Vague d’arrestation des militants d’Amizero y’Abarundi dans la commune Nyarusange (centre du pays) depuis l’année passée. Dix d’entre eux sont déjà derrière les barreaux, accusés d’être impliqués dans l’assassinat d’un certain Jacques Bukobero.
En commune Nyarusange, on signale une chasse aux militants d’Amizero y’Abarundi surtout les fidèles d’Agathon Rwasa. «On parle de 68 personnes qui seront arrêtées avant même le référendum constitutionnel de mai 2018», confient les membres du Fnl pro-Rwasa.
Un climat de peur règne parmi les militants des partis de l’opposition. «Depuis le début de cette année, on arrête les gens sur le lieu de leur travail», indique G.K, un pro-Rwasa. «Certains ont pris la fuite de peur d’être arrêtés. Quand je pars au travail, je dis au revoir à mon épouse et à mes enfants car je ne sais pas si je vais rentrer», renchérit un autre. Depuis le mois de mars 2017, dix sympathisants d’Agathon Rwasa sont derrière les barreaux.
Tout commence dans la nuit du 22 mars 2017. Un homme du nom de Jacques Bukobero est tué par une grenade à son domicile sur la colline Gasenyi. C’est la goutte qui fait déborder le vase. De plus, il se fait que la victime est le père d’un certain Vénérand Kazohera, un homme d’affaires très influent. Il serait aussi un fidèle financier du parti Cndd-Fdd. Dans la foulée de cet assassinat, cinq membres du Fnl sont arrêtés. Deux autres arrestations suivront le 24 mars 2017.
« La mort de Jacques Bukobero est un prétexte »
La dernière arrestation en date est celle de Gérard Bigirimana, le 12 mars 2018. Avant lui, deux autres militants du Fnl avaient été appréhendés en décembre 2017 et janvier 2018. Pour les fidèles de Rwasa, l’arrestation de leurs camarades n’a rien à voir avec la mort du vieux Bukobero. «On se cache derrière cet acte ignoble dans le but de museler l’opposition.»
Ils pointent du doigt l’administration ainsi que Vénérand Kazohera d’être derrière cette traque des militants de l’opposition. D’après les témoignages recueillis à Nyarusange, M. Kazohera aurait juré de réprimer tous les pro-Rwasa de Nyarusange. «C’est un homme très puissant. Personne ne peut lever le petit doigt», assurent les habitants de Nyarusange. Selon ces derniers, il a depuis longtemps essayé en vain de corrompre, en promettant monts et merveilles, les Fnl pour qu’ils adhèrent au parti au pouvoir. «Les récalcitrants sont aujourd’hui en prison.»
«Il y avait un plan pour tuer mon père»
L’administrateur de la commune Nyarusange, Ferdinand Nkurikiye, balaie d’un revers de la main ces accusations : «Je ne suis impliqué dans aucune de ces arrestations.» Et d’assurer qu’aucun membre de l’opposition n’est persécuté. «Les gens vivent dans une harmonie totale.»
Interrogé, Vénérand Kazohera nie lui aussi toute implication dans ces arrestations. Cependant, il indique qu’il y avait un plan pour assassiner son père : «Les membres du Fnl clamaient haut et fort qu’ils vont le tuer ainsi que tous les militants du Cndd-Fdd de Nyarusange. Moi aussi j’ai échappé à plusieurs tentatives d’assassinat.» Il fait savoir qu’il a organisé une réunion à Nyarusange entre les militants des partis politiques afin de les calmer : «Ils n’ont pas voulu entendre mes conseils et ils ont fini par le tuer. Même après 30 ans, un assassin peut être poursuivi.»
Pour Térence Manirambona, député d’Amizero y’Abarundi élu dans la circonscription de Gitega, ce qui se passe actuellement à Nyarusange est une injustice flagrante : « Des gens ont été arrêtés depuis le mois de décembre de l’année passée pour un dossier déjà jugé au niveau de la justice depuis une année »
Lors de cette affaire, soutient-il, ils n’ont été ni convoqués ni entendus par quiconque et aucun élément ne les lie à ce dossier : « Cette chasse à l’homme ne vise que des sympathisants d’Agathon Rwasa, vivant à Nyarusange qui ont refusé d’adhérer au parti Cndd-fdd. » Et de conclure que ce climat a déjà conduit plusieurs de leurs membres à fuir cette persécution.
Contacté, Aimé Magera, porte-parole d’Agathon Rwasa, exige la libération immédiate et sans condition des militants du Fnl emprisonnés et d’arrêter les harcèlements et les intimidations qui sont faits à l’endroit de leurs membres.
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