Limitation de la vitesse, contrôle technique, immatriculation, le nouveau code de la route qui remplace celui de 1958 est très sévère. Mais, l’association des transporteurs pointe quelques inconvénients.
<doc6747|right>En vigueur depuis fin 2012 (même si, peut-être, vous ne le constatez pas), le nouveau code tient compte tout d’abord de l’environnement, comme l’indique Edouard Nyandwi, conseiller au ministère en charge du Transport, secteur routier : « L’importation des véhicules usagés qui dégagent des fumées nuisibles pour la santé environnementale est bannie par le nouveau code. Si quelqu’un importe un véhicule vieux de plus de 10 ans, il paiera nécessairement une amende de 1.500.000 Fbu en retour », explique-t-il.
Le système d’immatriculation va également changer avec le nouveau code. Il sera centralisé au niveau du ministère des finances, alors qu’avant ce système était éparpillé. Ainsi, « le ministère des transports ne pouvait pas maîtriser les données du parc automobile national.»
Le contrôle technique est désormais obligatoire. Et, l’usage du téléphone au volant sera sanctionné par une amende de 50.000 Fbu, d’après toujours le conseiller.
Le transport à moto et vélo est aussi réglementé. Par exemple, le cycliste doit avoir un gilet à couleur rétro-réfléchissante et son vélo doit avoir des phares complets et fonctionnels.
Le nouveau code de la route s’attaque à l’excès de vitesse par une amende de 50.000 Fbu. La vitesse limite est de 100km/h à l’intérieur, tandis que dans les agglomérations urbaines, elle passe à 50km/h.
En outre, d’autres réglementations concernant la détermination des dimensions du véhicule par rapport à son chargement, le découragement de l’alcoolisme pour les conducteurs, … sont instaurées.
Des pénalités …
Des sanctions sont prévues dans le nouveau code en vue de faire respecter les différentes dispositions. Pour la non-possession d’un certificat de contrôle technique, le code prévoit une amende de 10.000 Fbu, 15.000, 20.000 et 100.000 Fbu pour respectivement une moto de promenade, un taxi-moto, un véhicule de tourisme, et un véhicule de transport en commun. Du reste, le dépassement du seuil de 80 mg d’alcool par 100 ml de sang est puni par 50.000Fbu.
Une référence aux autres codes de la route de l’EAC
Le nouveau code de la route est en harmonie avec les autres codes appliqués dans les pays de l’EAC, d’après le conseiller. Au niveau de l’immatriculation, il parle de la référence aux couleurs, aux dimensions, aux chiffres et aux symboles des plaques des automobiles des pays membres de l’EAC. L’interdiction des véhicules usagés est une autre forme d’harmonisation. D’après lui, dans presque toute l’EAC, le processus est en cours.
Harmonisation aussi pour les dimensions des véhicules avec leur chargement. M. Nyandwi assure que le poids maximal autorisé est passé de 53 tonnes à 56 tonnes : « C’est le poids maximum pour 7 essieux au niveau de l’EAC. Et le dépassement de ce chargement est sanctionné par une amende de 100. 000Fbu dans notre code. »
Divergence de vues dans sa mise en application
L’Association des Transporteurs du Burundi (Atrabu) est en désaccord avec certains articles du nouveau code. Le président de cette association, Déogratias Ntakarutimana explique : « L’article 529 stipule que le cas d’un véhicule ayant des problèmes de freinage est puni avec une amende de 200.000 Fbu. Ce montant est trop élevé. Combien de Burundais peuvent avoir cet argent dans un contexte de paupérisation ? », se désole-t-il. Et de plaindre un conducteur de taxi-vélo qui, s’il est attrapé sans plaque, devra payer 5.000Fbu : « Où va-t-il trouver cet argent avec son versement journalier de 1.000 Fbu ?»
M. Ntakarutimana estime, par ailleurs, que les amendes mises en place pourront encourager la corruption routière car les montants exigés sont « lourds » pour les transporteurs : « Le même code interdit aux voitures main-gauche de circuler. En plus, si l’on considère toutes les pénalités prévues, nous ne pourrons pas continuer à travailler avec nos vieux véhicules », poursuit notre source.
Pour lui, le gouvernement devrait plutôt penser à la détaxation des voitures pour que les gens achètent des neuves. En outre, le président de l’ATRABU fustige le caractère unilatéral dans l’élaboration de ce nouveau code.
« La police s’y prépare »
Du côté de la police, Elie Bizindavyi son porte-parole, indique que son institution est à pied d’œuvre. « Nous sommes en train de vulgariser le code. Nous sensibilisons tous les intervenants dans la mise en application de ce code ». Toutefois, ce porte-parole avoue que la police n’est pas encore suffisamment outillée pour appliquer convenablement ce code : « Nous espérons d’ici peu un soutien technique par la voie de la coopération. »
A ceux qui redoutent une aggravation de la corruption routière, M. Bizindavyi rassure : « Un service d’inspection générale de la sécurité publique est déjà en place pour pouvoir suivre de près le fonctionnement de la police. Et prochainement, nous mettrons en place des numéros verts où tout le monde pourra dénoncer ce qui ne va pas. »