La boisson « Rugombo » surnommée « huhahuha » dont la commercialisation avait été suspendue dans la province Ngozi est réapparue. Elle est disponible dans certains cabarets dès le 19 Août. L’association des détaillants de la bière locale s’inquiètent de la nouvelle concurrence.
«Huhahuha est revenue. Nous sommes malheureux. Les gens vont s’enivrer. Des rumeurs parlent de sa légalisation. Ce dimanche, le fournisseur a repris les distributions», déplore une vendeuse de la bière locale au quartier Gabiro dans la ville de Ngozi. Ses clients et elle, ils disent ne pas comprendre comment les autorités qui avaient suspendu cette boisson, autorisent encore sa commercialisation.
De Burengo à Kigarama, les cabarets de la bière locale se retrouvent vides au fil des jours. Sauf des clients fidèles de l’urwarwa locale (vin de banane), les autres consommateurs affluent aux cabarets de Rugombo (vin de banane). Ainsi, les tenants de ces bistrots sont dans la détresse. Pour eux, la concurrence est intenable.
Originaire de la commune Rugombo en province Cibitoke, cette boisson prend le devant pour sa qualité que lui attribuent les consommateurs. «Une seule bouteille suffit pour étancher la soif. Et par ailleurs, elle procure une certaine pression sans trop dépenser», révèle un client rencontré au bistrot à Kigarama. Et d’ajouter que cette boisson est beaucoup consommée par les portefaix, les taxi-vélo, les prostituées, etc.
Des gens s’inquiètent de la composition chimique de cette boisson. Pour certains, elle serait mélangée avec d’autres produits qui augmentent le degré d’alcool. «Pendant son transport de la commune Rugombo jusqu’en province Ngozi, elle ne perd pas ses qualités originales. Avant sa commercialisation, d’autres produits seraient ajoutés, probablement du sucre », révèle N. Jean, un autre détaillant tout en indiquant avoir entendu qu’on y ajoute aussi d’autres produits en provenance du Kenya.
Avant l’interdiction de sa commercialisation, les consommateurs, hommes et femmes confondus, affichaient des comportements indignes dont l’ivrognerie, les bagarres, la débauche, etc.
Les détaillants fâchés
Des grognes fusent de partout. Les tenants des cabarets d’autres boissons se plaignent du manque de clients au profit de Huhahuha. « Depuis dimanche, je n’ai gagné que 150 mille BIF. Mais avant son arrivée, je parvenais à avoir entre 300 et 400 mille BIF par jour », se lamente un jeune homme embauché dans un bistrot. Et de lancer : « Aujourd’hui, les consommateurs n’ont plus besoin de la qualité mais de la dose».
M Barutwanayo, un des responsables de l’association des détaillants de la bière locale, indique qu’ils ont écrit à l’administrateur pour dénoncer les défauts du nouveau produit. Mais, déplore-t-il, cette autorité ne leur a pas répondu.
«Nous voudrions savoir si la commercialisation de cette boisson est légale pour que nous puissions aussi entrer dans le jeu. » indique-t-il avant d’estimer que sa commercialisation serait clandestine. Ce n’est pas tout le monde qui puisse s’en procurer.
Contacté par téléphone, Albert Nduwimana, gouverneur de la province Ngozi, a confirmé avoir autorisé la commercialisation de la boisson. Mais il s’est gardé de tout commentaire.