Le tout premier film d’animation burundais retrace l’origine du premier roi du Burundi, Ntare Rushatsi. A la découverte de ce court métrage « réussi», signé Florian Nifasha.
Des personnages dessinés, dans une tenue purement traditionnelle, un mélange de langues anglaise et kirundi sous-titrées en français, des voies empruntées aux jeunes acteurs burundais… C’est sur fond de l’instrument traditionnel « Inanga » que les premières images de « Ntare Rushatsi », the lion and the sheep » (le lion et le mouton) nous font remonter le temps jusqu’au 17e siècle.
Les 20 minutes que dure ce court métrage animé sont consacrés à la version de Buha (Tanzanie actuelle), la plus connue parmi les deux principales versions de l’origine du premier roi.
Réalisé sous un ton humoristique, ce film d’animation, principalement en anglais, garde certains mots en kirundi pour leur caractère sacré à l’époque : Kiranga (l’intermédiaire entre Dieu et les Burundais), Umwami (roi), Ingoma (tambour)…
Florian Nifasha, 30 ans, se dit extrêmement fier de son œuvre qui lui a pris 9 mois. Ce n’est pas sa première signature. Il dit avoir réalisé une dizaine d’autres films d’animation, mais jamais montré au public de par leur mauvaise facture.
Ce jeune entrepreneur parle d’un dessin animé tout public grâce au fond. « Un test fait avant le lancement de cette vidéo a montré que les enfants étaient moins intéressés par le film, ne comprenant rien à l’histoire, contrairement aux adultes. »
Le fruit d’un jeune épris par le dessin
Passionné par le dessin depuis son enfance, Florian réalise sa première bande dessinée à 12 ans. Un souvenir « tout rigolo ». « J’étais tellement plongé dans les dessins que mes parents m’ont fait consulter un psychologue».
L’idée de réaliser des films d’animation lui vient après ses humanités en 2010. « Je rêvais de voir mes dessins bouger, parler… » C’est en rentrant de l’Inde, en 2015, où il venait de faire l’université dans une filière cinématographique, qu’il se lance dans cette aventure.
Après une dizaine d’essai-erreurs, il vient enfin de réaliser un film d’animation « qui répond à ses attentes ». Il a été porté devant le grand public, le 29 août dernier.
D’après le réalisateur, l’idée de travailler sur l’histoire du Burundi naît d’un souci d’informer le public sur le passé du Burundi. « C’est dommage de ne trouver sur Wikipédia que quelques lignes sur l’origine du premier roi du Burundi».
Des éloges fusent de la part de quelques personnes qui ont regardé ce film d’animation, surtout sur sa forme. Quant au fond, un consultant qui s’intéresse à l’histoire du Burundi évoque un manque de recherches approfondies sur l’origine du premier roi du Burundi. Il parle d’un contenu qui prête à confusion pour des Burundais qui ignorent tout sur leur histoire. « Il fallait associer les chercheurs historiens et ne pas se fier sur ce que l’on a étudié en classe seulement».
Sur la critique que le film est en anglais et pas en kirundi, Florian rétorque qu’il compte le vendre à l’étranger.