En marge de la distribution de vivres aux populations sinistrées de Bugabira, une commune de la province de Kirundo, au nord du Burundi, frontalière avec le Rwanda, frappée par une sécheresse sévère, le président de la République a appelé, la population burundaise à être prête pour défendre l’intégrité nationale. Un tocsin sonné ce mardi 11 février.
Dans une vidéo qui fait le buzz, le chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye a demandé aux habitants de cette localité venus chercher de l’aide à parer à toute éventualité : « Je vous le dis, il ne faut pas dormir ses deux oreilles, le gouverneur vous a averti que vous avez un voisin mal intentionné, vous savez qu’il nourrit des velléités expansionnistes et n’a de visées que de nous attaquer », a déclaré le chef de l’Etat en désignant ou en montrant de son pousse pointé derrière lui, ce voisin qu’il n’a pas voulu citer nommément. Mais la foule a compris et acclamé.
« Celui qui osera nous perturber, nous allons riposter, là il n’y a pas à tergiverser, il faut que vous soyez prêts, n’ayez pas peur. Ceux-là, nous nous connaissons bien », a-t-il tenu à tranquilliser, effectuant ce geste de la main pour signifier que tout est sous contrôle.
D’ailleurs, a fait remarquer le président Ndayishimiye, cherchant l’approbation de la foule, ici c’est le Bugesera, vous le savez, depuis l’époque royale, ils n’ont jamais eu le dessus sur nous. « Ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont nous infliger une défaite, c’est impensable », a-t-il tenu à souligner.
« Il faut leur rappeler ce que Kirundo signifie, surtout son origine. Vous ne serez pas seuls pour y faire face, tout le monde viendra à la rescousse même ceux de Nyanza-Lac à la frontière avec la Tanzanie en face de Kigoma, viendront, nous allons tous accourir sans exception ».
Nous les Burundais, a-t-il fait savoir, nous n’accepterons jamais de mourir comme les Congolais. « Jamais de la vie ! Il ne faut pas se laisser abattre comme des chèvres alors qu’il y a des hommes ».
De l’autre côté, poursuit le chef de l’Etat, ils le savent, cela ne peut même pas leur traverser l’esprit, le Burundi n’est pas un terrain pour une promenade de santé. « Mais il faut rester tous solidaires et vigilants, jour et nuit. C’est pourquoi, il nous faut rester aux aguets, que ce soit sur nos chantiers ou aux champs. Nous n’allons pas arrêter nos activités, nous allons continuer à travailler tout en restant sur nos gardes ».
Mu ’’Twicarabami twa Nyaruteja’’, une histoire à revisiter
Et d’implorer la protection divine : « Le Très-haut, l’Éternel des Armées veille sur nous. Il y a des gens imbus d’eux-mêmes qui se croient au-dessus des autres tous et d’autres qui s’évertuent à vous faire pour en racontant que nous n’avons pas d’armes. Hein ! Qu’est-ce qu’ils savent de tout l’arsenal ? », demande le Président Ndayishimiye tout en suppliant le Seigneur de veiller sur le Burundi.
Pour la petite histoire, le nord du Burundi et surtout la province de Kirundo, a toujours été le théâtre d’affrontements entre les guerriers des rois du Burundi et du Rwanda.
Selon la plupart des vieux de cette région du Bugesera, un véritable champ de bataille, de triste mémoire, Kirundo, littéralement fosse commune, est un nom donné par les armées du roi Ntare Rugamba après avoir infligé une défaite cuisante aux guerriers rwandaises. D’après ces sages du nord du Burundi, les rescapés appelaient cette région ’’Kuwindora’’, littéralement une région que personne ne voudrait regarder, probablement pour les pertes subies.
D’ailleurs il y a deux collines Shinge et Rugero surplombant la ville de Kirundo qui sont restées dans la mémoire des Burundais pour une bataille remportée. Il y a un adage qui est resté dans le langage soutenu : « Kubura Shinge na Rugero », c’est-à-dire tout perdre, essuyer une défaite cuisante, ne pas avoir gain de cause.
Mais il y a une autre histoire à revisiter par les temps qui courent : celle de cette localité du sud Rwanda appelée ’’Twicarabami twa Nyaruteja’’ devenue célèbre pour avoir abrité les pourparlers, les négociations entre les rois burundais et rwandais qui semblaient éprouver du plaisir à guerroyer. L’histoire a retenu un pacte de non-agression conclu entre le roi Mutara I Semugeshi et le monarque burundais Mutaga II Senyamwiza (Le Tout Bon, NDLR), que de l’autre côté de la Kanyaru, l’on surnommait Nyamubi, le mal absolu.
Qu’en est-il de Bugesera?
Quand Abarundi disent ni « Ubugesera », uri « Umugesera », urya « Mugesera ». N’est ce pas pour conjurer le malheur qu’ils ont subi dans cette region? Mémoire selective quant tu nous tient.
Note: Tout en sachant que vous n’oserez jamais passr ce message and I can not blame you.