Les membres du Congrès national pour la liberté de la commune Nyamurenza dénoncent l’impunité dont jouissent les Imbonerakure qui les persécutent. Malgré les promesses de poursuite de l’administration, leurs plaintes restent lettre morte.
Cette contrée a massivement voté non au référendum de juin 2018. Et depuis, les tensions entre les Imbonerakure du Cndd-Fdd et les militants du CNL ne cessent de monter d’un cran dans la zone Birambi. Les seconds se disent harcelés sans cesse par les premiers. La dernière agression en date remonte à la nuit du 13 mai sur la colline Martyazo.
Aux environs de 19h 15, Pascal Miburo se balade. Tout à coup, au bout de sa promenade, une scène effroyable. Quatre de ses amis sont étendus par terre, ligotés. Stupeur total.
Ont-ils volé ? Qu’ont-ils fait ? Normalement, c’est à cette heure-là que lui et ses amis se rencontrent au « ligala » pour causer. En voulant s’informer davantage de ce qui se passe, le nouvel arrivant est à son tour roué de coups de gourdin. Toutefois, Miburo réussit à s’échapper. Il se réfugie dans un ménage non loin de là. Après 30 min, le cultivateur sort de sa cachette pour rentrer à la maison.
A cet instant, il se croit tirer d’affaire. Mais hélas, sa joie est de courte durée. En cours de chemin, il voit un homme qui avance vers lui. C’est alors qu’il découvre que l’inconnu a une machette. Son arme bien dissimulée sous la ceinture. « A ce moment, j’ai cru que mon heure avait sonné. Je tremblais de peur.» Miburo n’a pas le temps de préparer sa riposte. Il reçoit un premier coup sur le front. Puis un deuxième, destiné au cou, l’atteint à l’épaule et il s’écroule par terre. Le prenant pour mort, le malfaiteur prend le large. Avant de s’évanouir, Miburo reconnaît le visage de son bourreau. C’est un certain Jérémie Cimana. Il était avec le groupe qui a arrêté et ligoté ses amis. Ce groupe était formé par Elie Ndayizeye, directeur de l’école fondamentale de Burambi, et le responsable du Cndd-Fdd sur la colline. C’est ce dernier qui les a alertés pour les prévenir que des militants du CNL font une réunion illégale. Des Imbonerakure de la colline voisine de Rurama étaient aussi venus en renfort. Les quatre amis ligotés, Désiré Twizerimana, Déo Nshimirimana, Jean Habimana et Ezéchiel Nintunze, vont être libérés peu après le drame.
Quand il se réveille, Pascal Miburo se retrouve sur le lit du centre de santé de Rurama. Les blessures sont graves. Il va être transféré à l’hôpital de Kiremba pour y bénéficier des soins adéquats. « Mes proches ont essayé de porter plainte au chef de zone, mais il leur a signifié que mes bourreaux ont pris fuite », fustige le blessé. Le chef de zone le nie en bloc. Léonidas Savimbi, assure qu’aucune personne n’est allée se plaindre chez lui.
L’intolérance encouragée par l’inaction de la justice
Saleh Bizimana, responsable du CNL en commune Nyamurenza, estime que les fauteurs de troubles sont encouragés par l’inaction de la justice à leur égard. Il indique que ses membres vivent sous les menaces constantes des Imbonerakure. «Nous sommes reconnus par la loi. Qu’ils sachent que nous devons cohabiter bon gré mal gré ».
Interrogé, Dismas Munezero, responsable communale des Imbonerakure, préfère ne pas commenter cet incident : «Je n’étais pas présent au moment des faits. Laisser la justice faire son travail.»
Le directeur de l’école fondamentale de Birambi épinglé, quant à lui, réfute les accusations de Pascal Miburo. « Comment un éducateur comme moi peut-il être à la tête d’une bande de malfrats qui perturbent l’ordre public. C’est impossible ».
Il y a deux mois, plus d’une dizaine de maisons avaient été vandalisées sur la colline Shoza de la même zone Birambi. A cette époque, Frédéric Hatungimana, Uwizeye Ferdinand, Gorgo Minani, Uwizeyimana alias Gasongo et Isaie Miburo, tous des militants du CNL, avaient été sévèrement tabassés.
Dieudonné Niyonzima, l’administrateur de la commune Nyamurenza, avait alors appelé les personnes lésées à porter plainte auprès des autorités habilitées : «Nous sommes toujours disponibles pour trancher, apporter des solutions aux problèmes.» Pour ce cas présent, Iwacu a essayé de le contacter sans succès.
Entretemps, les arrestations se poursuivent. Cinq membres du CNL sont emprisonnés au cachot de la commune Gihanga. Ils ont été arrêtés, mardi 21 mai. Motif : participation à une réunion illégale. Joint par Iwacu, Léopold Ndayisaba, administrateur de la commune, a assuré ne pas savoir grand-chose à propos de cette affaire. Des sources policières indiquent que ces personnes sont détenues pour des raisons d’enquête.