Avec l’entrée du Burundi et du Rwanda dans l’East African Community, les procédures, le coût et le temps de dédouanement des marchandises connaissent un léger mieux, selon les commerçants. De plus, la RRA (Rwanda Revenue Authority) et l’OBR (Office Burundais des Recettes) veulent encore moderniser le système.
<doc5074|left>Le dédouanement est plus rapide par rapport aux trois dernières années, selon Polycarpe Kubwayo, secrétaire exécutif de l’association des Commerçants Transfrontaliers du Burundi. « Le temps de dédouanement a été réduit jusqu’à deux jours, alors qu’avant ça pouvait prendre une semaine ou même plus », précise-t-il. Mais, ce commerçant estime que les coûts restent élevés : « Au Burundi, les tarifs douaniers sont de loin supérieurs à ceux des autres pays de la sous-région. » Il évoque le paiement de PF, un impôt forfaitaire de 4%, et l’imprimé, le coût des différentes attestations exigées au moment du dédouanement qui est fixé à 5 dollars américains.
Les commerçants, qui apportent les pagnes du Congo en passant par la frontière Gatumba, sont aussi frappés par les tarifs, selon lui. « Que le gouvernement réduise les tarifs pour ces pagnes puisque les taux appliqués avant la fermeture de l’usine COTEBU sont restés les mêmes. Or avant, c’était pour protéger la production de cette usine locale, mais actuellement elle ne fonctionne pas. Nous avons donc intérêt à les laisser entrer facilement», explique-t-il. Il précise que, parfois, leurs marchandises sont confisquées quand ils sont attrapés en train de les faire entrer illégalement.
Un nouveau système de transport, déjà annoncé, pourra perturber aussi la situation, d’après toujours M. Kubwayo : « On envisage de nous empêcher de charger nos marchandises dans les petits camions pour utiliser les grands camions. Or cela défavorise surtout les petits commerçants. » Il exprime qu’avec la nouvelle mesure, les marchandises vont beaucoup traîner puisque le grand camion doit attendre longtemps pour être rempli. « La vitesse de circulation des marchandises est très importante dans le commerce », souligne-t-il.
<doc5075|left>« Nous faisons tout pour rendre les opérations plus rapides »
Concernant le traitement des dossiers pour le dédouanement des marchandises, le directeur des ports et frontières à l’OBR, Joas Katanga, indique qu’ils font tout pour rendre les opérations rapides. « Actuellement, le dossier le plus compliqué, c’est-à-dire comportant des marchandises diverses, peut nous prendre deux heures de temps. Et un simple dossier ne peut pas aller au-delà de 30 minutes », précise-t-il. Mais, ajoute-t-il, un vérificateur peut recevoir plus de 10 dossiers en même temps, ce qui fait qu’un dossier ne présentant aucun soupçon peut parvenir à son propriétaire dans 24h. Il affirme que les vérificateurs sont moins nombreux : « Ce qui est normal parce qu’on doit aussi rentabiliser la main d’œuvre. »
Outre le problème des dossiers qui peuvent être nombreux pour le vérificateur, ce directeur dénonce certains cas où les gens présentent des factures incorrectes qui obligent le vérificateur à chercher la vraie facture sur le marché. Il ajoute que d’autres peuvent amener des dossiers incomplets.
Afin de rendre les services encore plus rapides, M. Katanga annonce que son office est décentralisé : « Nous avons des bureaux partout dans le pays. Il n’y a aucune zone dans le pays où on ne peut pas dédouaner sa marchandise. »
Quant aux heures de travail, il fait savoir que l’OBR a déjà soumis sa doléance au niveau de l’EAC pour qu’il puisse travailler 24h /24h à différentes frontières à savoir Gasenyi, Kanyaru et Kobero : « Dès que l’on nous répondra favorablement, nous travaillerons jour et nuit. Sinon actuellement, ça ne serait pas efficace si les autres pays ferment la nuit.» Il assure, en outre, que les tarifs pour le dédouanement ne sont pas exorbitants : « Nous utilisons le tarif extérieur commun de l’EAC. »
Joas Katanga signale que l’OBR compte instaurer un nouveau système informatique dans différents bureaux : « Les procédures de dédouanement pourront être réduites très sensiblement. Le One Stop border post, qui est un système à un seul arrêt sur différentes frontières, que nous sommes en train d’initier, influera avec le temps. »
<doc5076|right>Au Rwanda, les procédures deviennent de plus en plus rapides
Les commerçants rwandais sont aujourd’hui satisfaits. Les procédures, le temps et le coût pour le dédouanement des marchandises ont été réduits avec l’entrée dans l’EAC. « Pour les produits made in EAC, s’ils sont accompagnés d’un certificat d’origine, plus question de payer le droit d’entrée », se réjouit, Issa Tirwomwe, un commerçant. Pour les produits agricoles, poursuit-il, nous ne payons presque rien. Il indique qu’ils peuvent connaître les montants de taxes à payer avant qu’ils n’aillent apporter leurs marchandises : « Ils sont, par exemple, affichés à Gatuna, frontière rwando-ougandaise. Ou on peut demander les tarifs aux services de la douane tout en étant au marché. » Et s’il y a incompréhension sur les coûts du dédouanement, ce commerçant assure que des agents de la RRA sont disponibles pour donner des éclaircissements.
Même constat chez Ronald Kabagambe de la CBTA (Rwanda Cross Border Trade Association, Association des Commerçants Transfrontaliers du Rwanda). « A certaines frontières, les agents de la RRA travaillent 24h/24h. Et pour les marchandises de petite quantité, par exemple 125Kg, le dédouanement se fait juste à la frontière et ça ne prend pas plus de 30 min », soutient-il.
Dans ce processus de rendre plus rapide le dédouanement des marchandises, la RRA est très engagée, selon Richard Tusabe, Commissaire général adjoint et commissaire général des services douaniers. Il indique que dans son bureau le dédouanement prend moins d’une heure pour les clients de confiance. Et pour les autres, il affirme que cela prend trois jours au maximum. Ainsi, M. Tusabe annonce que dans une année, les commerçants rwandais pourront faire le dédouanement via internet. « Nous sommes en train de rendre plus performant le système informatique », conclut-il.