Des commerçants craignent la surfacturation des prix de leurs échoppes après la privatisation du marché de Ngozi. L’administrateur communal les rassure : ils vont eux-mêmes gérer le marché.
<doc3369|left>« Qu’ils privatisent mais ne revoient pas à la hausse les prix des échoppes », plaide un commerçant du marché de Ngozi. Il se souvient d’un cauchemar similaire : « En 2003, un certain Martin a géré ce marché. Au moment où nous payions mensuellement 4.800 Fbu par échoppe, il a revu le prix à 10.000 Fbu. » Ils ont combattu la mesure jusqu’à ce que ce gestionnaire démissionne.
D’après ce même commerçant, les gestionnaires privés vont surfacturer les coûts des échoppes. « Nous aussi allons revoir à la hausse les prix de nos produits pour compenser cette surfacturation. » Et partant, explique-t-il, la clientèle va les fuir : « Dans ce cas, nombre d’entre nous vont abandonner le commerce. »
Un autre commerçant demande d’abord une forte sensibilisation des partenaires avant de privatiser le marché de Ngozi. D’après lui, les autorités doivent savoir que le marché a été construite grâce aux contributions des commerçants (entre 150.000 et 200.000 Fbu chacun). La Banque Mondiale a également contribué et le marché de Ngozi a été construit pour 1,3 milliards Fbu.
Une commerçante de ce marché, veuve, a contracté un crédit bancaire. Avec son activité commerciale, elle parvient à payer le minerval et la nourriture pour ses quatre enfants. Avec la privatisation, elle décidera l’abandon du commerce, car même aujourd’hui, elle ne gagne pas beaucoup. Elle se demande comment elle va rembourser la banque et payer le minerval et trouver à manger pour ses enfants.
Prime Buhume, président de la Chambre Provinciale pour le Développement Economique de Ngozi (CPDEN), regroupant les commerçants de cette province, tranquillise ses collègues. Pour lui, ce sont les commerçants de Ngozi eux-mêmes qui vont gérer ce marché. Parce que, explique avec humour M. Buhume, le pouvoir appartient aux citoyens.
Le président de la CPDEN demande avec insistance à la commune que la gestion du marché soit assurée par les commerçants de Ngozi.
<doc3370|left>« Qu’ils n’aient aucune crainte »
Clotilde Caraziwe, administrateur de la commune Ngozi estime que les commerçants qui ont des craintes n’ont pas participé aux trois réunions d’explication du processus de privatisation de leur marché au cours de ce mois. Elle est sans équivoque : « Le marché sera cogéré par les commerçants eux-mêmes (80% d’actions) et la commune (20%). » La commune participe dans la gestion de ce marché pour assurer la coordination et aider les commerçants à mettre en place les lois qui régissent leur chambre, la CPDEN, explique Mme Caraziwe.
Pour l’administrateur de Ngozi, cette décision de privatiser le marché a été édictée par la Banque Mondiale qui l’a construit. Selon les exigences de cette banque, précise Clotilde Caraziwe, la privatisation permet une bonne gestion, un strict entretien des infrastructures et une bonne organisation des commerçants.