Vendredi 22 novembre 2024

Politique

Nyarusange / Les opposants en ligne de mire

28/03/2018 1
Nyarusange / Les opposants en ligne de mire
Aimé Magera exige la libération immédiate et sans condition des militants du Fnl emprisonnés

Vague d’arrestation des militants d’Amizero y’Abarundi dans la commune Nyarusange (centre du pays) depuis l’année passée. Dix d’entre eux sont déjà derrière les barreaux, accusés d’être impliqués dans l’assassinat d’un certain Jacques Bukobero.

En commune Nyarusange, on signale une chasse aux militants d’Amizero y’Abarundi surtout les fidèles d’Agathon Rwasa. «On parle de 68 personnes qui seront arrêtées avant même le référendum constitutionnel de mai 2018», confient les membres du Fnl pro-Rwasa.

Un climat de peur règne parmi les militants des partis de l’opposition. «Depuis le début de cette année, on arrête les gens sur le lieu de leur travail», indique G.K, un pro-Rwasa. «Certains ont pris la fuite de peur d’être arrêtés. Quand je pars au travail, je dis au revoir à mon épouse et à mes enfants car je ne sais pas si je vais rentrer», renchérit un autre. Depuis le mois de mars 2017, dix sympathisants d’Agathon Rwasa sont derrière les barreaux.

Tout commence dans la nuit du 22 mars 2017. Un homme du nom de Jacques Bukobero est tué par une grenade à son domicile sur la colline Gasenyi. C’est la goutte qui fait déborder le vase. De plus, il se fait que la victime est le père d’un certain Vénérand Kazohera, un homme d’affaires très influent. Il serait aussi un fidèle financier du parti Cndd-Fdd. Dans la foulée de cet assassinat, cinq membres du Fnl sont arrêtés. Deux autres arrestations suivront le 24 mars 2017.

« La mort de Jacques Bukobero est un prétexte »

La dernière arrestation en date est celle de Gérard Bigirimana, le 12 mars 2018. Avant lui, deux autres militants du Fnl avaient été appréhendés en décembre 2017 et janvier 2018. Pour les fidèles de Rwasa, l’arrestation de leurs camarades n’a rien à voir avec la mort du vieux Bukobero. «On se cache derrière cet acte ignoble dans le but de museler l’opposition.»

Ils pointent du doigt l’administration ainsi que Vénérand Kazohera d’être derrière cette traque des militants de l’opposition. D’après les témoignages recueillis à Nyarusange, M. Kazohera aurait juré de réprimer tous les pro-Rwasa de Nyarusange. «C’est un homme très puissant. Personne ne peut lever le petit doigt», assurent les habitants de Nyarusange. Selon ces derniers, il a depuis longtemps essayé en vain de corrompre, en promettant monts et merveilles, les Fnl pour qu’ils adhèrent au parti au pouvoir. «Les récalcitrants sont aujourd’hui en prison.»

«Il y avait un plan pour tuer mon père»

L’administrateur de la commune Nyarusange, Ferdinand Nkurikiye, balaie d’un revers de la main ces accusations : «Je ne suis impliqué dans aucune de ces arrestations.» Et d’assurer qu’aucun membre de l’opposition n’est persécuté. «Les gens vivent dans une harmonie totale.»

Interrogé, Vénérand Kazohera nie lui aussi toute implication dans ces arrestations. Cependant, il indique qu’il y avait un plan pour assassiner son père : «Les membres du Fnl clamaient haut et fort qu’ils vont le tuer ainsi que tous les militants du Cndd-Fdd de Nyarusange. Moi aussi j’ai échappé à plusieurs tentatives d’assassinat.» Il fait savoir qu’il a organisé une réunion à Nyarusange entre les militants des partis politiques afin de les calmer : «Ils n’ont pas voulu entendre mes conseils et ils ont fini par le tuer. Même après 30 ans, un assassin peut être poursuivi.»

