Vendredi 22 novembre 2024

Editorial

Ntega – Marangara : la rupture (un numéro expectionnel d’Iwacu)

26/11/2013 31

Antoine KaburaheNotre histoire est jalonnée de dates marquées en lettres de sang : 1965, 1969, 1972, 1988, 1993… Dans cette édition, comme nous l’avons déjà fait par le passé, avec notamment un numéro spécial sur 1972, et comme nous le ferons pour d’autres moments clés de notre histoire récente, nous revisitons ce tournant qui débute dans ces deux communes du nord du pays qui vont accéder pour un temps à la notoriété internationale. Car Ntega-Marangara a bien été un tournant. En effet, en raison de leur ampleur, les massacres interethniques qui s’y déroulèrent ont été un signal d’alarme -heureusement compris- que des conflagrations plus larges étaient potentiellement possibles. Pierre Buyoya s’est alors lancé dans une politique hardie d’ouverture par rapport à la gestion passée.

Par le rappel des faits, à travers les témoignages de quelques acteurs, nous voulons donner quelques clés pour comprendre comment la tragédie de Ntega-Marangara est devenue le point de départ d’un long processus de transition politique.

L’enseignement essentiel de l’enquête menée à Ntega et Marangara est que les souvenirs sont toujours là, rien n’est oublié, et ce sont les jeunes qui sont devenus les dépositaires des codes de conduite à suivre vis-à-vis des voisins voire des « ennemis ». Cela est grave et ce n’est pas le fait de cohabiter dans un quasi parti unique qui génère de la réconciliation, pas même l’oubli.

Ce constat interpelle les autorités politiques et morales, le clivage ethnique est toujours là, sous-jacent, et il faut des gestes, voire une politique qui permettent aux jeunes générations d’accéder au moins à des vérités assumées et dites localement sur les drames passés, et exposées publiquement dans leur diversité.
Tel est le message que voudrait transmettre ce numéro dans lequel quelques uns des acteurs ou témoins directs ont bien voulu s’exprimer en revenant sur la rupture de Ntega-Marangara. C’est notre modeste contribution à ce devoir de mémoire.

Je les remercie donc tous de bien avoir voulu livrer ici leur témoignage et leur vérité sans prétendre pour autant qu’elle est exclusive.

Forum des lecteurs d'Iwacu

31 réactions
  1. Patience

    Ntega – Marangara est aussi l’appui du president Havyarimana aux hutus burundais face a un jeune inexperimente officier tutsi (ou suppose l’etre…) burundais devenu soudenaiment President sans l’avoir demande ou milite pour l’etre (resultat d’un puch des caporaux…)! Les services secrets burundais etaient incompetents, mais des signes qui ne trompaient pas etaient la. President Bagaza maltraitait et menacait tellement Havyarimana que ce dernier ne pouvait pas rater a une telle occasion de vengence… Non seulement Havyarimana a tout prepare avec le Palipehutu, mais aussi il a d’abord pris soin d’inviter certains medias defendant la cause hutue. Savez-vous que les journalistes etrangers ont ete permis d’aller au lieu du drame juste depuis le rwanda quand l’armee furieuse etait arrivee? Cette derniere n’a rien compris et s’est fait avoir! Elle signa le debut de sa fin sans le savoir… Si Buyoya etait politiquement mure, il aurait pu facilement sauver la vie des burundais (toutes ethnies) morts lors de cette folie.

  2. Kayondi

    Monsieur karabinjiranye,pour te dire que Blaise compaoure avait eu la chance d,atterrir sur l,aéroport de bujumbura pour se ravitailler parce qu,il avait disons fuit son pays,presque tout les pays avaient refusé de le ravitaille ,c,est buyoya qui avait accepté de l,accueillir en attendant que la situation du putsch se normalise et qu,il puisse y retourner,c,était ça ,pour ntega marangara ,je veux bien que les Hutus chantent qu,ils ont été massacrer en 72,mais au moins qu,ils acceptent que à ntega et marangara ,ceux eux qui massacraient les tutsis,,,,

    • Ntare

      @Kayondi
      «je veux bien que les Hutus chantent qu’ils ont été massacrer en 72»

      Et quand les tutsis évoquent la mort des leurs puisqu’ils ont été aussi éprouvés, diras-tu qu’ils fredonnent, gazouillent, roucoulent ou quoi? Mbega ko imvugo yawe umengo ari nk’iy’abungere bo mu mugamba? En tout cas, c’est un style de langage qui ne sied pas du tout à un murundi w’indero. Courage, si cela t’apporte la Paix intérieure!…

  3. muti

    La pure vérité est que le génocide de 1988 est dirigé contre les Tutsi. Si c’est cela que vous appelez détestation, alors soit. Il n ya que ceux qui massacrent les autres qui leur dénient leurs droits élémentaires. Que feriez vous si vous étiez en 1988 ou alors le 22 octobre 1993. ?

