Samedi 21 décembre 2024

Politique

Nyamurenza : la population est contre les messages d’exclusion

24/10/2024 Commentaires fermés sur Nyamurenza : la population est contre les messages d’exclusion
Nyamurenza : la population est contre les messages d’exclusion
Les habitants de la commune Nyamurenza prônent l’unité et l’amour du prochain

Les habitants de la commune Nyamurenza de la province de Ngozi s’insurgent contre les messages d’exclusion et les actes de méfiance qui caractérisent les partis politiques. L’administration dit tout faire pour que la population reste calme même en période électorale.

Certains habitants de la commune Nyamurenza déplorent les messages d’exclusion et des actes de méfiance qui caractérisent surtout les membres des différents partis politiques. « Cela arrive parmi la population. Nous voyons que les leaders s’écartent au niveau du langage. Il est difficile qu’un membre du CNL s’assoie ensemble avec celui du CNDD-FDD pour partager un verre dans un bistrot. Il y a une discrimination qui se remarque. On a déjà assisté aussi à des passages à tabac », s’indigne M.N, habitant de la colline Nyamurenza.

Un autre habitant fait savoir que dans des coopératives, on peut entendre dire qu’il existe des gens qu’il faut surveiller. Ces derniers ne reçoivent pas des postes de responsabilité. « Nous leur disons qu’à notre niveau, nous n’avons pas de problème. Pour le bas peuple, les différentes convictions politiques ne devraient pas nous diviser », souligne-t-il.

D’après, Jeanne Ndizeye, l’exclusion se remarque parmi des gens instruits et les riches. « Ils s’aiment entre eux comme si d’autres catégories sociales n’avaient pas de droits. Dans des partis politiques, les membres du CNL collaborent entre eux et les militants du parti au pouvoir ne veulent pas collaborer avec leurs adversaires politiques. Il y a une sorte de méfiance entre ces deux groupes », fait-il observer.

Un autre problème soulevé est relatif aux recrutements. On dit souvent qu’un militant qui n’est pas membre du CNDD-FDD ne peut pas être engagé. « Les militants du CNL sont bannis comme s’il ne s’agit pas des Burundais. L’exclusion est motivée par la peur de perdre ».

Selon une habitante de Nyamurenza, les exclusions sont une manière de gagner des intérêts au détriment des autres. « Un membre du parti qui a gagné les élections se considère comme étant le seul qui peut jouir de tous les droits. Celui de l’opposition pense qu’il ne peut rien gagner. Il s’installe un climat de méfiance entre les deux », souligne-t-elle.

Pour ces habitants, l’exclusion d’une partie de la population constitue un danger pour le pays. « L’exclusion provoque la violence. Des gens sont maltraités du fait de leurs idées politiques. Dans la communauté, la haine trouve de la place. Toute initiative de réconciliation et du vivre-ensemble est mise en cause ».

Des messages à combattre

Selon Jérôme Ndayishimiye, secrétaire exécutif permanant de la commune Nyamurenza, la population adhère dans différents partis politiques. Par conséquent, ce genre de situations ne peut pas manquer. Il explique que des messages d’exclusion et de méfiance sont monnaie courante en période électorale. « Actuellement, il n’y a pas de problème mais, cela ne signifie pas que la situation ne peut pas resurgir dans l’avenir. Les auteurs des messages de haine sont motivés par la victoire aux élections pour avoir des postes politiques », indique-t-il.

Il fait savoir que des mécanismes afin de sauvegarder la sécurité de la commune sont en œuvre pour combattre toute tentative de division de la population. Il parle de l’administration, de la police de proximité et des institutions judiciaires qui sont proches de la population. Tous ces acteurs peuvent, précise-t-il, intervenir quand il y a un climat malsain.

Jérôme Ndayishimiye invite les habitants de sa commune, dans toute leur diversité, à une bonne collaboration et à une bonne cohabitation. Il trouve qu’ils doivent transcender leurs différences et s’atteler plutôt aux travaux de développement.

Thaddée Kabura est expert en résolution pacifique des conflits. Il est lui aussi d’avis qu’il existe des messages d’exclusion, discriminatoires envers les membres d’un groupe donné qui peuvent être accompagnés par des menaces et des intimidations. Ces messages sont fréquents, dit-il, en période électorale. « Entre groupes politiques, lorsque on analyse, ils échangent des messages qui peuvent provoquer la haine. Il s’agit par exemple quand vous entendez dire, il faut faire attention à ces gens, ils appartiennent à l’opposition, il faut scruter leurs actes, ils s’opposent à nos intérêts, ils peuvent nous empêcher d’arriver à des postes de responsabilité ».

Il indique que les auteurs des messages d’exclusion sont motivés par les intérêts et la haine contre les autres. Ils se réfugient alors dans le groupe d’appartenance pour que les autres pensent qu’il s’agit d’un intérêt général, qu’on est en train de défendre.

Cet expert ajoute que cela peut générer des violences de masse. Quand deux groupes sont farouchement opposés à travers leurs discours, prévient-il, ils peuvent passer à l’action. « Ils peuvent se rentrer dedans. Il peut y avoir même des tueries de masse. Des violences dans la communauté s’installent et le développement est hypothéqué ».

Thaddée Kabura appelle tout un chacun à la raison. Il considère que seul l’amour du prochain doit primer. « Un humain est une créature douée de raison. Dieu a créé l’Homme avec la capacité de discerner le bien et le mal. Les conséquences néfastes des messages de haine ne vont pas épargner les auteurs et leurs progénitures », conclut-il.

CNL

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