Relâchement dans la prévention et la prise en charge du VIH/sida, les PVVIH de Ngozi réclament plus d’attention.
Les actions de lutte contre le sida ont régressé ces deux dernières années à Ngozi. Pour le volet prévention, ce sont surtout les actions de sensibilisation qui ont diminué. Rose Bucumi est une personne vivant avec le VIH/sida (PVVIH), chef d’antenne communale du réseau RBP et médiatrice de santé à l’hôpital autonome de Ngozi. Selon elle, la sensibilisation sur la prévention et la prise en charge de cette pandémie a visiblement fait marche arrière. Les séances faites obligatoirement par l’administration les années passées ne se font quasiment plus. Elles contribuaient énormément, car elles se faisaient lors des meetings populaires et tout le monde avait le message.
Pour Thérèse Kanyekora , animatrice communautaire du quartier Muremera dans la ville de Ngozi , les animateurs de santé restent pratiquement les seuls à dispenser des séances de sensibilisation pour la lutte contre le VIH. Cela se fait surtout remarquer au niveau des dépistages volontaires. Les chiffres de ceux qui viennent demander le service de leur propre gré ont diminué ces deux dernières années surtout parmi la population masculine.
Selon les rapports des différents intervenants en matière de lutte contre le VIH/sida , en 2002, le taux de prévalence du VIH en province de Ngozi était estimé à 3%. Les chiffres issus de l’ONG américaine FHI, présentés lors de la journée internationale de lutte contre le sida, le 1er décembre 2016, font état d’une diminution sensible du taux de prévalence jusqu’à 1%. Les nouveaux cas d’infection ont diminué jusqu’à 771 cette année.
Selon le chef d’antenne du PNLS à Ngozi, Dr. Bucumi, un certain nombre de facteurs avaient contribué à la baisse du taux de prévalence du VIH. Il cite notamment l’implication des pouvoirs publics en matière de prévention et de la prise en charge, la multiplication des intervenants des secteurs associatifs et privés ainsi que l’engagement communautaire observé depuis 2000.
Les actions de prise en charge ont aussi été affectées. Rose Bucumi parle des difficultés d’accéder aux examens: « Plusieurs examens pour le suivi des PVVIH sont actuellement payés à 100% alors que la plupart des porteurs du VIH/sida sont pauvres».
Interrogés, les médecins traitant estiment également que le suivi des malades du sida n’est pas suffisant.
Demande des médicaments de troisième ligne
L’abandon quasi-total de l’assistance alimentaire par les partenaires rend encore difficile la lutte contre le sida. Rehema Rugubo, une bénéficiaire rencontrée à l’hôpital de Ngozi, note que les malades du sida qui commencent les ARV ou qui prennent les médicaments de deuxième ligne éprouvent beaucoup de difficultés. Ils doivent manger suffisamment avant de prendre les médicaments. Or, bon nombre sont des indigents. Ils mangent au plus une seule fois par jour. Cela fausse la prise des médicaments. Ce qui influe négativement sur leur santé .
Enfin, certains médicaments de lutte contre les maladies opportunistes ne sont plus à la disposition des PVVIH. On cite notamment la bactrime injectable.
Le relâchement actuellement observé est, selon différents partenaires , dû à la diminution des moyens financiers affectés dans le secteur.
Madame Rose Bucumi plaide pour la disponibilisation des médicaments de troisième ligne. Cette pionnière de la lutte contre le VIH trouve que certains des malades du sida à Ngozi ont déjà développé la résistance aux médicaments de deuxième ligne.