Cher Jean, nous voici pour la deuxième année au pied de ton portrait géant accroché sur un mur au siège du Journal Iwacu, pour nous recueillir. Quelques larmes écrasées sur nos joues, des soupirs d’angoisse, de douleur, … Des cœurs lourds. Des cris, des sanglots étouffés. «Les larmes d’un vrai homme coulent à l’intérieur de son ventre». Sagesse burundaise.
Cher Jean, nous voici réunis en face de ton portait piles pour repenser au sens de notre engagement à informer, penser à ta famille, à Gode, à Don Douglas et à ton cadet, Tim Terry.
Cher Jean, nous voici debout en face de ton portrait. Nous avons formé une haie d’honneur pour réclamer, crier justice, exiger la vérité, nous poser des questions, maudire la brutalité, la violence, la haine, le silence.
Cher Jean, nous voici au pied de ton portait, avec ces quelques messages comme au mur des Lamentations.
…Comme la graine des Écritures, Jean tu es en train de nourrir, d’affermir la foi dans le métier. Ils ont tué un homme, ils ont créé une légende…
…Tu nous manques, cher Jean ! Je regarde souvent ta chaise préférée à la rédaction et je me demande où tu peux être. Et ma question reste sans réponse…
…J’aurais aimé te connaître, ta bravoure et ton professionnalisme que mes collègues racontent. Nous ne t’oublions pas…
…Nous crions, nous « aboyons », à qui veut ou ne veut pas nous entendre. Nous résistons toujours face aux tempêtes et tremblements. Prie donc pour nous. Peu importe, où tu te trouves. Le Bon Dieu te prêtera une oreille attentive…
…J’ai du mal à imaginer ta disparition, ton angoisse quand tu as compris que tout était fini. J’ai du mal à tourner la page. Comment le pourrais-je ?…
… Aujourd’hui je serais heureux de partager avec toi nos deux années de travail commun chez Iwacu. On aurait eu assez de temps pour parler, échanger, sympathiser, recevoir des conseils dans le métier,
…Cela fait plus d’une année que le ciel est sombre au pays des tambours sacrés. Le contrôle du sceptre divise son peuple. Chacun de ses deux fils aînés veut le tenir…
…Je t’écris ce message le cœur plein d’émotions. Ta disparition a été pour nous une épreuve difficile. Tu étais et tu restes une personne chère, appréciée…
…Cher Jean, il n’y a pas de mots pour exprimer à quel point j’ai été pétrifié par ta disparition mystérieuse. Le monde médiatique est toujours bouleversé, sous le choc…
…Ta disparition prématurée et forcée est un déchirement.
Un gros trou béant dans nos cœurs…
…Deux ans d’angoisse, d’interrogations, d’anxiété. Quand j’arrive chaque matin au bureau, je regarde toujours ton portrait et je compte les jours. Une grosse boule m’oppresse dans ma poitrine…
…Le choc de la disparition a fait place à la colère, mais je me suis refusé de plonger dans le désespoir à cause de ton courage, de toujours dire la vérité…
Demain est un autre jour. Cette semaine, que nos lecteurs nous laissent encore pleurer, puis recharger nos batteries.
> Vous pouvez soutenir les enfants de notre collègue en participant à cette campagne : https://www.gofundme.com/pour-les-enfants-de-j-bigirimana