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Nuages sur le couple ADC-Rwasa

05/05/2013 Commentaires fermés sur Nuages sur le couple ADC-Rwasa

Agathon Rwasa n’est pas en bons termes avec l’ADC Ikibiri. C’est un secret de polichinelle. Les leaders de la coalition minimisent le différend et, le cas échéant, assurent pouvoir continuer la lutte politique sans le FNL. Le divorce n’est pas encore prononcé mais le couple traverse des turbulences.

<doc5339|left>Septembre 2012. Comme il a l’habitude de le faire quand l’occasion se présente, Agathon Rwasa écrit à ses fidèles. Il estime que les temps sont durs et que les signaux sont au rouge.

D’abord parce que le pouvoir de Bujumbura continue de persécuter ses membres. Ensuite, parce que certains « déviants » de son parti, pour protéger leurs intérêts, trahissent et condamnent leurs compagnons de lutte. « Un tel comportement n’est pas digne des Banarimwe», rappelle l’ancien chef rebelle, en exhortant ceux qui lui sont restés fidèles à être courageux. « Le jour viendra où nous essuierons les larmes et jouirons des merveilles de ce pays». Enfin, parce que l’ADC Ikibiri, une coalition dont Agathon Rwasa fait partie (jusqu’à preuve du contraire, ndlr), l’a quelque part trahi.

Agathon Rwasa appelle ses fidèles à se méfier des manœuvres obscures et des pièges tendus par cette coalition. Les griefs que portent ce leader en exil contre la direction de l’alliance sont la participation de l’ADC-Ikibiri dans la mise en place de la Commission Électorale Nationale Indépendante pour les élections de 2015 et celle à la réunion de Caux en Suisse, en juin 2012. Il aura été marqué par la visite des responsables des partis regroupés au sein de l’ADC à Caux (Suisse), où certains organes ont été mis en place sans qu’il soit consulté.

Agathon Rwasa estime que, dans les négociations pour la mise en place de la nouvelle CENI, Léonce Ngendakumana défend les intérêts du Frodebu, et non de l’ADC-Ikibiri. Quant à la conférence de Caux, M. Rwasa s’indigne  que des nouveaux organes de l’ADC aient été décidés sans qu’il ait été invité: « Ils ont même menti qu’ils m’ont cherché partout en vain. J’ai dû l’apprendre par la voix des ondes. » Rappelons que, le 19 septembre dernier, Aimé Magera, porte-parole du FNL d’Agathon Rwasa, avait brandi la menace d’un retrait du FNL de Rwasa de l’alliance si ce comportement devait perdurer.

<doc5343|left>Un FNL nécessaire, mais pas indispensable …

Menace que ne craint pas Léonce Ngendakumana. Dans l’émission Kabizi du 20 septembre, sur la RPA, le président du Frodebu et président en exercice de la coalition ADC-IKIBIRI a reconnu que le départ du FNL peut causer des problèmes, sans toutefois arrêter le combat politique entrepris par l’alliance.
A Caux, d’après lui, les membres de l’ADC invités ont évalué les activités de l’alliance et décidé certains changements dans l’alliance, et surtout de participer aux élections de 2015. Mais ces changements, notamment dans les organes dirigeants de l’ADC, n’ont toujours pas eu lieu. Léonce Ngendakumana indique que d’autres consultations auront lieu.

Quant à la mise en place de la CENI, selon M. Ngendakumana, l’ADC y a participé pour être présent dans le processus électoral dès le début. Il n’a pas oublié de mentionner que la restitution de la direction de certains partis à leurs dirigeants légitimes est une condition préalable à cette participation.

<doc5342|right>Une ADC plutôt unie …

Les déclarations d’Agathon Rwasa et de son porte-parole n’ont pas manqué de jeter des doutes quant à l’unité de l’ADC-Ikibiri et sa survie, le FNL étant perçu comme le membre le plus costaud de l’alliance. Cependant, ses autres membres, calmes et conciliants, n’ont jamais été plus confiants.
Chevineau Mugwengezo, porte-parole de l’ADC-Ikibiri et président de l’UPD (non reconnu par le ministère de l’Intérieur) trouve fondées les inquiétudes d’Agathon Rwasa : « Il a raison de s’inquiéter, pas sur la façon dont fonctionne l’ADC-Ikibiri, mais sur cette fuite en avant du pouvoir pour mettre en place la nouvelle équipe de la CENI. »

Au sujet des réunions, Chevineau Mugwengezo soutient que l’alliance n’a jamais rien fait sans lui. Ainsi, donne-t-il comme exemple, après Caux, il a été convenu que le poste de vice-président de l’ADC est nécessaire, mais il n’a pas encore été mis en place parce que les autres membres attendent que Rwasa se prononce. M. Mugwengezo tient d’ailleurs à souligner que le FNL d’Agathon Rwasa a été invité à la rencontre de Caux puisque, indique-t-il, les organisateurs ont rencontré à Bruxelles, pendant deux heures, Aimé Magera et Alfred Bagaya. Respectivement porte-parole et vice-président du FNL d’Agathon Rwasa.
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[ADC – FNL : une stratégie de visibilité->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article3779]
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… et compréhensive

<doc5341|left>Sans faire de commentaire sur le grief qui opposerait Rwasa au Frodebu, comme le leader en exil l’a mentionné dans sa dernière correspondance, M. Mugwengezo souligne cependant qu’il ne les a pas empêché d’être ensemble dans l’alliance. Pour lui, il est compréhensible que le pouvoir s’adresse à Léonce Ngendakumana, puisqu’il est le président de l’alliance : «Même si Rwasa était ici, il serait illogique que le pouvoir s’adresse à lui. Nous voulons que le FNL reste dans l’alliance et nous œuvrons dans ce sens. Cependant son départ, quoique regrettable, ne nous empêcherait pas d’avancer. »

Cependant, pour le secrétaire général du MSD, Me François Nyamoya, la réaction d’Agathon Rwasa n’est pas fondée : « C’est le fruit de l’éloignement. Il ne peut pas apprécier certaines choses à leur juste valeur. » Lui aussi rappelle que l’ADC-Ikibiri a désigné Léonce Ngendakumana comme son président, et que le confondre avec le président du Frodebu est une mauvaise appréciation.
Me Nyamoya reconnaît également que le FNL est un membre important de l’alliance, mais que son départ n’aurait pas de conséquences irréversibles pour l’ADC-Ikibiri.
Le secrétaire général du MSD met cette situation au sein de l’ADC à l’actif du pouvoir qui continue ses manœuvres pour fragiliser l’opposition.

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