akivuka abizi ko bakirya atacamira.ivyo vyerekana ko ivyo ahora avuga vyose ari ububeshi.si igipolice gusa ,guhera kuri nyumbakumi gushika hamwe bita hejuru bose bararya.none ni ibinyegeye.umuntu aronka akazi muri leta ahembwa a peine 300000f bu angana $150 ku kwezi ,kandi yagiye muri ako kazi atagira n’ikinga canke akazu bita akanyabugoro.inyuma y ‘umwaka ugasanga yubatse igorofa rya $300000,none uwo muba murondera ibindi vyemezo ibihe?abo bo basaba Ikiyeri abatwara za millions yofashije igihugu ntimubibona?emwe inda y’imworo inoneka agasamo.ni mubareke barye ari urubwa rwo inzego nka zose zaragwiteje.

  6. Unite

    Pour combattre la corruption il faut:
    1. Le changement de mentalité des Burundais. Les Burundais doivent savoir que c’est leur droit de ne pas donner la corruption
    2. La création d’un taskforce qui sera responsable de traquer les policiers, directeurs des écoles et établissements qui collectent la corruption.
    3. Un numero téléphonique ou les Burundais peuvent signaler les cas de corruption.
    Il faut que les frais de services dans les bureaux étatiques soient connus. Par exemple combien on paie pour avoir un certificat de naissance ou de scolarité?

  7. richard

    Un policier explique qu’avec un salaire compris entre 90 et 120 mille. « C’est difficile de couvrir tous les besoins, je dois payer mon loyer de 50 mille, assurer les frais scolaires de mes 5 enfants et les nourrir. Mon salaire couvre à peine mes besoins. »

    Quand ils ont défendu un régime politique illégal, décrié par la communauté internationale, ils pensaient qu,il n’ y aura plus de conséquences. Trop c’est trop.

    • Unite

      La corruption existait meme avant ce que tu appelles « régime politique illégal, décrié par la communauté internationale ». Il faut reconnaitre qu’il y a un problème de corruption dans le pays. Proposer de solutions a ce fléau serait très constructif que continuer dans l’état de l’indifférence.

      • John

        Cela est vrai. La police burundaise est gangrene par la corruption depuis un certain temps, bien avant le 3eme mandat. C’est une pratique honteuse et qui n’honore en rien le Burundi surtout aux yeux des etrangers. Le « Mushingantahe mbega ntaco unsigiye? » est de la pure mendicite, par un agent de l’Etat, de surcroit en charge de l’ordre et de lutte contre le crime.J’en ai fait l’experience a l’eroport de Bujumbura, un policier qui s’etait charge de porter mon hands luggage, sans que je le lui demande, m’a poursuivi jusque dans le salon d’attente, m’a Presque harcele pour lui laisser la « fameuse biere ». Ce que par pitie et pour ma tranquilite j’ai fini par faire. Honteux! Un autre fleau est de voir des policiers et meme des militaires en service assis avec une biere.Je n’ai jamais vu cela nulle part ailleurs, excepte peut etre en RDCongo(je dis peut etre)

      • Kaboko

        Unité, un jour dit-on Buyoya aurait dit aux dirigeants DD:  » twebwe twayoza ibiyiko mweho muyoza ibipawa ».

        • Unite

          Kaboko,
          Je pensais que tu allais proposer des solutions qui poudraient aider a combattre la corruption. Tu sais qu’ on ne s’exprimait pas librement quand Buyoya était au pouvoir. Ko mama wanje bayoza ibiyiko iterambere yasize riri hehe ? Uko igiturire kingana kwose gikwiye kurwanya mu buryo bwose bubaho. I challenge you to come up with ideas that could uproot corruption in Burundi.

      • Niyomugisha

        @ Unite

        « Il faut reconnaitre qu’il y a un problème de corruption dans le pays ». C’est vrai qu’il y avait et qu’il y a même toujours un problème de corruption dans le pays depuis je ne peux plus savoir quand. Mais avec «notre maillot» si faible que nous connaissons bien, il n’y a pas lieu d’espérer une fin ou à défaut une diminution de ce fléau. Ça prend un gars bien solide et visionnaire du genre Feu Bagaza. Malheureusement pour nous, les Burundais, on n’en a pas beaucoup parmi nos politiciens. Politichiens devrais-je dire !!

        • Unite

          Niyomugisha
          Le Burundi ne manque pas de visionnaires. Pour quoi la corruption n’avait pas été combattue sous le régime de Bagaza? Aujourd’hui au moins il y a ce qu’on appelle  » Tolérance Zéro ». C’est aux Burundais d’y faire part. Suggérer donc des moyens pour décourager ce comportement des gens qui demandent la corruption.

          Merci.

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