Après les inondations meurtrières du mois de février, des travaux ont été entrepris pour redresser le lit de la rivière Gasenyi en amont. Mais la population estime que les quartiers nord de la capitale ne sont pas à l’abri d’une nouvelle catastrophe.
Les habitants des quartiers du nord de la capitale tirent la sonnette d’alarme : «Bujumbura peut encore se réveiller sous les eaux .Les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets.» Selon les témoignages des extracteurs des matériaux de construction sur la rivière, chez Itonde (7 km de Bujumbura, sur la RN1), la catastrophe de février est venue de l’eau qui a débordé par-dessus les buses obstruées par de grosses pierres.
Aujourd’hui, ils constatent impuissants que malgré les travaux de redressement du lit de la rivière, seul une buse sur trois laisse passer l’eau. « Une situation pire qu’avant la catastrophe », s’inquiète Hatungimana, un habitant qui dit avoir été témoin de la montée des eaux ce jour-là. Si jamais il pleuvait abondamment, il craint que les grosses pierres qui soutiennent la berge de la rivière ne finissent par être emportées par le flot d’eau. Les conséquences seraient alors pires : « La RN1 serait coupée et les quartiers seraient inondés », alerte-t-il.
Aucune solution palliative dans l’immédiat
Un pont à l’image de celui jeté sur la Ntahangwa, c’est ce que réclame la population pour empêcher la réédition de la catastrophe. Le pont serait suffisamment surélevé, ce qui écarterait le risque d’obstruction.
Bien plus, les habitants de Gatunguru et de Carama réclament l’entame des travaux pour la stabilisation du lit principal en aval de la rivière. En effet, le petit ruisseau d’hier, devenu rivière aujourd’hui, s’est frayé tout un réseau de lits secondaires à travers le quartier Gatunguru. Quand il pleut abondamment, le surplus d’eau est déversé sur Carama.
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Prévision saisonnière mars-mai 2014 : Selon l’Institut Géographique du Burundi (Igebu), la pluviométrie saisonnière mars-avril-mai 2014 sera normale avec tendance excédentaire sur la grande partie du Burundi.
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Pour le moment, ni les Services techniques municipaux (Setemu), ni le ministère des travaux publics, ni les bureaux indépendants spécialisés dans le génie civil, aucun service n’est capable de dire que pendant ces deux mois de saison d’intenses pluies, les moyens techniques et financiers seront rassemblés pour l’exécution des travaux que réclame la population.
Entre temps, les habitants de Gatunguru sont traumatisés. Ils indiquent que quand le ciel s’assombrit, ils quittent les maisons pour s’agglutiner aux endroits surélevés. Certains semblent même désespérés. « A quoi bon la distribution des aides qui seraient emportées par le flux des eaux si le lit de la rivière n’est pas stabilisé ? », s’indigne un riverain qui a vu ses cinq enfants noyés dans les eaux lors de la crue de février.