Les contribuables ont du mal à accéder à l’information de l’Office Burundais des Recettes. Ce dernier va mettre en place un centre d’appels pour toute éventuelle question d’information.
« Si on sollicite une information auprès de l’OBR, ses agents ne cessent de nous dire qu’ils se basent sur des lois bien élaborées, sans autre explication, ils ne font que l’exécution», se lamente un commerçant rencontré au marché de Kayanza. Il indique qu’avoir une information au sein de l’OBR demande de l’endurance et de la persévérance.
Même son de cloche chez D.D., un propriétaire d’un cyber café à Kayanza. « Je me suis présenté à l’OBR plus de trois fois pour demander sur quoi puis-je me baser pour faire mes déclarations, la seule chose qu’on m’a répondu c’est d’attendre d’abord une visite sur terrain. Depuis une année, j’attends toujours cette visite » s’indigne-t-il.
H. K., un importateur d’articles divers, ne sait pas à quel saint se vouer : « Si on importe des marchandises, les agents de l’OBR en douane consulte un gros livre des taxes et fixent les droits de douane sans aucune explication », lâche-t-il avant d’ajouter : « Comment est-ce qu’on peut expliquer que les taxes et les droits de douane peuvent augmenter endéans une période d’un mois pour une même marchandise de même provenance ? Cet office devrait nous fournir des explications avant de passer à l’opération. C’est de notre devoir de nous acquitter des taxes et impôts mais c’est aussi de notre droit de savoir comment et pourquoi. »
Sylvestre Nduwimana, vice-président de l’association des commerçants opérant au marché de Kayanza, fait savoir que certaines lois ou notes sorties par l’OBR sont connues des commerçants au moment des opérations de dédouanement.
Des réunions, reconnaît-t-il, sont organisées à l’endroit des commerçants, mais la plupart d’entre eux restent dans l’ignorance de la loi : « la majorité de ceux qui opèrent au marché n’ont pas fréquenté le banc de l’école. »
Il indique que les réunions sont convoquées par les agents de l’OBR en collaboration avec les parties prenantes dont le représentant des commerçants qui relaie le message auprès des concernés en passant magasin par magasin. « On utilise même des mégaphones pour porter la voix plus loin. »
Très attendu, un centre d’appels en vue à l’OBR
Sylvestre Nduwimana fait remarquer que la plupart des commerçants n’osent pas demander quoi que ce soit de peur d’être poursuivis. « Si on cherche à s’informer ou informer, la plupart d’entre nous ne reçoivent pas la réponse voulue. On a même peur de dénoncer les fraudes pour combattre la concurrence déloyale», dit-il. Pour lui, la mise en place d’un centre d’appels pourra lever toute équivoque car personne ne saura qui appelle : « les contribuables n’auront plus peur de dénoncer tout ce qui ne va pas.»
Toutefois, rappelle Nduwimana, il est très important qu’un contribuable qui dénonce quoi que ce soit protégé. « Un de nos membres a passé une nuit au cachot parce qu’il défendait son collègue. », s’indigne-t-il avant d’indiquer que cela est arrivé au moment où les agents de la brigade anti-corruption confondus aux agents de l’OBR, ont embarqué des sacs d’engrais chimiques stockés dans un hangar suspectés de fraude. « Si nos marchandises sont suspectées, les agents de l’OBR fermaient seulement les magasins ou les stocks, mais maintenant, ils ont tout emporté », s’indigne ce commerçant.
De plus, demande-t-il, que l’OBR nous informe à temps sur tous les changements pour nous prévenir. « Notre souhait est de travailler en commun en accord avec les agents de l’OBR au lieu de nous traiter comme des fraudeurs. »
Pour eux, une fois que le centre d’appel sera mis en place, la communication sera facile. « Nous espérons que nos doléances auront enfin des réponses via ce centre d’appels, » espère Nduwimana.
Le centre d’appels pour élargir les canaux de communication
Jean Mvuyekure, Directeur de la communication et des services aux contribuables au sein de l’OBR, fait savoir que le centre d’appels vient au moment opportun pour informer les contribuables. « N’importe quel contribuable pourra appeler et les experts en la matière seront disponibles pour répondre aux doléances des contribuables », explique M. Mvuyekure.
Il y aura un numéro vert, court et très facile à mémoriser pour que les contribuables n’aient aucun problème : « La seule chose qui reste est de nous entendre avec les compagnies téléphoniques et l’Agence de Régulation des Télécommunications (ARCT) pour que le Centre d’Appels soit opérationnel dans les plus brefs délais. Le processus est encours, le personnel et les équipements sont déjà aussi en place », rassure-t-il, en précisant que les contribuables appelleront et recevront des réponses directement.
En attendant que le Centre d’Appels soit opérationnel 24h sur 24h, il y aura d’abord une phase pilote pendant laquelle le centre sera ouvert de 8 h à 16h.
D’habitude, poursuit-il, l’OBR informe ces contribuables à travers différentes émissions radio et télévisées, articles publiés dans les journaux, les ateliers d’échange/sensibilisation et les décentes sur terrain faites par les agents de l’OBR. « Il ya aussi des dépliants en français et en Kirundi qui servent d’outils pour la sensibilisation », a-t-il ajouté.
Pour plus d’information, fait remarquer M. Mvuyekuye, l’OBR a un site web www.obr.bi où on peut trouver toutes les lois fiscales. « Ce centre d’appels vient avec une grande valeur ajoutée pour favoriser la communication avec les contribuables. » Et d’ajouter : « Les agents de l’OBR répondront aux préoccupations des contribuables en quatre langues (kirundi, français, anglais et le swahili) ».
Signalons que ce centre d’appels a été financé par l’USAID via TradeMark East Africa (TMEA).
Il faut se dire que l’OBR est « une version actualisée » des anciens services de douanes du Ministères des Finances. Et dans cette ancienne boîte de collecte de taxes sur les produits d’import-export, qui en ignore les pratiques aurait au moins vu ses agents en uniformes sur les routes du pays ou dans certaines administrations. Je me dis ainsi que l’on a pas renvoyé tous les anciens agents avant la création de cette nouvelle structure qu’est l’OBR. Il y en a dont les contrats ont été reconduits. Alors, dites-vous tout simplement que les vielles habitudes n’ont pas complètement disparues.
Et s’il y a moins de corruption, peut-être suite à une surveillance et travail en équipes plus efficaces, on pourrait penser que certains sont rongés par le seul fait qu’il ne peuvent pas exiger des pots de vins comme dans le passé.-
J’ai envoyé un message à l’OBR par email en utilisant leur adresse pour demander le tarif d’une machine que je voulait envoyer au Burundi, cela fait 2 mois sans aucune réponse. Comment voulez-vous qu’on travaille dans des conditions pareilles? Rien dans ce pays n’est clair, tu ne peux rien prévoir parce que tu ne sais pas ce qu’on va te demander? Jamais tu ne peux pas savoir la taxe. Ils sont tellement corrompus que tout devient flou. N’importe quoi.
Ils y mettent justement du flou pour mieux vous inviter, sans trop forcer, à toucher dans votre poche, faute de vous réclamer une taxe clairement due sur des bases réelles. Et quand vous tombez sur un ancien des vieux service de douanes, il vous fera voyager de Kobero au Port de Bujumbura ou de Gisuru(frontière est) aux services du bureau central de l’OBR.-