Le mushingantahe Emmanuel Micomibi, père d’un des meilleurs volleyeurs du Burundi a tiré sa révérence le 28 avril et a été inhumé le mercredi 12 mai à Ruyigi. Son fils, Sixte Nderagakura l’a appris alors qu’il était en Tunisie représenter le pays au championnat d’Afrique de volleyball. Il rappelle sa probité, son patriotisme, et son attachement à l’éducation de la jeunesse. C’est aussi l’hommage de sa famille, de ses amis et de ceux qui l’ont connu.
Par Sixte Nderagakura, Médecin
L’Évêque Joachim Ntahondereye se rappela, « Quand il était dirigeant, son dynamisme et exemplarité dominaient son statut d’autorité ». Un opérateur économique qui rend hommage à feu Emmanuel Micomibi, s’adressait à Blaise Nkurunziza, un des fils du disparu : « Ton père était un brave homme qui a fait beaucoup et pour plusieurs personnes. Un exemple d’homme intègre qui devrait servir de modèle à tout le monde ». Début des années 1980, époque du parti unique Uprona, Emmanuel était l’Exécutif du ‘Territoire’ de Ruyigi, incluant les ‘arrondissements’ de Cankuzo et Rutana : le Buyogoma et le Kumoso.
Quand un père, un grand-père, un leader tire sa révérence
Ça arrive à tous, mais au nom de la famille, Aloys proposa de ne pas pleurer son grand frère Micomibi Emmanuel. Il disait, non seulement « Dieu est avec nous », comme le défunt avait été baptisé, plus encore, « feu notre père avait été béni de plusieurs dons divins, dont celui de l’endurance et de la compréhension». Extrait de l’intention du Dr Sixte Nderagakura, le benjamin de la famille, devant l’autel et l’assemblée venue de différents coins du pays, dans la cathédrale de Ruyigi. C’était lors de la messe funéraire du 12 mai à Ruyigi.
Shomar Khalfani, d’une famille voisine, mais habitant très loin, de dire « Une telle foule pleurant son départ, c’est non seulement une bénédiction, mais c’est aussi un signe que son âme est déjà aux cieux ».
Son ami Aziz Kwizera de compléter, « loin d’être anodin. C’est la veille de l’Eid-El Fitr et de l’Ascension. Nous continuons notre prière d’accompagnement ».
Au cimetière clérical de Ruyigi où le Mushingantahe Emmanuel repose, Machado, l’aîné du disparu décrivait –dans une audio enregistrée-, comment ce décès fut étrange : « En cette date du 28 avril, notre mère nous racontait, en temps réel, très sereine, comment notre père venait de s’endormir, littéralement, devant elle et paisiblement ». Etrange encore, parce que le grand mal qui, malheureusement l’avait presque condamné chez lui, fût un choc à la cheville qu’il avait eu accidentellement. Très dangereux, un tel « handicap », surtout pour celui qui prend de l’âge.
Bref, ce fut un mystère pour la famille, les amis et voisins. « Qui pouvait y croire parmi ceux avec qui il discutait dans l’avant midi, ou de ceux qui lui avaient parlé au téléphone auparavant ? ». Illustration intrigante, extrait du discours de Claire Habimana, l’une de ses filles « aux obsèques de Ruyigi ».
« Ces années 1980, en autorité, Emmanuel m’a intégré en grand frère, dans la vie sociale de Ruyigi, quand j’y fus orienté comme prêtre. L’amitié datant de notre jeunesse s’est renforcée », témoignage de Mgr Joachim Ntahondereye, Évêque de Muyinga, qui présidait les funérailles. Maître Caritas Kanyonga d’indiquer, « Il passe comme il a vécu, dignement ».
Leader, Religieux sans emblèmes, ou simple pulsion parentale ?
Mais, de quelle religion ? Ce n’est pas que celle de feu Monseigneur Joachim Ruhuna avec qui ils étaient aussi proches. C’est aussi celle peu ou pas institutionnelle : du respect d’autrui, de l’altruisme, de l’humilité, de l’Ubuntu. Lors du culte clôturant le deuil, on aurait crû à un œcuménisme. Une des rares. Dans la salle, face à Monseigneur Ntahondereye et des dizaines de consacrés chrétiens, était installé Selemani Soud, un notable musulman. Des dizaines d’autres musulmans étaient du public. Selemani se leva : « On prononcera toujours le nom de ‘Micomibi’ avec honneur et respect, parce que, contrairement au sens dudit nom, l’homme reste le modèle de nous, voisins et connaissances ».
De ces religieux présents auxdites cérémonies, certains étaient de ses amis pour toujours. D’autres ont été « à l’école du disparu ». Ecoles « qui du grand lycée de Rusengo, qui de Muyaga » expliquait Pierre Mucondo, ancien directeur d’un autre grand lycée, celui de Gatara –il y a environ quatre décennies-, et son compagnon depuis l’enfance. Ou alors, à l’école de la discipline : « Yarakara » -il ne badinait pas-, Mucondo se rappelle. Pourtant, « Il était toujours souriant et ouvert à la discussion », souvenir de Caritas Kanyonga, l’avocate.
Pour feu Emmanuel Micomibi, Représentant du Peuple sous la 2e République, la jeunesse et la dignité étaient le socle de la nation. En 2010, sur une radio locale, des témoignages sur le profil du disparu, on pouvait en apprendre que plusieurs des futurs dirigeants du pays, hutu et tutsi, ont été poussés aux études –et souvent, de force- par Emmanuel, particulièrement, après les crises des années 1970.
Hommage à un patrimoine humain
Décembre 2020, aux côtés du Professeur Elias Sentamba, on entendait l’Honorable Emmanuel, dans une émission radio : « Comme responsables, notre rôle consistait aussi à éduquer nos dirigés à prendre l’habitude de se laver et de laver leurs habits avant que l’eau ne devienne payée et couteuse. On le voyait venir ».
