Invités à s’exprimer sur les discours de haine se basant sur un passé douloureux, les jeunes disent non à la récupération politique de l’histoire en période électorale.
Pascal Ntakirutimana, jeune lauréat de l’université du Burundi, explique que certains politiciens manipulent l’histoire à des fins politiques. « Ils tiennent des discours divisionnistes à des fins politiques surtout pendant le processus électoral. Cela empêche les citoyens de prendre conscience de leur destin commun ».
Pour lui, ce procédé relève d’une forme de diversion. « C’est une façon de dissimuler leur responsabilité dans les malheurs qui ont endeuillé le pays en mettant l’accent sur les méfaits des régimes politiques les ayant précédés au pouvoir », insiste ce bachelier en Science politique.
Même son de cloche du côté de Vénuste Ikizakubuntu, licencié en Sociologie et militant dans un parti d’opposition. Il constate que ces discours deviennent monnaie courante dans les pays ayant connu une histoire ponctuée de violences. « C’est un problème propre aux pays au passé sanglant ».
D’après Vénuste, les politiciens instrumentalisent le passé de leur nation pour conquérir le pouvoir ou le conserver. Ils espèrent par ce biais, gagner un nombre important de partisans. « Les politiciens de l’opposition seront ainsi désignés comme responsables de tous les drames du passé ». Et de déplorer : « Le peuple en ressortira divisé, ce qui est fort dangereux car un peuple désuni est comme une plante sans racine.»
La tolérance, meilleur remède contre l’effusion de sang
Samuel Nkurunziza, étudiant en Master en socio-anthropologie, considère que la manipulation des faits historiques est la marque de fabrique de politiques dépourvus de projet de société. Le faible niveau d’instruction de la population faisant office de catalyseur. « Le taux élevé d’analphabétisme facilite la propagation de discours haineux», regrette-t-il.
Pour éviter l’escalade de la violence pendant le processus électoral, ces jeunes appellent leurs concitoyens à transcender le passé douloureux et à avoir une vision commune pour le développement du pays.
Vénuste Ikizakubuntu propose une compétition électorale basée sur des projets de société présentant un intérêt pour toutes les composantes du peuple.
Pour sa part, Samuel Nkurunziza invite les politiques à ne pas confondre ennemi et adversaire politique. « Qu’ils mettent en avant de bonnes propositions pour faire avancer le pays au lieu de déterrer la hache de guerre. »
Quant à Pascal Ntakirutimana, il exhorte les leaders politiques à inculquer le respect de la diversité des opinions aux militants de leurs formations politiques respectives. « La tolérance est le meilleur remède contre l’effusion de sang», tonne ce jeune homme.