En pleines révisions pour les examens, les étudiants cherchent souvent la lumière pour comprendre les matières à mémoriser. Dans la commune de Tangara (Ngozi), cela prend un sens littéral car les élèves de l’école communale sont privés d’électricité. Un facteur d’échecs que regrettent les principaux intéressés.
<doc7511|left>Il est 15h à Tangara. Les rues, terrains de sport et autres places publiques se remplissent d’élèves. Les cahiers sont ouverts, les yeux des étudiants, fort concentrés, se perdent dans les pages de cours, pas question de se laisser distraire par quoi que ce soit. Ils révisent leurs matières. Les lèvres n’arrêtent pas de remuer, les têtes ne cessent pas de hocher de haut en bas, ils apprennent par cœur, de gré ou de force, leurs leçons. Certains de ceux qui sont dans la nature se lancent dans une petite marche, de va-et-vient sur place, pour bien assimiler la matière. Tandis que d’autres restent figés, assis, sur une même place.
Le silence est de mise. Seuls les bruissements des oiseaux font frémir les arbustes des environs. Le moment est crucial. C’est la période des examens. Mais les conditions de travail ne leur facilitent la tâche en rien. Pas d’électricité depuis que la commune existe, si ce ne sont les quelques plaques solaires installées il y a quelques temps, tout de même éparpillées. Le comble est que celle qui était érigée au Lycée communal de Musenyi, a fait long feu. « Une panne subite l’a endommagée », déplore Ntunzwenimana, élève à ladite école, assis, regard fixé sur ses notes, au stade de football de la commune Tangara.
Que choisir ?
Dès lors le choix du moment opportun pour étudier est crucial. Vaut-il mieux faire sa révision juste après les cours, dans l’après-midi malgré la fatigue et parfois le ventre creux ? Ou attendre la soirée étant frais et reposé, mais dans un air mi-sombre et mi-éclairé, sous une bougie ? « Véritable dilemme », s’indigne toujours Ntuzwenimana, « chaque fois que j’essaie de prendre le cahier pendant la soirée, je me réveille le lendemain avec des migraines oculaires ». Du coup, faire ses révisions l’après-midi, dit-il, s’avère une obligation. Son cas n’est pas isolé, ils sont des dizaines qui endurent les mêmes épreuves, décidés toutefois à ne jamais lâcher prise malgré le chemin parsemé d’embûches.
Des résultats minables
Et les résultats s’en font sentir. Lors des examens d’Etat par exemple, témoigne un autre élève, les résultats de cette école, ne disposant que d’une seule section (Lettres modernes) ne sont pas fameux et ne l’ont d’ailleurs jamais été : « Les élèves qui parviennent à avoir 50% se comptent sur le bout des doigts ». Chose que confirme le directeur provincial de l’enseignement, Constantin Niyonzima, qui donne plus d’éclairage : « Il s’agit d’une école qui est saturée par ses chiffres, avec plus de mille élèves ». Un désengorgement, précise-t-il, est l’un des remèdes qu’on va y apporter car « trois collèges communaux sont en cours de construction mais n’auront malheureusement pas de panneaux photovoltaïques dans l’immédiat pour pallier ce problème d’énergie électrique». Ca se bouscule donc dans l’obscurité communale.
Et pourtant, à côté, au Lycée Musenyi, un établissement catholique, qui dispose depuis longtemps d’un groupe électrogène, le son de cloche est bien différent. Le directeur provincial rappelle que les résultats sont louables : « sa section normale a été première au niveau nationale l’année précédente ».
Un fait encourageant pour ses amis du lycée communal, une fois la question d’éclairage réglée… quoique le manque d’électricité n’explique pas toute cette médiocrité.