L’histoire gardera aussi que ces années 1980, Emmanuel, Kabwa, Bayaga et quelques autres, partirent en Corée du Nord, notamment négocier la construction du palais de Kigobe.
« Notre père nous interdisait de nous glorifier pour un devoir accompli. Mais chez Emmanuel et Christine, l’éducation discriminatoire n’en sera jamais une ». Aloys le petit frère défiait quiconque qui l’en contredirait. « Retraité, il avait le temps même pour les petits enfants du quartier qui passaient du temps à ses côtés ». Flora Nijimbere, sa fille cadette conviait tous à haute voix.
De feu Emmanuel, l’héritage inclut des initiatives sociétales diverses, dans la discrétion. De l’accompagnement des mariages religieux, au soutien à la scolarisation des enfants du pays.
« Ainsi, nous sommes fiers d’être finalement une famille diversifiée et vaste ». Le Dr Eric Nduwayo, un autre de ses fils se réjouit. Des membres de cette famille vaste, l’Universitaire Gertrude Kazoviyo dit, « Mon Directeur s’endort, il a droit à ce repos en paix ».
« Vole, vole plus haut, et veille sur nous grand-père », phrase tirée d’une lettre de Kelia, une de ses petites enfants.
J’ai eu la chance de faire mes études vivant dans celle qui deviendra ma famille.
Mutama Emmanuel est devenu comme mon père.
Maman Christine est ma maman adoptive, et je suis honorée d’avoir des grands-frères/soeurs ainsi.
C’était et reste une famille sans frontières. J’ai rencontré des gens que je n’aurais jamais rencontrés, grâce à ladite famille :
Inoubliable, en 2014, je serrais la main d’un grand leader Canadien qui, avec son papa, passaient rendre visite à son ancien éduqué, ai-je appris.
Monsieur Jacques Jobin, retraité, en compagnie de son fils Maxime, passaient ainsi la nuit à Ruyigi.
Ils se partageaient beaucoup de souvenirs. J’écoutais très silencieuse. Après, nous passions à table. Tous à la même table.
Simplement, qu’un ancien Prof reste en contacte avec son ancien éduqué, de quelques manières, à une distance en âge et en espace, ça m’a révélé qu’on finira pas la découverte de ce que furent ses valeurs.
Emmanuel Micomibi était et reste un homme d’une grande intégrité qui inspire la paix.
Il est d’un langage délicat qui ne blesse pas, mais qui laisse entendre le sérieux et la rigueur à celui qui reçoit son message.
Il était très humoristique et jovial
Il a travaillé avec mon papa dans une grande sérénité et ils s’aimaient beaucoup parce que tous les deux partageaient quelques qualités :
l’amour de travail et de la réussite, la fierté et la rigueur au service, la discipline.
Enfin, on gardera de lui d’un homme avec une memoire qui était comme une bibliothèque
En 1974, je n’avais que 12 ans quand ma mère, Fébronia Ndaro est décedée.
Aîné de la famille, j’étais appellé à préparer le nécessaire pour la famille.
À 13 ans, mon père Emmanuel Semuswi, m’a envoyé à Muyaga -Cankuzo-, chez Emmanuel Micomibi, où il était directeur d’établissement. De Kibonangoma (Bweru) à Muyaga, j’ai marcher les 12 km, avec un petit sac de provisions sur le dos, sans message clair.
La famille Micomibi habitait une maison située à l’Est de l’église catholique de Muyaga, presqu’en bas de la montagne. Cette maison n’existe plus.
Après m’avoir gentillement demandé qui j’étais et d’où je venais, la vénérable maman Christine Niyoyankana m’a donné à manger et à boire en présence du père, Emmanuel. J’ai regagné le même jour Kibonangama avec une enveloppe que m’a donnée Emmanuel Micomibi pour mon père. Je n’ai jamais su ce que contenait l’enveloppe mais, voyons… nous pouvons tous deviner: une assistance financière pour mon père.
46 ans après, cette scène reste gravée dans ma mémoire, et c’est avec gratitude que je partage ce beau souvenir.
L’année suivante, mon père a aussi rendu l’âme, soit à mes 14 ans. Plus tard, je retrouvais le papa Emmanuel et la maman Christine, fonctionnaires comme moi. Imaginez ce qui trotte la tête d’un jeune fonctionnaire, Autodidacte, quand il rencontre des parents comme ça.
Simple, qu’on a toujours à qui se confier en cas de besoin.
Les différents témoignarendus par toutes ces différentes personnes en l’honneur de l’illustre disparu le »Mushingantahe »Emmanuel Micomibi fait vraiment chaud au coeur non seulement pour ses enfants et sa famille direct mais aussi à tout burundais épris de paix et fier de son pays
Vu l’intervention des différentes personnalités pour raconter comment ils ont vécu et connu ce Mushingantahe qui a tout au long de sa vie a fait tout pour faire progresser les jeunes en les poussant à aller à l’école et en aident les gens petits et grands autour de lui je pense qu’une telle personne aurait pu jouer le rôle y' »Umuhuza mpanuzwajambo » mu gihugu pour toutes les catégories sociales politiciens ou autres toutes tendances confondues
L’image qu’il incarne se reflète à travers sa prestigieuse progéniture et frères directs que j’ai eu la chance de connaître pour la plupart et avec qui je partage mes sincères sympathies
Allez « Grand Mushingantahe » que je n’ai pas vu physiquement mais que j’ai connu à travers les récits des gens proches de ta famille tu laisses un grand héritage à nous
tous et merci cher Iwacu pour cet article