« Je vis de la pêche depuis mes 16 ans, aujourd’hui, j’ai 62 ans. Je ne me rappelle même plus quand ce port a ouvert. En 1970, il fonctionnait. Pourquoi nous délocaliser ? », se plaint Pascal Gahungu, un des pêcheurs âgés de Nyabugete, au port de pêche « Olympique ».
Une partie de ce port est désormais un chantier pour un projet dit d’aménagement d’un site touristique Nyabugete Beach. Les pêcheurs indiquent que cet endroit était destiné au séchage de poissons pour qu’ils soient conservés ou exportés. Les filets de séchage ont été retirés de force puis confisqués par des agents de sécurité de Nyabugete Beach.
Selon ces pêcheurs, Alexis Mpfumukeko, un investisseur dit « Obama », propriétaire de Nyabugete Beach veut étendre les locaux de sa plage.
Melchior Manirakiza, 65 ans, pêcheur pendant 45 ans, se demande comment une personne peut être privilégiée au détriment de plus de 5 mille individus vivant de ce métier.
Pour les chevronnés, ils pouvaient gagner plus de 50 mille BIF par jour.« Quand il y a une surproduction de poissons, les filets de séchage nous facilitaient la tâche et voilà aujourd’hui, ce n’est plus possible », regrette Gahungu.
Obama, propriétaire de Nyabugete Beach, était présent sur son chantier d’extension de sa plage. D’après lui, il a présenté son projet au ministère de l’Environnement et a été étudié pendant 6 mois. Une pancarte montrant la maquette de son projet d’aménagement du site touristique y a été érigée. Obama affirme que son projet vient aider à réduire les fraudes qui s’opèrent sur ce port de pêche d’où la colère des pêcheurs.
Le ministère de l’Environnement avait tranché.
Selon Déo Nduwayezu, directeur de la promotion de la filière halieutique, ce conflit ne date pas d’aujourd’hui. Il indique que cet investisseur brandit des papiers datant de 5 ans.
Le ministère de l’Environnement avait mis en place une commission pour étudier la question. Elle avait effectué une descente sur terrain et avait demandé à cet entrepreneur de céder une partie pour des toilettes et des filets de séchage.
Le Commissaire général de l’Office burundais de l’habitat (OBUHA), Charles Ntahomvukiye, fait savoir qu’il n’était pas au courant de cette situation et n’a jamais délivré une autorisation d’exploitation ou de bâtir à cet entrepreneur. Il promet de faire une descente ce mercredi 21 juin.
Pour rappel, en mai, le port de pêche de Kajaga a été délocalisé. Mayondori, un magnat originaire de Kayanza, veut construire un bâtiment en étage dans les 150 mètres partant des rives du Lac Tanganyika.
Ce n’est que lorsqu’on est rassasié qu’on peut pondre des idées comme comme à votre point b. Être pêcheur, c’est déjà un travail et l’État devrait protéger ces pêcheurs…
@Joseph
1. Chacun de nous pourrait exprimer son point de vue sur le role/intervention de l’Etat, sur la propriete sur le territoire nationale, sur la responsabilite individuelle et sur la competition economique ou dans la vie.
2. A part vouloir separer les rassasies et des affames, pourriez-vous expliquer un peu de quel « programme de protection des pecheurs de Nyabugete » vous voulez parler et combien ca peut couter?
Et si demain un autre investisseur vient avec un grand bateau moderne pour la peche (avec des chambres froides), quel programme pour les proteger de la competition?
Tous ces nouveaux projets pourraient offir des emplois mieux renumeres et moins dangereux que le travail du pecheur artisanal. Que nous l’acceptions ou pas nous sommes dans le systeme capitaliste et les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI) sont bien present a Bujumbura.
3. Aujourd’hui c’est comme si nous etions sur du sable mouvant dans le desert et notre vie/nos metiers vont changer plus vite/plus souvent que du temps de nos ancetres. En dehors de la mort et des taxes, rien n’est sur dans ce monde/Nothing is certain except death and taxes.
@Joseph
1. Moi je ne vis meme pas au Burundi depuis 1971 et je ne suis pas un expert en developpement mais dans mes commentaires j’essaie de voir comment mes idees ou ce que j’ai vu ailleurs pourraient s’appliquer au cas du Burundi. DU CHOC DES IDEES JAILLIT LA LUMIERE. Une fois quelqu’un qui n’a pas aime mon commentaire m’a accuse d’etre un agent de la Banque de la Republique du Burundi (BRB) alors que je ne sais meme pas ou cette banque se trouve a Bujumbura.
2. Mais quand meme j’ai eu une petite experience avec le secteur informel.
En 1977/1978 j’ai travaille dans le projet Bulyanhulu Gold Exploration (Kahama District, region au sud du lac Victoria), le gouvernement tanzanien venait d’expulser des orpailleurs (certains venus de pays voisins) qui avaient participe dans une ruee d’or.
Aujoud’hui le gouvernement tanzanien a conclu un contrat minier avec la compagnie canadienne Barrick Gold Corporation, des centaines ou des milliers de tanzaniens ont des boulots et des centaines de millions de dollars rentrent dans les caisses de l’Etat. C’est la meme chose sur un autre projet Busolwangili Gold Exploration Project (dans le nord de Nzega District) que j’ai dirige en 1981/1982 (avant de demissionner avant la fin de mon contrat, pour quitter le pays et aller etudier). Aujourd’hui il y a une mine d’or moderne.
