L’Amicale des Musiciens du Burundi est encore une fois en deuil après la mort ce samedi 18 janvier 2020 de Bernard Ndoricimpa. Toujours en duo avec son cousin Alfred, tous joueurs de l’instrument traditionnel, ’’umuduri’’, l’arc musical, Bernard est décédé suite à une maladie.
Il laisse deux enfants, une veuve, quelques participations notamment un featuring avec le musicien burundais Jamal Yoya dans la reprise de la chanson, Imagine de John Lennon, et surtout l’album, ’’Nkunda abantu’’ produit par Bachir Dia au Tanganyika Studio, un appel au dialogue et à la réconciliation.
C’est d’ailleurs cet arrangeur d’origine sénégalaise qui repère ces deux inséparables, Bernard et Alfred, ils jouent et proposent des chansons de leur répertoire dans des bars, sur des plages et dans les rues de Bujumbura pour avoir quelques sous.
Ils seront alors enregistrés et des grands de la musique burundaise comme le musicien Buddy Magloire, décédé à la fin d’octobre dernier, apportent leur savoir-faire et leur touche.
Et c’est avec cet album qui cartonne que le groupe Alfred & Bernard connaît un début de gloire, des participations à des concerts au niveau local s’enchaînent.
De succès en succès, le duo se retrouve au Festival Amani de Goma en Février 2017 avec comme tête d’affiche le quatuor kenyan, Sauti Sol. Ils vont se relayer sur scène.
Quand ces deux cousins unis par le rythme de l’arc musical sont invités au Brésil, au festival prestigieux, Rock in Rio, c’est l’apothéose. «C’est inoubliable, ils jouent là-bas notre ’’umuduri’’ qu’ils appellent ’’berimbau’’. Pour une semaine, je suis traité comme une VIP », s’extasie Bernard de retour au pays.
Enfant de la balle, Bernard est le fils ’’spirituel’’ de Mathias Mijuriro, joueur de l’instrument traditionnel, ’’umuduri’’, dans l’orchestre national, ’’Nakaranga’’, aujourd’hui, retraité du ministère de la Culture et musicien ambulant. Un héritier qui s’en va avant.
L’amicale des musiciens inconsolable
Contacté le président de l’Amicale des Musiciens du Burundi, Freddy Kwizera, alias Botchoum se dit attristé par la perte de ce jeune musicien talentueux.
«C’est d’autant plus accablant que le vide laissé par la mort de Buddy suivie par celle de SylvaneSylvane nous tourmente encore. On commence à peine à se remettre et voilà qu’un autre malheur nous frappe en plein deuil. Nous vivons des moments difficiles», se désole-t-il.
Au mois de décembre, raconte Botchoum, lors d’un concert organisé à l’IFB, le jeudi de chaque début du mois, Bernard et Alfred se produisent mais tout le monde constate que Bernard est souffrant.
Ses collègues musiciens lui demandent humblement de ne pas jouer. Stoïque, il insiste pour se produire, à jouer ses chansons avec Alfred son cousin. «On ne sait pas qu’il joue son dernier concert, un concert d’adieu », lâche le président de l’Amicale des Musiciens du Burundi.
Il demande au gouvernement de tout faire pour que la famille de ce musicien puisse jouir des redevances des droits d’auteurs générées par ses chansons. «Nous y travaillons avec le ministère de la Culture et nous espérons que ses enfants pourront bénéficier des œuvres de leur père ».
Le président de l’Amicale des Musiciens du Burundi appelle ce ministère à s’investir pour que cet ’’ambassadeur de la culture traditionnelle burundaise’’ décédé puisse être enterré dignement. «Il a tant donné à sa patrie, le pays lui doit au moins cet honneur».