Les travaux de prospection réalisés à Musongati en province Rutana montrent que le Burundi regorge de nickel exploitable pendant au moins 30 ans. En attendant l’octroi du permis d’exploitation, ce sont plus de 300 ménages qui s’inquiètent d’une possible expulsion.
<doc7858|left>Depuis plus d’une année, la société sud-africaine BMM (Burundi Mining Metallurgy) a effectué des travaux d’exploration du nickel latéritique de Musongati. D’après Mathias Sebahene, directeur technique de BMM, cela a permis de mettre en évidence des ressources minières qui s’élèvent à 150 millions de tonnes de minerai.
Pour Mathias Sebahene, le gisement de nickel de Musongati contient aussi des minéralisations de fer, cobalt, cuivre ainsi que d’autres éléments. Si on exploite 3 millions de tonnes par an, explique-t-il, ces ressources peuvent être exploitées sur une période de plus de 45 ans. « Avec 5 millions de tonnes par an, elles peuvent être exploitées sur une période de 30 ans », indique Sebahene.
Néanmoins, ce directeur technique au BMM signale que l’exploitation de ces mines dépendra de la disponibilité de l’énergie électrique et de l’existence d’un chemin de fer.
Quid du début des travaux ?
Mathias Sebahene précise que le début des travaux dépendra de la date d’octroi du permis d’exploitation par le gouvernement burundais. Cependant, précise-t-il, le traitement du minerai de nickel latéritique exige beaucoup d’énergie : «Un million de tonnes de minerai de nickel latéritique exige entre 80 et 200 MW. » Pour le traitement de 5 millions de tonnes, poursuit-il, on aura besoin de 400 à 800 MW. De surcroît, signale-t-il, le chemin de fer est indispensable à l’exportation des métaux qui seront produits de la raffinerie de Musongati vers d’autres pays en passant par la Tanzanie. « Un million de tonnes de minerai exige au moins 500 camions par jour en circulation entre Musongati et Dar-es-Salaam », explique-t-il.
<doc7859|left>La population ne veut pas céder les parcelles
La découverte du gisement du nickel à Musongati n’a pas fait que des heureus parmi les habitants des sous-collines Buhinga, Gitaramuka, Kibenga, Musongati, Jenda, Nyamagane, Kireka et Rusange. Selon des sources sur place, 337 ménages vont être expropriés. Toutefois, ils résistent et veulent garder leurs propriétés.
Arthémon Nyankirubusa, conseiller chargé du développement à la commune Musongati, explique que la commune ne sait pas grand-chose de la situation : « Tout ce qui a été découvert se trouve à Musongati et une position militaire garde le site. » Quant à la population qui sera expulsée, Arthémon Nyankirubusa demande au gouvernement de leur trouver d’autres parcelles et de leur octroyer des indemnités afin de construire d’autres maisons.
Concernant la date d’octroi du permis d’exploitation, Philippe Nzobonariba, porte-parole du gouvernement, renvoie la balle au ministère de l’Energie et des mines : « C’est lui qui analyse techniquement le dossier avant de le soumettre au conseil des ministres.»
Firmin Nikoyangize, assistant du ministre de l’Energie et des Mines, reconnaît que la société BMM a introduit une demande. Il indique que le dossier est en train d’être analysé afin d’octroyer prochainement le permis d’exploitation. Quant à la population qui sera expulsée, Firmin Nikoyangize fait savoir que cette question sera résolue après la signature de la convention d’exploitation.