Cui bono ? A qui profite le crime ? Cette question posée aux jurés par Cicéron au procès de Sextus Roscius mérite d’être reposée au regard de l’embuscade perpétrée par des hommes armés sur la colline Burambana, à quelques kilomètres du chef-lieu de Muramvya, dimanche 9 mai.
Des assaillants « non encore identifiés » ont ouvert le feu sur des véhicules en route vers Bujumbura. Le premier bilan faisait état de huit morts, mais il continue à s’alourdir.
Rien ne peut justifier cet acte ignoble. La découverte d’un enfant tué et un autre calciné a suscité horreur, indignation et sidération. Tout le monde a condamné avec la dernière énergie cette barbarie, cet « acte fou » qui dépasse notre entendement. Le président Ndayishimiye s’est dit ’’attristé par un acte des brigands qui viennent d’endeuiller le Burundi’’.
Au-delà de ces condamnations, fondées et légitimes, ce crime a suscité un débat sur l’utilisation des réseaux sociaux par les Burundais dans pareilles circonstances. Des images choquantes, révoltantes, révulsantes, ont circulé dans la foulée de l’attaque. Ce n’est pas nouveau. C’est même devenu une habitude : lors d’accidents de roulage, de catastrophes naturelles, de meurtres, des prises d’ images des victimes ont lieu.
S’en suit un partage de photos et des vidéos. C’est facile : un simple clic. Rares sont ceux qui osent refuser d’être les maillons de transmission de cette chaîne de diffusion macabre.
Pourtant, chacun devrait être conscient que ce n’est pas parce que l’on est témoin d’un événement que l’on doit nécessairement devenir émetteur de telles images. Il y a une prise de conscience qui doit se faire.
Au moins, refusons, chacun, d’être vecteur de ces chaînes de la honte. Que chacun, à son humble niveau, tenter de briser cette chaîne de transmission de cadavres et de chairs brûlés.
Les réseaux sociaux ne devraient pas nous éloigner des valeurs d’empathie, de respect de la dignité humaine, de la responsabilité, d’« Ubuntu » chères aux Burundais.