Pour Térence Manirambona, député d’Amizero y’Abarundi élu dans la circonscription de Gitega, ce qui se passe actuellement à Nyarusange est une injustice flagrante : « Des gens ont été arrêtés depuis le mois de décembre de l’année passée pour un dossier déjà jugé au niveau de la justice depuis une année »

Lors de cette affaire, soutient-il, ils n’ont été ni convoqués ni entendus par quiconque et aucun élément ne les lie à ce dossier : « Cette chasse à l’homme ne vise que des sympathisants d’Agathon Rwasa, vivant à Nyarusange qui ont refusé d’adhérer au parti Cndd-fdd. » Et de conclure que ce climat a déjà conduit plusieurs de leurs membres à fuir cette persécution.

Contacté, Aimé Magera, porte-parole d’Agathon Rwasa, exige la libération immédiate et sans condition des militants du Fnl emprisonnés et d’arrêter les harcèlements et les intimidations qui sont faits à l’endroit de leurs membres.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Innocent

    Qu’en pense la personne qui commente souvent sur les éthnies honnies?

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Qui sont ces sympathisants d’Agathon Rwasa?

.Gérard Bigirimana : Enseignant à l'Ecole fondamentale (Ecofo) de Murambi et originaire de la colline Gatwaro, ce célibataire de 36 ans a été appréhendé le 12 mars 2018. Il a répondu à une convocation du directeur provincial de l'enseignement (DPE), Bernard Ndabahagamye, et le Service national des renseignements (SNR) l’a embarqué. Après un interrogatoire au Parquet général de Gitega, il a été conduit à la prison centrale de Gitega. Interrogé, le DPE indique qu’il a reçu un coup de fil de Bujumbura venant d’un membre d’une organisation de la société civile dont il ne se souvient pas. «Cette personne m’a demandé de convoquer 3 personnes en citant les noms dont celui de Gérard Bigirimana. Je pensais que c’est pour un travail. A ma grande surprise, j’ai vu la police débarquer ». .Donatien Nibitanga Interpellé le 10 janvier 2018, ce père de 2 enfants est originaire de la colline Gasenyi. 39 ans, il est secrétaire à l’Ecofo Nkondo. Son directeur l’a convoqué dans son bureau, mais le SNR l’attendait. .Jérémie Irampaye Directeur du Lycée communal de Nyamazi, il a été arrêté le 21 décembre 2017 par le SNR sur appel de l’administrateur de la commune Nyarusange. Originaire de la colline Tye, 37 ans, il est père d’un enfant. . Sylvère Simbagije Originaire de la colline Gasenyi, il a été arrêté le 23 mars 2017. Préfet des études à l’Ecofo Nkondo, il a été capturé par des Imbonerakure alors qu’il se rendait à son travail. Il a 37 ans et est père de 2 enfants. . Jean Mperabansi alias Mandela Cet homme de 63 ans a été appréhendé le 23 mars 2017. Commerçant, il est père de 8 enfants. Il rentrait du marché et il a été arrêté par des policiers. . Jean Paul Hakizimana Cultivateur de 33 ans, il est père de 4 enfants. Il a été arrêté le 23 mars 2017 à son domicile sur la colline Bikingi par des Imbonerakure sur ordre de l’administrateur communal. . Didace Nsabiyumva Il a été lui aussi arrêté le 23 mars 2017 à son domicile sur la colline Bikingi par des Imbonerakure sur ordre de l’administrateur communal. Cultivateur, il a 25 ans et père de 2 enfants. . Gérard Hakizimana 26 ans, célibataire, il a été arrêté le 24 mars 2017 par des Imbonerakure sur ordre de l’administrateur communal. Cultivateur, il habite sur la colline Gasenyi. . Damas Nibogora Enseignant au secondaire, c’est un célibataire de 32 ans. Il a été arrêté le 24 mars 2017 à 22h par des policiers accompagnés par des Imbonerakure. . Jean Claude Bigirimana Ce père d’un enfant a été arrêté le 23 mars 2017 à son domicile sur la colline Gasenyi par des Imbonerakure sur ordre de l’administrateur communal. Il est cultivateur.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Innocent

    Qu’en pense la personne qui commente souvent sur les éthnies honnies?

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

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