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Net Press se lance dans le journal-papier : une occasion de revenir sur les difficultés de la presse écrite

05/05/2013 Commentaires fermés sur Net Press se lance dans le journal-papier : une occasion de revenir sur les difficultés de la presse écrite

L’agence de presse indépendante en ligne, Net Press, a franchi le pas d’enrichir ses publications sur du papier dur malgré le marasme qui continue à caractériser la presse écrite au Burundi.

L’initiative a cependant été saluée par les invités de Théogène Surwavuba et Didier Bukuru à l’émission hebdomadaire, « Club de la presse », qui donne l’occasion aux professionnels des médias pour décortiquer l’actualité nationale et internationale dominante de la semaine et parler de l’exercice de leur métier.

De l’avis de Léandre Sikuyavuga, journaliste au groupe de presse Iwacu, « le problème de la presse écrite est surtout culturel même s’il ne faut pas minimiser la faiblesse du pouvoir d’achat des lecteurs. Quand on sait que des gens peuvent acheter deux à trois bouteilles de bières ou d’autres choses superflues par jour, il est difficile de comprendre pourquoi on ne peut pas sacrifier un petit billet de 1.000 Fbu pour l’achat d’un journal qui constitue aussi un outil de loisir et de culture générale. Nous sommes aux antipodes des pays voisins comme le Kenya où, chaque jour, chaque kenyan achète au moins deux à trois quotidiens avec plaisir. Chez nous, la solution passe par la qualité et un journalisme de proximité si l’on veut vendre les différentes publications. Pour cela, il faut décentraliser, avoir des correspondants en province. Il faut aussi savoir comprendre ce que veut le lectorat, être près des préoccupations du petit paysan. A Iwacu, nous écrivons en Kirundi. Quand on écrit quelque chose qui intéresse le milieu paysan, le journal se vend sans problème. Il faut aussi essayer de relayer les informations diffusées sur les radios. Cependant, quand j’écoute la revue de la presse, je ne suis pas d’accord avec ce qui ce fait, car il faut un résumé succinct afin de motiver l’acheteur et non dérouler presque tout le contenu ».

Le journaliste à Isanganiro, Léonce Bitariho, quant à lui, s’est demandé « comment aimer lire si l’on ne sait pas du tout lire ? C’est aujourd’hui encore le cas de la majorité de la population burundaise. L’autre drame est que même ceux qui savent lire ne lisent pas. Faut-il incriminer le pouvoir d’achat ou alors la culture légendaire de l’oralité qui caractérise le pays? Si vous descendez en province, vous rencontrez des gens avec des postes de radio dans les champs, mais rares sont ceux qui lisent un journal, y compris au bistrot. Il faut aussi chercher les raisons à cet état de fait du côté de la langue d’écriture qui est généralement le français. Je propose, à mon tour, un coup de main des radios pour relayer le contenu de la presse écrite. La revue de la presse n’est pas si mal faite que l’on veut le faire croire et les avis sont partagés entre les propriétaires des journaux qui veulent que l’on diffuse presque tout le contenu sur les ondes et d’autres qui recommandent un petit résumé ».

Prime Mugabonihera, journaliste à la radiotélévision nationale du Burundi (RTNB), proposera, quant à lui, « de revenir à l’histoire coloniale : les pays francophones n’ont pas la culture de la lecture. Du côté de l’Ouganda, du Kenya ou de la Tanzanie, qui sont d’anciennes colonies britanniques, le niveau d’alphabétisation est nettement plus élevé que chez les francophones. A Kampala, la capitale ougandaise, un petit commerçant achète spontanément son quotidien pour se tenir informé de ce qui se passe autour de lui avant d’entamer la journée de travail ».

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