C’est le constat que font les habitants des quartiers 2 et 8 de la commune urbaine de Ngagara depuis quatre mois. Ils voient sortir de leurs robinets de l’eau jaunâtre et nauséabonde. La Regideso promet une solution mais pointe du doigt des constructions abusives sur le réseau de l’eau.
Commune urbaine de Ngagara au nord de la capitale Bujumbura. Magasins et boutiques sont ouverts, les rues bondées de monde. Tout semble normal sauf que depuis quelques temps l’eau des robinets est impropre à la consommation. N.P. qui tient un petit commerce au quartier 2, raconte que personne n’ose plus boire l’eau des robinets ou même se laver sans la faire bouillir : « L’eau qui vient des robinets est souvent jaunâtre et nauséabonde. » Très en colère, un autre habitant de la place n’y va pas par quatre chemins : « L’eau des robinets pue les excréments. » Pour lui, l’adage qui veut que l’eau soit source de vie n’est plus une réalité chez eux. « Depuis quelques temps elle est devenue pour nous source de maladie. » Et d’ajouter que la Regideso devrait les exempter de factures pour ces quatre derniers mois car ils ont eu des déchets à la place de l’eau.
« Des gens ont été hospitalisés… »
Prime Samutoto, un autre habitant du quartier 8, précise que cette situation a déjà conduit trois familles à l’hôpital : « Les membres de ces familles souffraient tous des diarrhées et vomissements.» En outre, il affirme que les familles aisées consomment l’eau minérale, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde, eu égard au pouvoir d’achat de la plupart des Burundais. « Une bouteille d’un litre coûte autour de 1200 Fbu. Comment s’en sortir quand on est une famille de cinq personnes ? », se demande-t-il. En attendant une solution, ces habitants se sont rendus à la direction de l’Eau à la Regideso, en vain. « Ils ont envoyé leurs agents, ils ont creusé à certains endroits et sont repartis. Et, depuis, plus rien, alors que nous continuons de souffrir », souligne M. Samutoto. Le même désarroi s’observe du côté de l’administration. Faustin Bukuru, chef de quartier 2, fait savoir que plusieurs familles l’ont appelé pour lui montrer la couleur de cette eau et les déchets qu’elle contenait. Pour lui, il ne fait aucun doute que les tuyaux de la Regideso et ceux qui écoulent les eaux usées provenant des ménages se sont entremêlés. Il indique que l’administration a approché la direction de la Regideso et attend qu’une réponse soit trouvée.
« Les gens construisent au dessus de tuyaux… »
A la Regideso, l’on affirme être au courant de ce désagrément. Une source proche du service « Exploitation Eau à Bujumbura » indique que ces déchets proviennent des eaux usées ou des fausses septiques qui se déversent dans le réseau de l’eau potable. « Les gens ont construit au dessus des tuyaux, ce qui a finit par les endommager à la longue. Et comme il n’y a pas suffisamment de pression dans nos tuyaux par manque d’eau en permanence, les déchets rentrent et se répandent dans les ménages », explique-t-elle. Du reste, selon notre source, une solution à l’immédiat est possible car la Regideso dispose d’un appareil qui détecte ce genre de fuites et elle compte les réparer progressivement. L’autre solution serait de reconfigurer ce réseau, mais cela demande beaucoup de moyens et trop de temps. En attendant, cette source demande aux habitants de Ngagara de respecter les infrastructures publiques et les espaces libres entre deux parcelles, car c’est là que le réseau a été installé. Et d’insister : « Ce n’est pas parce que quelqu’un voit un espace vide devant chez lui qu’il doit nécessairement y construire quelque chose. »