  4. cnd

    J’avais 9 ans à cet époque. Il est étonnant qu’un mois avant Ntega Marangara, on voyait partout où on passait des militaires enfuient sous les herbes et les branches des arbres et c’était de même avec les véhicules blindés. Ils quittaient chaque matin Ngozi pour passer toute la journée dans la commune Gashikanwa. Les canaux des blindés tournaient dans tous les sens. Des crépitements d’armes à feu étaient entendu partout tendis que les soldats comme les adultes nous tranquillisaient en nous disant que c’étaient des militaires qui faisaient des entrainements ( Ntimutinye bari muri manevure kandi nibabaza aho umusoda yinyegeje ntimuvuge kuko bobakubita). On s’amusait même à s’entasser tout près des soldats pour bénéficier des casseroles remplient de la nourriture qui restait après le repas de midi. Mais voila un ou deux mois après on voyait des colonnes des mêmes blindés et camions remplient des soldats cette fois ci pour se diriger vers Ntega Marangara. Des avions de guerre faisaient des navettes tous les jours et se dirigeaient vers les mêmes communes. Les autorités administratives et peut être avec les soldats passaient chaque nuit tout près de chez nous pour surveiller les mouvements des populations. Et gare à toi si tu es rattrapé la nuit et que tu viens de ta rapatrier de la Tanzanie ou du Rwanda , le cadavre pouvait être trouvé dans une autre commune. Et comme ça on dira que Ntega Marangara était un simple soulèvement de quelque hutus contre les tutsi….

    • eric

      De la ligne 13,Mr Cnd pourquoi vous utilisez le mot « et peut être avec les soldats ».N’est vous pas sûr de ce que vous nous parlez? Et il faut remplacer le « on « par le « je » comme vous l’aviez fait en commençant.Là c’est mieux!!!

  5. cnd

    J’avais 9 ans à cet époque. Il est étonnant qu’un mois avant Ntega Marangara, on voyait partout où on passait des militaires enfuient sous les herbes et les branches des arbres et c’était de même avec les véhicules blindés. Ils quittaient chaque matin Ngozi pour passer toute la journée dans la commune Gashikanwa. Les canaux des blindés tournaient dans tous les sens. Des crépitements d’armes à feu étaient entendu partout tendis que les soldats comme les adultes nous tranquillisaient en nous disant que c’étaient des militaires qui faisaient des entrainements ( Ntimutinye bari muri manevure kandi nibabaza aho umusoda yinyegeje ntimuvuge kuko bobakubita). On s’amusait même à s’entasser tout près des soldats pour bénéficier des casseroles remplient de la nourriture qui restait après le repas de midi. Mais voila un ou deux après on voyait des colonnes des mêmes blindés et camions remplient des soldats cette fois ci pour se diriger vers Ntega Marangara. Des avions de guerre faisaient des navettes tous les jours et se dirigeaient vers les mêmes communes. Les autorités administratives et peut être avec les soldats passaient chaque nuit tout près de chez nous pour surveiller les mouvements des populations. Et gare à toi si tu es rattrapé la nuit et que tu viens de ta rapatrier de la Tanzanie ou du Rwanda , le cadavre pouvait être trouvé dans une commune. Et comme ça on dira que Ntega Marangara était un simple soulèvement de quelque hutus contre les tutsi….

  6. Anonyme

    1988 comme 1972, certains cadres hutus, civilisés, instruits ou commerçants savaient très bien ce qui était entrain de se préparer. Comment expliquer la présence des bidons d’essence chez des paysans ou petits commerçants hutus n’ayant même pas un vélo? Aussi la plupart des hutus avaient acheté des machettes neuves bien aiguisées. Il faut qu’ils osent dire la vérité!

    • Maso

      Et la légitime défense vous dit quoi, Mushingantahe Anonyme? Et pourquoi en 2005 sous Nkurunziza, on a évité les mêmes erreurs? N’auraient-ils pas pu se passer d’un 2è président hutu élu démocratiquement pour rasseoir le nième Buyoya au siège suprême du Pays? Bari babizi nyene, et à un certain moment donné, il faut passer à l’auto-défense.

