Abondance de la production, chute des prix, les éleveurs de vaches se lamentent.
Les programmes de repeuplement du cheptel bovin entamé il y a quelques années par le gouvernement auront permis de multiplier le bétail dans le pays en général et à Ngozi en particulier. Deux grands projets ont participé à ce programme en province de Ngozi. Il s’agit du Programme de développement des filières (PRODEFI) et le Programme de développement des marchés agricoles (PRODEMA), tous financés par la Banque Mondiale.
Le PRODEFI a à lui seul distribué plus de 1500 bovins .540 génisses ont été produites pour la chaîne de solidarité dit Gushamura en Kirundi. Dans le cadre de la campagne d’insémination artificielle, 946 vaches laitières ont subi cette opération. Cela a permis de renouer avec la production du lait d’avant la crise de 1993. Edouard Niyongabo, un bénéficiaire de ce programme habitant la commune Mwumba s’en souvient : « La crise de 1993 avait rasé la quasi-totalité des vaches de notre colline. Les combattants comme les militaires avaient pillé nos vaches. C’est grâce au programme de repeuplement des bovins que nous avons encore acquis des vaches. » Selon lui, chaque ménage a au moins une vache avec la chaîne de solidarité. Ils peuvent avoir encore du lait pour nos enfants et le marché.»
La production du lait a d’ailleurs tellement crû en 2014 de sorte que les éleveurs ont manqué de marché d’écoulement, celui de Ngozi étant sursaturé. Pour aider dans l’écoulement de ce produit, le PRODEFI a misé sur des centres de collecte de lait. Cinq centres ont été créés et restent opérationnels dans les communes de Ngozi, Busiga, Mwumba, Ruhororo et Gashikanwa. Chaque centre collectant en moyenne 500litres de lait par jour.
Libéraliser le commerce du lait
Les éleveurs qui pensaient trouver une recette au problème d’écoulement se lamentent des prix extrêmement bas appliqués par les centres de collecte. Des producteurs de lait rencontrés au centre de collecte de lait de Rukeco en commune de Busiga ne mâchent pas les mots : « On nous donne 600 Fbu par litre, un prix très dérisoire vu le coût de production du lait. C’est un prix obligatoire. Or, ceux qui fournissent les ménages de la ville de Ngozi reçoivent 900Fbu par litre ou plus. C’est de l’injustice ».
Sur les centres de collecte, la réaction est la même : « Le prix par litre de lait ne peut aller au-delà de 600 Fbu. C’est comme ça sur tous les centres ».
Les éleveurs réclament la libéralisation des prix et le droit de vendre du lait n’importe où ils veulent : « Nous, les bénéficiaires des vaches des programmes PRODEFI et PRODEMA, demandons que la vente du lait soit libre. Pas question de nous exiger la vente sur les centres de collecte car l’entreprise qui le collecte nous l’achète pour un prix dérisoire.»
Sur les centres de collecte la réaction et la même. Pour eux, le prix du litre de lait ne pas dépasser 600 Fbu sur tous les centres de collecte de Ngozi.
Côté administration, les autorités se félicitent du travail accompli dans le volet repeuplement du cheptel bovin à Ngozi et surtout pour la filière lait. Elles promettent de suivre de près la question pour une solution consensuelle et négociée entre les producteurs et les centres de collecte.
n’allez pas jusqu’à dire que le lait est devenu « ingorane ». si ces producteurs parviennent à nourrir leurs enfants de cet aliment combien riche, n’est-ce pas un progrès ? je parie que certains vendent 100%du lait lors que la malnutrition toque à leur porte. grosso modo, si un tel aliment est bon marché, ce n’est pas si lamentable que cela.
A 600 bif pour un litre, la filière lait va péricliter
A ce prix là, les éleveurs ne peuvent financer le travail et les intrants nécessaires à la production laitière