Les déchets ménagers sont déposés dans les quartiers. La population craint pour sa santé et demande l’aménagement des dépotoirs, loin des espaces habitables.
A quelques mètres de l’Université privée de Ngozi, au quartier Rubuye dans la ville de Ngozi, des déchets de toutes sortes s’entassent : restes de nourriture, de charbon, des sachets, des feuilles de bananiers et de maïs… dégagent une odeur nauséabonde. Les passants pressent le pas en se bouchant le nez. Des enfants aux vêtements en lambeaux, avec de petits sachets dans leurs mains, mangent ce qu’ils glanent ici et là.
A proximité, des femmes, certaines avec des enfants sur le dos, vendent des épis de maïs sur des étals de fortune. Elles se disputent les clients et les passants, des clients potentiels : « Voyez ceux-ci, ils sont gros et délicieux. » Un tas composé de cinq épis de maïs se vend à 1000 BIF.
Une gargote dénommée « WhatsApp » a pour clients des jeunes de condition modeste.
A la vue d’un appareil photo, des femmes et des enfants, nullement inquiets par la présence d’immondices, prennent la pause et réclament de se faire photographier par les journalistes. Seule une vendeuse de maïs nous interpelle : « Photographiez ! Peut-être que vous nous réclamerez un endroit plus propre. »
Un habitant de Ngozi, rencontré dans les environs, s’indigne : « Partout où l’on passe, dans la rue, derrière les maisons, dans les parcelles non construites, on ne voit que des déchets ménagers. On fait l’extension de la ville, mais on n’aménage pas des endroits réservés pour les ordures. » Il confie qu’au sein de son ménage, ils mettent les déchets dans un sac, puis chargent leur cuisinier de les jeter ailleurs. « C’est à lui de savoir où aller. Mais nous savons qu’il les jette là où les autres les déposent ».
Un autre habitant confirme : « On se cache dans l’obscurité pour se débarrasser des immondices. » Tous invoquent la même raison : manque de dépotoir où acheminer leurs déchets ménagers.
« Promesse non tenue »
« Cela fait à peu près deux ans que les autorités nous ont nourris d’espoir quant à l’octroi de dépotoirs spéciaux. Jusqu’à maintenant, nous attendons. Pourtant, ces derniers sont entreposés dans les enceintes de la Regideso Ngozi », se lamentent les habitants de Ngozi qui craignent pour la santé des leurs. « Nous risquons d’attraper les maladies des mains sales et d’autres contagieuses ».
Keep the Town Clean (KTC), fondée en 2014, travaille au ralenti par manque de moyens matériels. « Nous n’avons plus de force physique et matérielle. Certains de nos employés ont volé nos outils de travail. Et l’administration ne s’y implique pas convenablement pour nous soutenir dans la sensibilisation », explique Antoine Niragira secrétaire exécutif de KTC.
« Quelques citoyens n’ont jamais payé la somme leur exigée depuis le début de nos activités. L’administration devrait nous aider à les convaincre, voire les obliger à contribuer pour la propreté de leur quartier ». Il réitère sa demande de soutien à la commune de Ngozi.
L’administration communale rassure
Athanase Ntunguka, conseiller technique chargé du développement dans la commune de Ngozi, fait savoir que les travaux préparatifs pour l’assainissement de la ville de Ngozi sont presque terminés.
« Nous attendons la réception de certains équipements pour mettre en action le programme. Les termes de référence ont déjà été élaborés pour la gestion des équipements et infrastructures à travers le partenariat public-privé pour une meilleure gestion de ces derniers ». Et d’ajouter que les sites où les containers seront installés sont déjà disponibles. D’après lui, la population sera organisée via les associations pour collecter les déchets ménagers et les déposer dans ces containers.
Des tracteurs chargés de les ramasser pour les transporter vers un site de décharge sur la sous- colline Gatonde de la colline Rusuguti seront disponibles. » Les démarches sont en cours. Bientôt on va rendre disponibles ces containers et la population pourra se débarrasser de ses déchets « , conclut le conseiller technique chargé du développement dans la commune Ngozi.
Pierre Emmanuel Ngendakumana