Le Président Pierre Nkurunziza a réaménagé son gouvernement, deux mois après [le remaniement du 7 novembre dernier.->www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1284] Le changement concerne le ministère à la Présidence chargé de la Bonne Gouvernance et celui des Finances.
Tabu Abdallah Manirakiza, jusqu’ici conseiller économique principal du président, devient ministre des Finances et du développement économique. Membre du parti Cndd-Fdd, il remplace Clotilde Nizigama qui va à Libreville, au siège de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) où l’attend le poste de Secrétaire général adjoint. Le Burundi a décroché ce poste lors du sommet des chefs d’Etat de cette organisation tenu à N’Djamena(Tchad) en janvier dernier.
Issa Ngendakumana, l’autre entrant, est encarté au Frodebu Nyakuri de Jean Minani. Il troque son siège de parlementaire à l’Assemblée législative de l’Afrique de l’Est(EALA) contre le maroquin de la Bonne gouvernance et de la privatisation, poste jusque-là occupé par Jean Baptiste Gahimbare, lui aussi fidèle du Dr Jean Minani.
Deux Musulmans, deux hommes d’expérience
Autant tous les deux sont de confession musulmane, autant ce sont des Hutu et d’anciens ministres. Natif de la commune de Ngozi(Nord), Issa Ngendakumana a été ministre des Droits de l’homme et du rapatriement des réfugiés dans le gouvernement de Cyprien Ntaryamira, en 1994, puis Secrétaire d’Etat à la Sécurité publique du Président Sylvestre Ntibantunganya jusqu’en 1995. Il s’exilera ensuite en Belgique.
Quant à Tabu Abdallah Manirakiza, il faisait partie du gouvernement de Pierre Nkurunziza jusqu’en 2010 où il était chargé du Plan et de la reconstruction. Auparavant, il avait, entre autres, occupé les postes de directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, en 1995, et de directeur général du budget. On le dit féru d’informatique et très proche de l’Ombudsman, Mohamed Rukara.
MM. Ngendakumana et Manirakiza rejoignent Hafsa Mossi, autre Musulmane et ministre à la Présidence chargée de la Communauté Est-africaine. De quoi se concilier la communauté qu’une certaine opinion considère comme très favorable au parti UPD et pro-Radjabu, du nom de l’ancien homme fort du Cndd-Fdd détenu à Mpimba depuis 2007. Mais un observateur de la politique burundaise doute de cette dernière lecture de l’événement: « C’est peut-être une simple coïncidence. Je doute que le choix des deux personnalités ait été fait dans ce calcul, surtout qu’elles ne sont pas toutes les deux vraiment proches de cette communauté confessionnelle. »