3. Voici comment certains experts en developpement voient le role/place du secteur informel dans le long processus de developpement.
« Secteur informel et développement économique
À long terme, on s’attend à ce que le développement d’un pays s’accompagne d’une réduction progressive du secteur informel, conformément au fait qu’il ne représente qu’un résidu dans les pays développés. En réalité, la relation entre informalité et développement n’est pas linéaire. En effet, la représentation classique du changement structurel et de la modernisation met en avant le recul d’un secteur agricole faiblement productif et peu rémunérateur. Mais dans les faits, la transition ne se fait pas principalement au bénéfice du secteur formel et de ses emplois salariés protégés. Elle commence par une montée en puissance des non-salariés et du secteur informel non agricole. Cette première étape de croissance du secteur informel est bien un signe de développement, car la productivité y est significativement supérieure à celle enregistrée dans l’agriculture familiale de subsistance. Ce n’est donc que dans un second temps que le secteur informel recule tandis que le secteur formel prend le relais. Même dans cette configuration, le secteur informel a de beaux jours devant lui. D’une part, dans le nombreux pays, la base de départ du secteur formel est si faible, qu’en dépit d’une croissance accélérée, le secteur informel reste et restera longtemps dominant. D’autre part, peu de pays ont réussi à échapper à la fameuse trappe à revenus intermédiaires, écueil classique de cette seconde phase de la transition… »
https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2014-1-page-109.htm
@ Joseph
Quand j’etais encore etudiant en 1989-1991, j’ai quand meme presente en classe, un rapport sur le livre de l’economiste peruvien Dr Hernando de Soto et je suis content de voir que ce livre sur le secteur informel au Peru (Amerique latine) est toujours considere important. Je crois que j’ai encore ce livre quelque part.
« Theoretical models present two major reasons for the emergence of informal economic activity: lack of development (Harris and Todaro 1970; Loayza 2016) and poor governance (de Soto 1989)…
De Soto, H. 1989. The Other Path: The Invisible Revolution in the Third World. New York: Harper &
Row… »
https://thedocs.worldbank.org/en/doc/37511318c092e6fd4ca3c60f0af0bea3-0350012021/related/Informal-economy-Chapter-6.pdf
1. Vous ecrivez:« Melchior Manirakiza, 65 ans, pêcheur pendant 45 ans, se demande comment une personne peut être privilégiée au détriment de plus de 5 mille individus vivant de ce métier… »
2. Mon commentaire
a). Tout d’abord, je me demande ou ce monsieur a trouve ce nombre de 5000 individus. Meme la Banque mondiale(dans son rapport de mai 2021) trouve qu’il est difficile d’avoir des statistiques fiables sur le secteur informel.
« By its nature, informal economic activity—referred to in this study simply as “informality”—
is difficult to observe systematically and to measure…
In some economies in SubSaharan Africa (SSA), informal employment accounts for more than 90 percent of total employment and informal output for as much as 62 percent of official GDP (World
Bank 2019)… »
https://thedocs.worldbank.org/en/doc/37511318c092e6fd4ca3c60f0af0bea3-0350012021/related/Informal-economy-full-report.pdf
b). Meme si l’Etat burundais avait signe un contrat avec les occupants de ce port, a la fin de la periode convenue, l’Etat pourrait demander a ces pecheurs de plier bagages pour qu’un investisseur qui est plus en phase avec la VISION DE BURUNDI PAYS EMERGENT EN 2040 puisse y lancer un nouveau projet. Les gens de Nyabugete qui ont droit a des compensations devraient avoir leur du.
c). Il est vrai que notre RETA MVYEYI RETA NKOZI doit faire tout ce qu’il peut pour diminuer la souffrance de sa population, mais il ne serait pas en mesure de venir en aide a tout le monde.
Il se pourrait qu’entretemps les pecheurs de Nyabugete soient obliges de se debrouiller eux-memes pour trouver un autre port pour leurs bateaux.
« Le rapport avance cinq recommandations générales à l’intention des responsables publics des pays émergents et en développement : 1) opter pour une approche globale, puisque l’économie informelle, qui traduit un sous-développement généralisé, ne peut pas être traitée isolément ; 2) adapter les mesures au contexte national, les causes de l’informalité étant très variables ; 3) renforcer l’accès à l’éducation, aux marchés et aux financements, pour permettre aux travailleurs et aux entreprises du secteur informel d’atteindre un niveau de productivité suffisant pour rejoindre l’économie formelle ; 4) améliorer la gouvernance et le climat des affaires pour favoriser le développement de l’économie formelle ; et 5) rationaliser les régimes fiscaux pour réduire le coût de l’activité formelle et renchérir le coût de l’activité informelle… »
https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2021/05/11/widespread-informality-likely-to-slow-recovery-from-covid-19-in-developing-economies
le gouvernement doit exiger à ces entrepreneurs de ne pas clôturer et fermer la plage. la plage est faite pour tout le monde. A kajaga , on voit des entrepreneurs qui ont clôturé et bloque le passage d’une plage vers une autre le long du lac Tanganyika
Je suis de ton avis; je suis contre la privatisation des plages, même si des problèmes de salubrité restent difficiles à gérer pour un lieu publique.