Les habitants de la zone Nyakabiga demandent aux autorités de mettre fin aux patrouilles nocturnes par des civils. Ils avancent une mésaventure dans la nuit du 23 novembre.
Mercredi 22 novembre. Vers 2h du matin, Jean Berchmans Nduwayo, commerçant au centre-ville, rentre chez lui dans le quartier de Nyakabiga III. Il a siroté la bière jusque tard dans la nuit.
Il est à bord d’un taxi avec son compagnon. Depuis la 7ème avenue, ils aperçoivent trois personnes au niveau de l’entrée de l’université à la 9ème avenue. Deux sont debout et la troisième assise par terre. Ils continuent leur route comme si de rien n’était.
Au niveau de la 9ème avenue, son chauffeur stationne. Jean Berchmans veut savoir ce qui se passe à cet endroit. Il sort du véhicule et avance vers les trois. Illico, la personne assise par terre détale. Elle était en train d’être battue.
Les deux restants veulent connaître son identité. Ils s’en prennent brutalement à lui. Le taximan et son compagnon, impuissants, sont effrayés. Ils se dirigent vers l’hôtel Niwakal, sis à la 9ème avenue, jonction de cette dernière avec l’avenue de la République. Pour le secours de leur compagnon d’infortune. Des policiers sont en permanence en faction à cet hôtel. Les forces de l’ordre ne lui viennent pas aussitôt en aide.
Jean Berchmans Nduwayo est passé à tabac. L’un de ses agresseurs, soutient-il, porte un short et une chemise militaires. Des coups de pied, de gourdins, des gifles… Il encaisse.
« L’idéologie du parti n’autorise pas des embuscades »
Miraculeusement, il parvient à fuir. Il emprunte la 7ème avenue. Il crie, vocifère pour que des habitants des environs volent à son secours. Cependant, ses bourreaux le pourchassent.
Des vociférations au petit matin, des gens n’en sont pas habitués. De « braves » gens affluent dans cette rue pour s’enquérir de la situation. Jean Berchmans parvient à se sauver.
Les malfaiteurs rebroussent chemin. Mais la chance ne sourit pas à l’un d’eux. Un certain Armand Riyazimana, connu sous le sobriquet de Business, se retrouve dans un groupe de gens venus au secours de sa victime. Il est arrêté et sera remis aux policiers.
Sous couvert d’anonymat, une femme habitante de cette localité, qui a assisté à un épisode de cette mésaventure, affirme que le passage à tabac de Jean Berchmans n’est pas un cas isolé dans ce quartier.
Elle pointe du doigt des jeunes du parti au pouvoir : « Ce sont des Imbonerakure qui perturbent l’ordre publique. » Des noms sont cités. Entre autres, Innocent Nshimirimana alias Madara et un certain Niyonkuru connu sous le sobriquet de Ben. Elle demande des sanctions à leur endroit.
Arnaud Nsabimana, président de la ligue de jeunes du Cndd-Fdd au quartier Nyakabiga III, dément : « Ce ne sont pas d’Imbonerakure. Notre idéologie ne permet pas des embuscades.» Ce sont des gens, explique-t-il, qui se font passer pour des Imbonerakure alors qu’ils n’en sont pas. Et de faire savoir qu’ils sont légion.
M. Nsabimana indique que son parti ne peut pas tolérer ceux qui salissent son image : « Nous ne reconnaissons que ceux dont le comportement est conforme à notre idéologie.» Et de lâcher : «Celui qui a été appréhendé fera l’objet d’une enquête.»
Pierre Nkurikiye, porte-parole de la Police, ne nie pas les exactions contre Jean Berchmans Nduwayo : « Il a été persécuté.» Son bourreau sera traduit devant la justice. Il est entre les mains de la Police.