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Ngozi. Nyandwi Rasta, un talent délaissé

05/05/2013 Commentaires fermés sur Ngozi. Nyandwi Rasta, un talent délaissé

25 ans dans la musique. Avec sa guitare, qu’il s’est fabriquée lui-même, des compositions hors du commun, une maitrise inédite de l’instrument musical. Mais, malgré tous ces talents, l’artiste croupit toujours dans une pauvreté extrême et partage sa déception, son amertume, mais également son expérience.

<doc7633|right>{Comment vous vous appelez?}

Nyandwi Rasta.

{Je veux dire…votre prénom et non le surnom?}

Tenez ma carte d’identité. Regardez ! C’est bel et bien Nyandwi Ra-sta.

{Depuis quand vous jouez de la musique ?}

1988.

{Comment ça ?}

J’étais encore jeune. C’est le grand artiste Kirundo Gérard qui a éveillé en moi l’envie de chanter. A kiremba, il animait, avec sa guitare, des soirées, dans certains bars. J’étais à ses côtés, j’assistais. Dès ce moment, j’ai beaucoup aimé la musique.

{Et puis ?}

J’ai vite fabriqué, moi-même, une guitare par des moyens locaux. J’ai commencé à composer mes chansons. Et j’ai emboîté le pas celui que je considérais comme mon mentor, Kirundo Gérard, en animant les gens dans les bistrots, moyennant bien sûr une petite somme.

{Combien de chansons as-tu jusqu’à présent ?
}

Je n’en ai aucune idée. Depuis 1988 jusqu’à aujourd’hui je compose et chante. Certes, elles sont très très nombreuses.

{Es-tu déjà entré dans un studio pour sortir au moins une seule chanson ?
}

Jamais ! Seulement, si j’essais de m’en souvenir, des journalistes sont venus me voir, de la radio Isanganiro parait-il, ils ont enregistré mes extraits. Style a capella. Ils m’ont même promis de m’envoyer une guitare moderne. Jusqu’à présent, j’attends toujours.

{Quels sont les sujets qui t’intéressent dans tes chansons ?}

La paix, l’unité, l’amour, la religion,…Bref, tout ce qui intéresse la société m’intéresse.

{Que désires-tu maintenant en temps qu’artiste ?}

J’en ai marre avec cette question. Ça fait la nième fois que des gens viennent, me posent cette question. Parfois ça m’énerve. Des années passent, rien ne change. Je suis toujours dans la même misère. Franchement, je n’ai plus envie de répondre à ce genre de question.

{Dis-le comme si c’était la dernière fois.}

Ok. Mon désir est simple : que mon talent soit porté au grand public et que je sorte de cette pauvreté.

{Ton numéro de téléphone pour te contacter ?}

Arrêtes de te moquer de moi ! Je n’ai même pas une guitare, j’aurais un téléphone portable ?

Photo : Nyandwi Rasta, interprétant un de ses tubes

Encadré

Nyandwi Rasta habite habituellement la colline Shango, zone Mubuga en commune Ngozi. Pour le joindre, quoiqu’il ne dispose pas d’un cellulaire, il affirme que sur cette colline, son nom est connu par tous. Tout au moins presque. Pour une visite éventuelle, la tache ne serait pas difficile donc.

Une histoire derrière…

Une aventure qui ne date pas d’hier: le rastafarisme au nord du pays. 1970. Les années de gloire de Bob Marley. Le roi du reggae. Sa musique, sa voix, se faisaient entendre à Ngozi, même dans ses coins les plus reculés. Une ville qui était encore très petite, où tout le monde connaissait presque tout le monde. Gédéon Nsavyabaganwa, quadragénaire, l’un des précurseurs de la communauté rasta, parle plutôt d’un mouvement qui emportait presque toute la jeunesse de sa génération. Un mouvement qui a grandi, muri, fini par porter ses fruits, car, dit-il, au file des années c’est devenu une famille. Oui, une famille, multicolore, mais qui en a parfois payé un lourd tribut par une marginalisation de l’entourage qui n’y comprenait pas grand-chose : Des fonctionnaires rastas, ‘dreads’ sur la tête, des businessmen aux idées de Bob Marley, c’était du jamais vu. Le rastafarisme, qui traine déjà plus d’une centaine de membre avec ses grandes figures dont Saidi Brazza, Go Men,…, « a existé, existe et existera toujours à Ngozi », cimente Nsavyabaganwa. Bien plus, le courant n’a pas hésité de franchir les frontières de la ville, voire de les dépasser avec des âmes bien fideles à l’idéologie dans différentes communes de la province.

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