Travaux de la stabilisation de ses berges arrêtés, infrastructures détruites, les riverains de cette rivière sont inquiets et ne savent plus à quel saint se vouer.
Situation effrayante à Kigobe-sud, zone Gihosha, commune Ntahangwa. Avec l’arrêt des travaux de stabilisation des rives de cette rivière, il y a trois mois, le ravin s’agrandit, jour après jour. Des maisons sont au point de s’écrouler. Pris de panique, certains occupants ont déjà vidé les lieux, d’autres attendent impuissants, l’issue fatale.
« Nous sommes désespérés. Nous espérions que nos maisons seraient sauvées. Et voilà, tout est arrêté », déplore un habitant de Kigobe. Abattu, il craint déjà le pire. « Pas de doute, elles finiront par tomber. Le gouvernement n’est pas finalement capable de nous protéger ».
Idem pour Gaspard, un autre habitant du quartier: « Je ne sais plus quoi dire. Nous avions contracté des crédits. Certains n’ont pas encore terminé le remboursement ». Et de s’interroger : « Où allons-nous caser nos familles ? »
Sur le chantier, pas d’activités. Depuis juillet 2017, seuls quelques gabions ont été installés. La partie de l’avenue Mikarakara, partiellement réhabilitée, s’est affaissée.
Le matériel (les bulldozers, les camions …) a été déjà retiré. Côté Nyakabiga, seulement, deux citernes de la société Interpetrol qui servaient d’approvisionnement du carburant sont encore là.
A Mugoboka, les riverains attendent toujours désespérément le début des travaux. Entretemps, le grand ravin s’approche dangereusement des maisons. Certains murs présentent déjà des fissures et quelques familles ont déménagé.
A quand la reprise ?
« Il y a eu une sous-estimation du coût des travaux », avoue un agent de l’entreprise SYTECORE (Système technique de construction et de réhabilitation), maître d’ouvrage. Et de préciser qu’à un certain moment, cette entreprise s’est retrouvée incapable de réaliser ces travaux : « Le gouvernement n’a pas mis à notre disposition tout le matériel nécessaire comme promis ». Ainsi, le contrat a expiré.
Pour le moment, cette entreprise attend la signature d’un autre contrat pour relancer les travaux.
« Personnellement, je commence à m’inquiéter très profondément de l’arrêt de ces travaux », lâche Jean-Marie Sabushimike, géographe et expert en gestion de catastrophes. Il évoque un problème de planification. « Une preuve que dans l’avenir, il y aura un blocage total qui risque de compromettre les efforts du gouvernement en matière de gestion des catastrophes ». Et dans ces conditions, le coût de l’inaction sera extrêmement grave.
Par ailleurs, cet expert signale que d’autres coins sont menacés par cette rivière. Le cas de Nyakabiga où des écoles, des routes, … sont sur le point de s’effondrer.
Est-ce un problème de moyens financiers ? M. Sabushimike n’y croit pas : « Les Burundais n’ont pas seulement la culture du risque. Il faut recourir à la coopération internationale et régionale. Sinon, les dégâts vont se poursuivre ».
Nous avons essayé d’avoir l’avis de la direction de l’urbanisme, en vain.
Ces travaux avaient été lancés en juillet 2017 pour trois mois. Le coût était estimé à 4 milliards Fbu. En plus de la fourniture du matériel et un appui technique, la part gouvernementale était de 1,5 milliards Fbu. L’autre partie devait venir du GEF (Global environment facility) et le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD).
Ils consistaient à ériger des gabions, des murs de soutènement des berges, des escaliers en bétons armés pour diminuer la pression de l’eau.