    • Ntirampeba

      Anonyme, peux-tu nous fournir au moins la liste des noms dont tu pourrais te souvenir des paysans et petits commerçants hutus qui gardaient des bidons d’essence et des machettes neuves bien aiguisées chez eux en 1972 et 1988? Et qu’en est-il alors de ces centaines de milliers de vicitmes innocentes burundaises, à majorité hutu étonnamment, massacrées pendant 4 décennies successives par les régimes upronistes en place et sous l’oeil complice des tutsis qui n’ont absolument rien fait pour dissuader ces tueries ethniques ignobles qui ne visaient en principe que le hutu?

  7. Ngabo

    Mushingantahe Kaburahe, bavuze témoignages sur les génocides et tueries ethniques du Burundi, muze muradushirirako ceux dont nous sommes capables de décoder de nos égaux ou compères banyagihugu. Izo zitangwa na la haute autorité muze murarungika kwa Mme Kazoviyo Gertrude et consorts, kuko nibo qui puissent au moins comprendre mieux cette xyloglossie, discours et témoignages complètement coupés de la réalité des faits et complots opérés à Ntenga-Marangara de 1988!

    • Backary

      Je te soutiens sur toute la ligne!!!!

  8. ali

    Ko murabagabo muze musubire mukore iyindi ntega malangara niho nzobemera komugifisigisoda mwakangisha NGO kirarura agateka aho kamye

  9. muti

    Que signifie massacres interethniques? Littéral ement ce seraient des tutsi qui tuent des hutu et vis versa.ceci voudrait dire qu6 il y avait un équilibre de forces entre 85.% et 15% de la population. C est tout simplement une autre négation du génocide perpétré contre les tutsi.Le même discours est donné par certains hauts officiers de l armée d alors pour explique r pourquoi ils ont laissé massacrer des tutsi.Eux ils expliquent qu il s ne pouvaient pas distingue r la victime du bourreau. Trop facile non!

    • Backary

      @muti
      « Que signifie massacres interethniques? Littéral ement ce seraient des tutsi qui tuent des hutu et vis versa.ceci voudrait dire qu6 il y avait un équilibre de forces entre 85.% et 15% de la population. »

      Je trouve aussi qu’on brouille les choses en parlant de tueries interéthniques, alors qu’il s’agit d’un face à face entre une armée mono éthnique armée jusqu’aux dents et utilisant les moyens du pays et une population hutue sans aucun moyen de défense! Il s’agit effectivement de génocide mais pas contre ceux dont vous parlez mais plutôt contre les autres que vous détestez tant et auxquels vous déniez les droits même les plus élémentaires!

  10. Muhirwe

    Ce numéro est vraiment spécial.
    Mbonimpa et Ngeze pourraient nous dire la vérité!

  11. Gondwanais Lamda

    Merci Iwacu, la réconciliation commence par assumer notre histoire à tous.

  12. saleh

    Iwacu Go on.You are the best!

  13. Twikebuke

    Toute la famille Reveliano commerçant à Ntega a été jette dans la latrie

  14. Jean-Pierre Ayuhu

    M. Kaburahe,
    J’ai vecu Ntega et Marangara en live.
    A l’université du Burundi, tout à commencer trop tôt. En Mars, Blaise Compaoré a transité à Buja et du coup ce fut la panique au Campus car le Hutu Blaise assassin de Sankara le Tutsi, était là pour donner un coup de main aux Hutu. Ce fut la nuit blanche au Campus. Et puis les rumeurs se sont enchainés, jusqu’au 29 avril avec cette fameuse « kwasa kwasa ». C’était qoui au juste, soirée des étudiants organisée par le conglomérat ASSER/JRR. La finalité était de casser du Hutu. Ce 29 avril, tout les Hutu savait et personne n y a été…Ntega et Marangara ne fut que l’aboutissement d’une pourriture de situation ssavament orchestré tout au long de l’année 88.

