Mercredi 25 décembre 2024

Politique

Nyabiraba : La population contre la communication violente en période électorale

24/12/2024 0
Nyabiraba : La population contre la communication violente en période électorale
La population de la commune Nyabiraba considère que les élections devraient être comme d’autres compétitions

Selon certains habitants de la commune Nyabiraba dans la province de Bujumbura, la période électorale fait peur. Ils rappellent en effet qu’elle est propice à la communication violente et à des actes de violence. Ils appellent les politiques à leur responsabilité dans ce processus en cours.

Jean Ndayisaba de Nyabiraba se dit effrayé par la communication qui est utilisée que ce soit dans les chansons, les slogans et les discours lors des campagnes électorales. « Les leaders politiques utilisent des mots violents pour qualifier leurs adversaires. Ils les considèrent comme des vauriens, des ennemis du pays et des entraves au développement ».

D’après un autre habitant, il y a des fois où ils ôtent la dignité à leurs adversaires en les qualifiant d’animaux. « Ils disent que si leurs adversaires parvenaient à gagner, ils ne servirent en rien pour le pays »
N.P, un militant de l’opposition explique que certains membres des partis politiques considèrent qu’ils doivent contrôler à eux seuls l’espace politique. « Des intimidations sont monnaie courante. Parfois, les jeunes des partis politiques se rentrent dedans. Dans ce cas, il y a des morts et des blessés ».

Même lecture chez une mère de quatre enfants qui indique que la période électorale devient une source d’inquiétude. « C’est un moment qui fait peur au regard des agissements de certains militants des partis politiques. Des messages d’intimidation sont proférés et certaines personnes préfèrent fuir ou se cacher ».

Les habitants de la commune Nyabiraba appellent les leaders politiques à la responsabilité. Ils considèrent que la période électorale devrait être une compétition où chacun montre ce dont il est capable. « Il est important de donner le choix aux électeurs. Nous avons besoin des projets de société », insistent-ils.

Isaac Ntibampamate, secrétaire permanent de la commune Nyabiraba reconnaît que la période électorale est propice à la communication violente entre les militants des différents partis politiques. « Certains procèdent à des intimidations comme quoi ceux qui ne voteront pas pour eux vont en assumer les conséquences. Ces messages de haine proférés ont des incidences sur la stabilité et la quiétude de la population ».

Il donne l’exemple de la période de 2015 qui a failli déchirer le tissu social dans cette commune. « Il y avait des mots violents qui circulaient. Des jeunes des partis politiques se chamaillaient. Il y a eu des blessés et la communauté a été déstabilisée ».

Pour lui, pendant cette période préélectorale, l’administration de Nyabiraba a pris des initiatives pour éviter d’autres violences. « Nous procédons à des sensibilisations pour montrer le danger que représentent les discours haineux en période électorale. Des gens de convictions politiques différentes doivent cohabiter pacifiquement pour s’atteler aux travaux de développement », conseille-t-il.

Les élections ne devraient pas inquiéter

Selon Chartier Niyungeko, expert en résolution et transformation des conflits, les élections est un évènement, un courant qui ne devrait pas inquiéter. « La vie d’un pays continue. Les compétiteurs, les leaders politiques doivent apprendre à vivre dans la tolérance en évitant de déshumaniser leurs adversaires ».

Il fait remarquer qu’il y a de fois où, lors des campagnes politiques, certains leaders politiques qualifient malheureusement leurs adversaires de loups, de chiens, de chats et bien d’autres qualificatifs animalisant. M. Niyungeko rappelle qu’on peut montrer ce dont on est capable sans verser dans la violence. « Il suffit d’avoir un parcours professionnel, des réalisations et des exploits à son actif et de les montrer aux gens. Et dire alors : si vous nous donnez encore une opportunité, nous pourrons faire mieux. L’autre peut montrer ses principes et valeurs à faire prévaloir pour trouver des solutions aux problèmes de la population une fois élu ».

Chartier Niyungeko considère que les politiques devraient apprendre du passé pour éviter de retomber dans le piège. En effet, « l’histoire nous montre qu’il y a des erreurs qui ont été commises et qui ont conduit à des souffrances et des malheurs qu’a connus notre pays ».

Il indique que tous les leaders politiques doivent montrer comment ils vont faire quitter le pays d’un point x vers un point y. Il les appelle à s’asseoir ensemble pour tracer une ligne de conduite à respecter. « Le pays est notre bien commun. Aucun Burundais ne devrait s’exiler ou être endeuillé à cause des mots violents et agissements des politiques », conclut-il.

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