Des travaux d’aménagements inachevés, des constructions anarchiques, des menaces en amont… Quelques facteurs exposant les localités de la commune Ntahangwa aux catastrophes naturelles.
Le spectre des inondations, des éboulements plane encore sur Winterekwa, zone Gihosha, Buterere, Carama, etc. Une situation qui inquiète la police de la protection civile. « Winterekwa se trouve dans une zone surplombée par une montagne dénudée. Et là, des maisons y sont construites. Ainsi, les eaux de ruissellement s’écoulent rapidement avec des masses de terre », analyse Anicet Nibaruta, directeur général adjoint de la police de la protection civile. Ces sédiments s’entassent dans les canaux d’évacuation des eaux. Les caniveaux étant bouchés, l’eau déborde et envahit les maisons, les artères. « Il y a donc un problème de viabilisation dans cette localité».
Carama n’est pas épargné. « Le bassin d’écrêtement ne sert plus à grand-chose. Il n’est pas entretenu». Il est rempli d’importantes quantités de boue. Pas de curage. Ses murs présentent des fissures. En cas de fortes pluies, l’eau déborde et envahit l’avenue séparant Gahahe et Carama et les habitations. La circulation est paralysée.
A Buterere, M.Nibaruta situe le problème à trois niveaux. Le premier se trouve sur la rivière Mutimbuzi. Les cultivateurs détruisent ses berges, explique-t-il, tandis que d’autres en extraient des matériaux de construction. « Toutes ces activités fragilisent les rives. A un moment donné, elles cèdent et laissent passer les eaux qui envahissent les champs, les maisons. »
Le deuxième réside dans les aménagements inachevés. Lors des travaux de pavage de Kinama et Kamenge, les courbes d’évacuation d’eau n’ont pas été achevées. Idem pour la canalisation de la rivière Nyabagere. « Les travaux se sont arrêtés aux environs des stations d’épuration des eaux usées de Buterere. Or, les eaux devraient être acheminées jusqu’au lac Tanganyika. » Une situation similaire sur la rivière Gasenyi.
La police alerte
Le dernier concerne les conséquences. M.Nibaruta fait savoir que toutes ces eaux se jettent dans la rivière Kinyankonge II. Ce qui entraîne des crues, des débordements et les inondations de Buterere. Et d’interpeller : « Nous demandons au ministère des Travaux publics de se mettre à l’œuvre pour que ces aménagements puissent être faits et finalisés afin que la population de Buterere soit mise à l’abri de ces inondations».
En matière de prévention des catastrophes, il souligne que l’administration et la population doivent aussi s’impliquer. « Il faut que les administratifs à la base empêchent les agriculteurs de menacer les rives des rivières, surveillent l’extraction de matériaux de construction, etc ».
Du côté des habitants de Winterekwa et Nyabagere, zone Gihosha, la peur se lit sur les visages des habitants. Et ce, après les intempéries dans la nuit du 21 décembre 2019 avec un bilan de 15 morts et 45 blessés, 114 maisons complètement ou partiellement détruites et 132 sont inondées. « C’est devenu très difficile de vivre ici », raconte Isidore, un homme de la localité.
Quant aux déplacés, c’est le désespoir. « Nous avons appris que nous allons être casés dans des tentes dans un terrain de l’archidiocèse de Bujumbura à Winterekwa », confie un déplacé. Et de faire part de son inquiétude : « Qu’en est-il de nos maisons balayées par les courants d’eau ? Qui va nous indemniser ? Allons-nous terminer nos vies dans ce site ? » Ces sinistrés de Winterekwa viennent de 101 ménages, dont 20 propriétaires et 81 locataires.