    • Que signifiait le mot Kwasa kwasa, Monsieur. Serait-ce un autre code pour signifier les bahutu? en tout cas, quelle que soit la signification, il n’y a aucune raison d’y mêler ces burkinabès qui n’ont rien à voir avec les histoires de hutu et tutsi inventées et orchestrées depuis Bruxelles et les autres capitales occidentales comme Paris, Rome ou même Berlin. Seulement ce que je sais c’est que Blaise Compaoré qui venait d’un pays de l’Afrique australe a fait une escale technique à Bujumbura et n’aurait même pas été accueilli par les autorités burundaises. Ce qui nous affligeait à l’époque c’était l’assassinat de Thomas Sankara que nous considérions comme un grand révolutionnaire qui n’a jamais eu d’égal à Bujumbura. Les autorités de Bujumbura ne l’ont pas accueilli de peur de s’attirer la fureur de la jeunesse qui aimait tant ce jeune révolutionnaire.
      Quant aux sévisses subies par les jeunes hutu, elles sont à déplorer, mais certainement qu’à cette époque les étudiants hutu étaient informés des préparatifs de Ntega et Marangara qui visiblement devrait se déclencher le 29 Avril 1988, date que certains hutu considèrent comme une date symbolisant les massacres de 1972. Sinon pourquoi cette tension s’est produite à cette date? Est-ce le fait du hasard? A-t-elle été déclenchée par les tutsi ou les hutu? J’attends la réponse.

  15. Bigirimana

    Moi je veux payer pour ce document, mais sur la liste des Pays où on peut payer avec PAY PAL, le Burundi n’ y est pas. Je suis decu

    • Bonjour. Non ça marche bien, le compte est ouvert dans une banque belge.

      • MAYUGI

        Merci cher enfant de BIRIHE, SVP, enquêtez aussi sur les victimes de Busangana à Bukeye en 1965.

        • MAYUGI

          C’est Birohe et non Birihe

  16. Kazoviyo Parfait

    Monsieur le journaliste, je voudrais juste avoir des eclaircissements sur la photo ou des paysans puisent d’un camion militaire: S’agit il de l’eau ou de l’essence. Apparemment c’est de l’eau et avec cela je ne vois pas en quoi ca cadre avec la rupture.
    Si c’est del’essence cad que les paysans auraient capture une citerne a Ntega et se sert paisiblement, bravo pour la photo et chapeau aux revolutionnaires de Ntega.
    Quant a l’ethnisme qui serait tpoujours present dans l’esprit des gens il ne peut en etre autrement. Il a fait tellement de degats dans le coeur des burundais que la cicatrisation prendra du temps.
    Meme en Afrique du sud ou la justice sociale et l’etat de droit ne font pas defaut, il existe toujours des restaurants ou des lieux mono raciaux des deux cotes blanc et noir. Car la transformation des sentiments et la transcendance des prejuges ne se decretent pas ou ne se negocient pas. C’est donc avec le temps qu’on apprend a connaitre que l’autre n’est pas mauvais. A condition aussi que la justice sociale regne. Faute de quoi n’importe quel politique en mal de strategie l’exploitera pour tirer les marons du feu.

    • Coldman'Zi

      Urakenuye Kazoviyo Parfait. Kaburahe Antoine sinzi ingene ameze ! Imodoka y’igisirikare catikij’abantu i Ntega-Marangara isigaye igereranywa n’inka ikamwa. Me ….. »Ugutuka ntagutorera ». Mushingantahe Kaburahe, ubwoko bwishe n’ubwishwe ntubiyobewe. Ushatse urabaza Buyoya Pierre.

      • MAYUGI

        « Imodoka y’igisirikare catikij’abantu i Ntega-Marangara »

        Chaque fois que les militaires intervenaient pour empêcher les tueries les hutu criaient que ce sont les militaires qui étaient en train de tuer les gens !! Tuzobana, même les juifs baracariho les nazis badya umusaya.

  17. Anonyme

    Rappelze moi les différents points de vente svp! je vais faire mes commentaires après avoir lu tout le magazine.

  18. Karikera

    Bonjour cher amis du Journal Iwacu,
    Vous indiquez les prix de ce numero special pour ceux qui sont a l’etranger, et pour ceux qui sont au Burundi quel est le prix? Est-ce que nous allons en trouver dans les endroits habituels? Merci de votre reponse svp!

  19. PCE

    Mr Kaburahe ? Et aujourd’hui ou en sommes nous avec ce parti qui veut bricoler la constitution? C’ est à mon avis le moment le plus critique de la nation burundaise en tant que nation si le parti Nkurunziza parvient à modifier lui seul la constitution. Rien ne peut être comme avant lorsque les régimes militaires abusaient de nous .
    De plus Nkurunziza a eu une occasion en or pour pouvoir enterrer la hache de guerre au Burundi , il est entrain de passer à coté. Comme disait Mr Mbonimpa à Buyoya ,  » c’ est grave Mr Le président » .Il me rappelle dans un situation moins grave Chirac en face du parti de Lepen au cours de second tour des élections présidentielles en France : il a eu une occasion de faire disparaitre à jamais ce parti extrêmiste , il n’ en a rien fait . Dommage .

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