Les déchets en provenance de cette maison carcérale envahissent la colline Kinyami-Ruvumu. Les habitants craignent pour leur santé.
Une odeur écœurante vous accueille lorsque vous vous approchez de cette prison (partie des hommes) sise au Quartier Kinyami 1. Les gens passent, le pouce et l’index accrochés au nez. Avec de petits cris d’indignation. Leur dialogue est coupé. Ils allongent le pas, pour dépasser le lieu et enfin reprendre leur conversation. En dessous de la prison, la route est traversée par deux ravins (rigoles). Très proches. Des eaux purement noires dégoulinent, avec une puanteur excessive. En bas de la route, derrière cette coulée des eaux usées, se trouvent trois ménages. « Quand ils se tiennent le nez, je ne fais que rire », avoue Judith Niyonkuru, une veille maman à ses septantaines. « Je suis mariée ici depuis longtemps. J’ai vu la prison se construire. Je me suis familiarisée avec cette odeur ». Elle indique que l’une des rigoles conduit les déchets ménagers tandis que l’autre, très proche de sa maisonnette, transporte des déchets humains.
Ils ont déjà enregistré des pertes aussi bien humaines que matérielles. Avoisinant la prison pour hommes de Ngozi, la colline de Kinyami-Ruvumu est à la merci des maladies de mains salles. « Nous avons perdu deux personnes, un enfant et un grand frère. Ils sont morts du choléra », indique Eric Shingiro, fils de Judith. Il fait savoir que la saison pluvieuse est un vrai calvaire pour eux. « Quand la pluie tombe, les prisonniers laissent couler ces déchets qui viennent avec force et détruisent nos maisons. Celle de ma maman, en briques adobes, s’est écroulée trois fois. Les déchets entrent et coulent partout dans la maison. Des fois, nous sortons la nuit pour les canaliser».
Le vol des tuyaux à l’origine du malheur
Avec la construction de la prison, tout était préparé. Des fosses pour conduire les déchets jusqu’à la destination finale, étaient construites. Cependant, des tuyaux reliant une fosse à l’autre ont été déterrés et volés, en petit feu. En plus, d’autres s’obstruaient. Ne pouvant plus couler, alors les déchets débordent et envahissent les habitations environnantes. « Nous avons longtemps crié au secours, avec l’aide des responsables collinaires, nous avons même été à la RPA Ngozi pour porter loin nos lamentations en vain. Nous nous sommes alors décidés de contribuer pour canaliser ces déchets. Ça nous a couté 3 Bens de gravier et 8 sacs de ciment. Mais quand la pluie est forte, ils débordent et se créent un chemin. Ils nous envahissent», raconte Eric désespéré.
De son côté, l’administrateur de la commune Ngozi dit qu’il n’était pas au courant de la situation. Et de promettre de l’évoquer dans la réunion de sécurité. Laquelle réunion se tient, souvent, les lundis au niveau provincial.
Une quinzaine de ménages qui habitent la localité se demandent quel sera leur sort. « Les autorités compétentes restent sourdes à notre cri de détresse », dénoncent-ils.