Des prix qui s’envolent, un pouvoir d’achat allant s’amenuisant. Les acheteurs demandent le maintien de la détaxation des produits vivriers.
Les prix ont en effet repris leur phase ascendante depuis le mois d’août dernier. La flambée est d’ailleurs très inquiétante, selon des acheteurs interviewés au marché central de Ngozi. Réhema Minani est une maman rencontrée en train d’acheter du riz dans le même marché. Selon elle, en deux semaines seulement, le haricot « musirimu » a montée de 400Fbu. Le riz tanzanien était resté cher mais a repris son envolée. Il oscille autour de 2500F le kilo. « Même le riz kigori que nous cultivons dans nos marais vient de monter de 300 Fbu le kilo. Je ne vois pas où les choses peuvent arriver, le semis n’étant d’ailleurs pas encore arrivé. Les choses vont se compliquer en septembre et en octobre ». Les consommateurs craignent que la situation ne dégénère surtout que le pouvoir d’achat des ménages de Ngozi va diminuant.
Les vendeurs des denrées alimentaires appréhendent la situation de la même façon que ces acheteurs. Nestor Bigirimana, un demi-grossiste du marché de Ngozi trouve « la situation décourageante ». La montée des prix qui s’accélère actuellement n’encourage pas les commerçants. « Nous voyons que les prix pourront dépasser la capacité des acheteurs. Ce qui est mauvais pour nous car sans clients nous ne ferons rien. Il faut que les prix des vivres soient au moins maîtrisés. »
Plusieurs causes expliquent la situation
Les commerçants se plaignent de la dépréciation de la monnaie burundaise par rapport au dollar ou à d’autres monnaies de la sous-région. B.L, un importateur du riz tanzanien souligne qu’ils ont beaucoup de difficultés d’importer le riz en Tanzanie, le shilling étant beaucoup monté.
L’autre facteur concerne la récolte de la saison culturale dernière qui n’a pas dégagé un grand surplus. Cela fait que les stocks ont déjà commencé à se vider. Enfin, il faut noter la psychose des vendeurs qui recourent à des spéculations à l’approche de la période de semis avec le retour des premières pluies en septembre.
Les commerçants comme les consommateurs demandent au gouvernement de reconduire la mesure de détaxation des prix des denrées alimentaires importées. Une décision portant révision de la loi numéro 1/02 du 17 février 2009 instituant la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) avait permis depuis mars dernier de mettre les denrées alimentaires à la bourse de la population.
La récolte de la saison culturale 2017 B et la décision de détaxation des produits alimentaires du mois de mars 2017 auront visiblement permis la diminution des prix des denrées alimentaires les plus nécessaires des ménages sur les marchés de Ngozi. C’est le cas du haricot, un aliment de base pour la quasi-totalité des ménages burundais. Un kilo de haricot de qualité moyenne communément surnommé Musirimu a par exemple diminué de prix pour atteindre 800Fbu au mois de juillet. La pomme de terre de très bonne qualité a fortement chuté quittant 1000 Fbu d’avril pour descendre à 600F le kilo au mois de juillet. La situation restait pareille à la même période pour bien des denrées alimentaires produites localement dont la farine de maïs et de manioc, le riz des montagnes Kigori, la patate douce, la banane etc.
La maîtrise des prix des denrées alimentaires nourrissait des espoirs pour les acheteurs en général et les ménages consommateurs en particulier. Ces espoirs ne dureront que le temps de la rosée.
Hagowe abanyagihungu nayo abanegihugu se la coulent douce. Même la détaxation ne profite qu’aux commerçnts;