Par Antoine Kaburahe
« Des morts on ne dit que du bien », entendons-nous souvent. Mais il est difficile de trouver une personne qui ne dit pas du bien de Théophile Kashirahamwe. Certains vous diront qu’il était timide , effacé … C’est vrai, Théophile avait un côté très discret, fruit d’ une éducation familiale stricte. Le docteur Alphonse Rugambarara, un grand ami du disparu, témoigne : « L’environnement familial a forgé le caractère de Théophile. Son père, très croyant, proche des missionnaires avait inculqué à ses enfants l’humilité, le respect envers tout le monde, des qualités qui m’ont toujours impressionné à chaque fois que je le rencontrais. »
L’autre qualité évoquée par ceux qui l’ont connu est son côté « touche à tout ». Homme d’affaires, artiste, à l’aise derrière la caméra, il a été un véritable pionnier. Il a commencé à filmer des événements avant la création de la télévision nationale. Théophile Kashirahamwe était aussi incollable en mécanique . « Son bureau était une sorte de bric-à-brac, mais un désordre bien organisé. Il pouvait vous conseiller pour l’achat d’un véhicule ou vous appeler le meilleur plombier de Buyenzi », raconte un homme qui l’a connu.
Simple. Humble. Sa lignée et son nom ne l’ont pas coupé du petit peuple. A la tête de la première salle de spectacles digne de son nom au Burundi, l’Odéon Palace, il est resté proche des artistes, pratiquant des prix modestes pour permettre à des petites troupes de théâtre et des orchestres de se produire dans la belle salle . D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, plusieurs artistes ont rendu hommage au patron de l’Odéon Palace. Pour ma part, j’ai un souvenir qui est resté gravé dans ma mémoire. A l’athénée de Bujumbura, nous avions monté une troupe de théâtre et on devait présenter une pièce que j’avais écrite. Bien sûr, nous sommes allés louer la salle de l’Odéon Palace. Comme nous n’avions pas d’argent, il a été convenu que nous allons payer après la représentation, avec les recettes. La pièce a été un succès, sauf que, je ne sais plus quel autre événement culturel il y a eu le même jour, nous n’avons pas pu avoir les spectateurs espérés et… la somme convenue ! A la fin de la représentation théâtrale, on se demandait comment nous allons payer. Théophile, qui avait bien sûr remarqué que la salle était à moitié pleine est venu nous « féliciter pour la pièce. » Il a passé l’éponge sur le déficit. Un vrai Prince, généreux !
Le citadin qui n’a pas oublié sa terre
Depuis l’Angleterre, le Prince Ildephonse Rugema, très affecté, comme toute la communauté ganwa, se souvient d’un homme « bon, ouvert, il m’a fait connaître beaucoup de gens, il avait un grand sens de la communication et on se sentait vite en confiance avec lui », dit-il. Sur la page Facebook de l’Alliance royale du Burundi, les éloges ne tarissent pas.
Le docteur Rugambara, l’ami de toujours, salue « le pilier de la famille Kashirahamwe qui a pris la relève de son grand frère Pascal, diminué par l’âge. » Pascal Kashirahamwe, lui aussi s’en est allé quelques jours après la mort de son frère, Théophile. Emu, Alphonse Rugambarara lâche : « Pascal a été affecté par la perte de ses meilleurs amis ( Kabura, Ngomirakiza, Rugambarara, Nzeyimana…), mais il avait résisté. La perte de son petit frère, Théophile, a été, je pense, le coup de grâce .»
Pour se consoler, de nombreux amis rappellent que Théophile Kashirahamwe est parti en « bon chrétien. » D’ailleurs, il était très proche de Mgr Ruhuna, l’archevêque de Gitega assassiné. Il sera un fervent soutien de la Fondation Ruhuna.
Citadin jusqu’au bout des ongles, mais aussi un homme attaché à sa terre de Ruyigi, sa province natale, « il ne pouvait pas passer deux mois de suite sans « y monter », dit un proche.
Il s’était construit une belle habitation sur les terres de son enfance. C’est d’ailleurs à Ngarama, la colline de ses ancêtres, qu’il reposera. A 73 ans, laissant 4 enfants et 6 petits enfants, le Prince de l’Est est retourné chez lui, à la maison du père terrestre et céleste.
Merci Antoine de nous faire découvrir cette âme riche et généreuse, qd bien même après son départ. Paix à son âme.
Je l’ai connu il n’y a pas longtemps mais je peux confirmer tout ce que vous dites sur lui.
C’était un grand homme ! RIP Théophile.
C’est vraiment une perte énorme. Je le connais aussi. c’était un ami à mon grand frère qui lui, est parti en 2015.
que son ame repose en paix
Il va me manquer , depuis au moins une vingtaine d année ,il était devenu un ami , alors que j avais autour de 25 ans , Étant au pays je ne pouvais pas passer deux mois sans aller causer avec lui et on parlait de tout et de rien. il est l’un des rares hommes sages qui m’inspire.
Repose en paix mon ami.
Il a vecu dans sa vie le commandement difficle pour tous » D,aimer son prochain comme soit meme », Que le Bon Dieu lui accorde la place qu,il merite.
Adieu Cher Theo, ton sourire manquera a tous ceux qui t,on connu.