Suspicion de détournement des cotisations, incompétence, etc. Des accusations dont sont victimes les responsables de ‘’Best Fashion de Ngozi’’, une association rassemblant les tailleurs de cette ville.
« Ils ne font que collecter et consommer notre argent. Je suis entré en 2015. J’ai cotisé cinq cents francs chaque semaine pendant trois ans. On nous avait vanté une gamme des bienfaits dont l’octroi d’une carte mutuelle de santé et le projet de développement. Jusqu’à maintenant, rien n’a été fait », se lamente N.M un tailleur du quartier Rubuye, dans la ville de Ngozi. Il est révolté de voir qu’aucune explication n’a été fournie aux membres jusqu’aujourd’hui.
Occupé à coudre un costume, Marc, un autre tailleur se montre lui aussi très critique : « Quand ils tiennent des réunions, ils ne parlent que de la collecte d’argent pour se donner des crédits entre eux et enfin se les repartager avec intérêt après six mois. »
Cet homme doute de la vision des leaders de cette association ‘’Best Fashion de Ngozi’’, vieille de plus de cinq ans.
Pour lui, le plus important serait de contribuer et se doter d’un atelier commun qui servirait au renforcement des capacités des membres et accorder des stages aux lauréats des écoles de métier.
Les deux intervenants s’accordent à dire que cette ‘’incompétence ‘’ influe négativement sur le travail des tailleurs : « A cause du manque de compétence et de dynamisme des leaders, les uniformes de différentes institutions se font désormais confectionner à Bujumbura. N’en sommes-nous pas capables ? »
Et à Marc de trancher : « Nous sommes très déçus. Et nous avons déjà entrepris des démarches pour adhérer dans d’autres associations.»
Cette dernière est exclusivement pour les tailleurs œuvrant au marché central. « Bref, c’est une association qui n’existe que de nom. On ne nous rassemble que les jours de fête pour les défilés et avec force », lance un autre tailleur visiblement crispé de l’incompétence de Best Fashion.
Un intermédiaire
Malgré les lamentations des membres, certains clients trouvent néanmoins cette association indispensable. « La plupart des tailleurs ne sont pas honnêtes. Ils n’honorent pas les rendez-vous. Alors, quand on entre en conflit avec eux, seule leur association est capable de le résoudre, en faveur des deux côtés», confie Jean, un client croisé dans un atelier de couture de Shikiro. Il plaide d’ailleurs pour la consolidation de l’association. Et à Bukuru, un autre client d’ajouter qu’en cas de conflit, ils ont désormais où se plaindre.
Pour sa part, Joseph Havyarimana, président de cette association reconnaît que son organisation n’a pas beaucoup évolué.
« Les organes dirigeants n’ont pas bien fonctionné depuis 2013. Il y en a qui ont quitté le pays avant la mise en place des autres organes. Alors, rien ne pouvait être fait comme projet sans comité. » Il attribue généralement l’échec à l’instabilité des comités. Et d’avouer qu’il existe une certaine permissivité du côté des dirigeants actuels.
Pour redynamiser cette organisation, il tient à informer qu’avec 2019 de grands projets seront réalisés. « Nous comptons contracter une dette auprès de la BNDE afin de nous approvisionner en tissus kaki et les confectionner pour tous les écoliers de Ngozi. »
Fondée en 2013, cette association « Best Fashion de Ngozi » compte une centaine de membres.