Vendredi 27 décembre 2024

Editorial

Non au « plus jamais ça » qui recommence

28/02/2020 Commentaires fermés sur Non au « plus jamais ça » qui recommence

Encore des morts de trop. A moins de trois mois des élections, on observe une recrudescence des violences dans plusieurs parties du pays. Dans la province de Bujumbura, des affrontements ont opposé ces derniers jours des « criminels armés » aux forces de l’ordre.

Par Léandre Sikuyavuga

Des images choquantes de ces « malfaiteurs », majoritairement jeunes, ont bondé les réseaux sociaux. Vingt-deux d’entre eux ont été tués ainsi que deux policiers, selon le porte-parole de la police. Les correspondants d’Iwacu à l’ouest et au sud du pays brossent aussi un tableau assez sombre de la sécurité. Des personnes non encore identifiées armées de grenades sèment la panique dans la commune Mugina, province Cibitoke. Des gens sont morts, un homme et son épouse sont amputés des jambes sur la colline et zone Ruziba de la même commune. A Bururi, en commune de Matana, des personnes en armes ont tiré sur deux jeunes gens sur la colline Mahango dans la nuit du 24 février. Un corps sans vie a été retrouvé sur la colline Ruzira. La police a procédé à une série d’arrestations pour des raisons d’enquête. Toutefois, certains partis politiques de l’opposition, dont le CNL, dénoncent des arrestations aux relents politiques.

Des observateurs lient ces attaques aux prochaines élections. La période électorale est souvent un moment plein de tensions dues essentiellement aux enjeux politiques immédiats. Pour assouvir leurs intérêts égoïstes, certains politiciens recrutent chez les jeunes, plus malléables psychologiquement, vigoureux physiquement, faciles à mobiliser et instrumentaliser. Chômeurs pour la plupart, ils leur promettent monts et merveilles, un enrichissement rapide et facile pour les dresser les uns contre les autres. La théorie de Jacques Sémelin, dans Purifier et détruire, s’invite et gagne la jeunesse : détruire le « eux » pour sauver le « nous ». La barrière symbolique de la différence demeurant infranchissable, « il » n’a plus rien de commun avec « nous ». Une terrible idéologie à décourager.

Ce qui vient de se passer dans ces localités ci-haut citées est inacceptable. Rien ne peut justifier pour le moment la violence. On ne veut pas ce « plus jamais ça » qui recommence. Le pays a besoin de connaître l’identité de ces « criminels armés » et leur mobile. Les politiques doivent laisser la police et la justice mener des enquêtes neutres et indépendantes. Ils doivent aussi éviter des discours accusateurs. Par contre, ils sont dans le devoir d’inculquer aux jeunes les  bonnes  mœurs démocratiques basées sur la tolérance, la promotion de la paix, le dépassement des logiques ethniques et régionalistes, etc. C’est une condition sine qua non des élections libres, démocratiques, inclusives et apaisées.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.