La célébration de la fête de Nativité n’a pas donné tous ses éclats. Les commerçants qui s’attendaient à des dépenses folles s’en mordent les doigts et la plupart des ménages approchés affirment qu’ils sont à court d’argent pour réaliser les rêves de leurs enfants.
Ils étaient prêts à tout vendre. Dans les magasins, les boutiques, les bistrots et au marché central, tout y était. Des jouets, des chaussures, des habits, des boissons de la Brarudi jusqu’ aux denrées alimentaires surtout la viande et le riz très prisés pendant les fêtes de fin d’année.
Même le réveillon de Noël n’a pas connu trop d’enthousiasme dans la ville de Gitega et ses environs. Durant toute la semaine, les commerçants attendaient impatiemment les clients mais en vain comme nous le confirment beaucoup d’entre eux.
Habituellement bien achalandé et rempli à craquer, le marché central est resté sans trop de mouvement, les clients ne se bousculaient pas. Sauf les dames en provenance de la périphérie de la ville de Gitega venues vendre des vivres qui s’arrêtaient un temps, juste pour demander les prix des habits et des chaussures importées de la Tanzanie et de l’Ouganda. Les autres ne faisaient que passer comme si rien ne les attiraient.
Par manque de carburant ou pour d’autres raisons, la circulation était fluide, les commerces sans trop d’affluence, sans oublier le manque de pavoisement dans plusieurs artères et quartiers de la ville.
Interrogées à ce sujet, les populations ont indiqué, en grande majorité, que cela est dû à la crise économique qui touche les ménages. Interviewée, Corine, une mère de 4enfants souligne que la cherté de la vie est à l’origine de ce manque d’engouement, depuis quelques années.
«Il est vrai que nous sommes en période des fêtes mais, malheureusement la population n’est plus à mesure d’acheter tout ce dont elle a besoin. Aujourd’hui pas d’achats sans compter comme à l’époque ! »
Selon la plupart des habitants de la deuxième ville du pays rencontrés, les prix des denrées de première nécessité ne cessent d’augmenter, ce qui réduit considérablement le pouvoir d’achat des ménages.
En plus de l’inflation, il n’est plus possible de se permettre de faire des « folies » au niveau des dépenses. Pour Innocent un enseignent de l’école fondamentale, la crise économique empêche les habitants de Gitega surtout les fonctionnaires de fêter comme il se doit.
« Si je trouve un demi kilo de viande avec os, les enfants pourrons manger la pâte de maïs et la sauce. Ainsi ils vont savoir que c’est la fête s’ils ne la mangent cette pâte accompagnée de haricot », a-t-il déploré. Lui comme tous les autres, la crise budgétaire serait à l’origine de ce manque d’engouement, durant cette fête de nativité.
Une prise de conscience forcée
Il y a des années, les enfants et les femmes devraient avoir des habits et des chaussures nefs pendant les fêtes. La plupart d’entre eux ont pris soin de laver et de bien repasser leurs habits les plus présentables.
Pas de bazins aux couleurs vives flambant neufs chez les femmes ni de chaussures neuves pour les enfants. D’après certaines femmes, c’est juste une prise de conscience des populations à ne plus faire des dépenses foles. Les populations ont juste pris conscience de cela et font des dépenses raisonnables, en pensant à demain.
« C’est une prise de conscience forcée. Personne ne pourra dire qu’elle ne veut pas fêter. Si tu parviens à terminer l’année en bonne santé, il fallait remercier le bon Dieu et le faire savoir », plaisante Chantal à la rentrée de la messe à l’Eglise Saint François d’Assise de Magarama tout en expliquant qu’elle préfère ne pas avoir de visiteurs à la maison.
Aujourd’hui, fait-elle remarquer, au lieu de se réunir en famille et les amis dans une ambiance chaleureuse et conviviale, les gens se réfugient dans les prières interminables.
Les commerçants interrogés, indiquent que les temps ont changé. Selon leurs dires, ils n’ont pas pu écouler un tiers du stock préparé pour les fêtes de fin d’année.
« Depuis quelques années, nous n’arrivons pas à écouler nos produits aisément, en période de fête, par manque de clientèle », s’est justifié Cyrille un vendeur des prête à porter.
Comme il l’explique, les clients se plaignent du fait que les produits sont désormais chers. Toutefois, cela ne serait pas de leur faute car eux aussi le disent, ils importent à des coûts élevés.