On les appelle les « sans repères », ces réfugiés rapatriés de Tanzanie qui n’ont pas de terres. En transit dans des camps d’hébergement, ils se contentent de subsister …
<doc6778|right>Colline Mugerama à trois kilomètres du chef-lieu de la commune Nyanza-Lac en province Makamba. Un site surplombe la colline. C’est le centre d’hébergement temporaire (CHT) de Gitara.
Depuis fin 2012, 100 personnes réparties en 33 familles vivent dans des tentes érigées par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR, organisation des Nations Unies) en collaboration avec le Paresi (programme de réintégration des sinistrés). Ce sont des rapatriés en provenance du camp des réfugiés de Mtabila en Tanzanie.
Sur place, quelques enfants jouent au football devant une des tentes, comme pour marquer leur territoire. Au loin, des femmes cuisinent. A l’intérieur de ces tentes, des habits et autres ustensiles de cuisines sont étalés pêle-mêle. Les conditions de vie y sont très dures « certains d’entre nous sont arrivés le 20 novembre 2012 et ils n’ont pas encore eu leur ration alimentaire », confie David Sabiyumva, père de quatre enfants.
Pour d’autres poursuit-il, cette ration n’est pas suffisante car chacun reçoit 10 kg de maïs, 5 kg de haricot, 3 kg de soja et 1,5 litres d’huile de coton ainsi qu’un peu de sel pour tout un mois « C’est à peine si nous arrivons à tenir pendant deux semaines. »
Manque d’eau potable
A côté de cette carence de vivres, ces rapatriés signalent qu’il y a un manque criant de bois pour préparer la nourriture, ce qui a déjà occasionné des frictions entre eux et leurs voisins résidents. « Lorsqu’ils t’attrapent en train de ramasser quelques morceaux de bois dans leurs champs, ils te tabassent sérieusement », souligne David Sabiyumva.
De plus, renchérit Anne-Marie Nemeyimana, habitant aussi le centre, il y a un manque d’eau potable dans ce centre d’hébergement temporaire. « Nous sommes obligés d’utiliser l’eau de la rivière pour la cuisson et pour toute autre consommation ». A leur arrivée, la Croix Rouge leur avait promis des médicaments pour purifier l’eau mais ils n’ont encore rien vu venir.
Cette mère de huit enfants indique aussi que les rapatriés ne sont pas soignés. Et de confier qu’aucun centre de santé ou hôpital n’accepte leurs papiers qu’ils présentent en cas de maladie : « Deux enfants sont déjà morts par manque de soins de santé, depuis que nous sommes ici. » Chose que confirme l’administration locale.
<doc6779|right>« Caritas leur distribue des cartes mutuelles »
Prudence Kabura, administrateur communal, dit comprendre les dures conditions de vie de ces rapatriés mais, d’après lui, ils doivent être patients à propos de la distribution de la nourriture : « Tous ceux qui n’ont pas encore eu des vivres sont ceux qui sont arrivés sur place après la récente distribution. »
Quant au problème des soins de santé, Prudence Kabura indique que Caritas est en train de distribuer des cartes mutuelles qui les aideront à se faire soigner. En attendant, il leur demande de se débrouiller.
Concernant la question de l’eau potable, M. Kabura indique que c’est un problème récurrent dans sa commune, mais l’Unicef aurait promis d’aider dans l’adduction de l’eau potable. Idem au sujet de la disponibilité du bois.
En tout état de cause, ces rapatriés se disent déçus par le gouvernement qui, selon leurs dires, ne tient pas les promesses faites à Mtabila par Immaculée Nahayo, alors ministre de la Solidarité. Et de conclure : « Si ce gouvernement n’est pas capable de nous faire soigner, nous donnera-t-il des terres ? »