Samedi 23 novembre 2024

Editorial

Ne prenez pas la population en otage

04/09/2015 6
Léandre Sikuyavuga
Léandre Sikuyavuga

Deux nuits troublées dans la capitale. Des détonations assourdissantes de grenades, des tirs de fusils et de roquettes ont été entendus dans plusieurs quartiers, mardi, mercredi et même ce jeudi.

Et le coup d’envoi de cette triste musique est donné presqu’à la même heure, vers 21 heures. Après le dur labeur et le stress de la journée, les habitants ne peuvent même pas fermer l’œil.

Des gens sont tués, d’autres blessés, les forces de l’ordre ne sont pas épargnées.

Tout le monde est unanime : cela ne peut pas durer. C’est invivable.
Mais comment arrêter cela ? Qui sont ces tireurs ? Ces questions sont sans réponse aujourd’hui.
La police demande à la population de « coopérer pour les dénoncer afin de ne pas retourner dans les affres de la guerre. »

« Malheur aux complices », prévient encore la police qui menace d’user « de tous les moyens. » Dont des fouilles perquisitions…

Parlons justement de ces opérations menées dans les quartiers ceinturés par la police. Cette dernière devrait faire ses fouilles perquisitions avec plus de professionnalisme en laissant la population vaquer à ses activités quotidiennes.

Le cas de Jabe et de Musaga est emblématique. Les gens sont bloqués, restent cloîtrés chez eux pendant deux jours. Personne n’entre ou ne sort du quartier. La police procède à des arrestations des suspects, jeunes hommes et vieux confondus.

Les ménages se retrouvent à cours d’approvisionnement, plus d’activités. La situation devient très compliquée.
Un ultimatum a été lancé ce jeudi à l’unisson par quatre ministres : «Trois semaines sont données aux civils qui détiennent les armes de les remettre.»

Aujourd’hui, une population prise en otage paie pour des tirs nocturnes dont elle ne connaît ni les auteurs ni leur plan.

Forum des lecteurs d'Iwacu

6 réactions
  1. Zlatan

    Les habitants des quartiers ne peuvent ignorer de qu’elles parcelles partent les coup de feu. Pour le bien de tous ils doivent indiquer ces parcelles qui hébergent les fauteurs de troubles.

  2. duciryaninukuri

    Ngira bumvise! Nibaje mu kibira baheze banyinyane barushe bahebe bahe amahoro amakaritiye.

  3. Bizose

    J’ai pitié de la population de ces quartiers condamnés à rester dans leurs maisons. La solution n’est pas celle-là.
    Les pays-Bas ont beaucoup investi dans la formation de la police. Est-ce qu’elle ne peut pas trouver un autre moyen pour mettre la main sur ces malfaiteurs en donnant à la population la liberté? Dommage…

  4. burunwa

    Un rapport Onusien est sorti pour affirmer que les armes ont été distribuées à une milice de la jeunesse Imbonerakure. Le gouvernement s’en est foutu. Et 4 mois après, la voilà notre fameuse police qui fait des fouilles ici et là en laissant à coté les ménages des imbonerakure. C’est louche tout ça

    • Mbaraga

      Mon humble connaissance des armes me dit que si tous les tirs étaient dirigés vers des gens ou des maisons habitées, on aurait eu beaucoup plus de morts et/ou de dégâts matériels. Mince consolation car il y en a quand même eu des morts mais peu compte tenu qu’il n’y a presque pas de nuit qui ne soit troublée par des tirs d’armes ou d’explosions de grenades. Donc, à mon avis, soit les tirs proviennent délibérément des gens qui ne veulent que terroriser et/ou provoquer la population en tirant en l’air, soit il s’agit de gens qui s’entraînent aux combats urbains. Dans cette dernière hypothèse, qui seraient ces combattants qui ont si facilement accès à la ville et qui se volatilisent le jour venu ? Seule la police peut le dire. Car la nuit, il suffit de regarder dans la bonne direction pour localiser à quelques mètres près la provenance d’un tir. Et la police et l’armée sont suffisamment compétentes et équipées pour localiser et neutraliser les auteurs de ces tirs. Mais alors, pourquoi ne bougent-elles pas pour mettre ces gens hors d’état de nuire. Encore là, les responsables de la police et de l’armée ont la réponse.
      Quant au blocus total de quartiers entiers, il s’agit bel et bien d’un acte criminel. Imaginez-vous qu’un malade ait besoin de soins immédiats ex. une crise cardiaque, un accouchement, une réaction anaphylactique…? C’est la mort assurée. Je suis sûr à 100 % que ce n’est pas cela que les formateurs des Pays-Bas ont transmis comme méthodes de travail aux policiers burundais. Ces victimes n’ont rien à voir avec ceux qui tirent. La police n’a même pas réussi à démontrer hors de tout doute raisonnable que les tireurs nocturnes sont des haitants de ces quartiers bouclés le jour. Bref, chers policiers et soldats, laissez la population innocente en paix ou vous risquez de vous retrouver un jour ou l’autre accusés de crimes de guerre…À bon entendeur, salut!

    • Jean-Pierre Ayuhu

      Burunwa,

      Mon dernier commentaire a été censuré par Iwacu…
      J’espère que celui-ci ne subira pas le même sort. Cher Monsieur, vous avez une vision des faits très lacunaires. Pour votre culture, je vous informe que l’ONU a été induite en erreur à maintes reprises. Du temps de l’Irak, le secrétaire d’Etat du gouvernement américain a brandi devant le conseil de sécurité des preuves accablants contre Sadam Hussein pour justifier la guerre. L’histoire nous apprendra que c’était des faux. La guerre a eu lieu et vous connaissez la suite… Hier, un fonctionnaire zelé ou plutôt à la solde de certaines personnes et groupes au Burundi a brandi des risques de génocide etc…Il s’est avéré que ce rapport fut une initiative de ce fonctionnaire zélé et pour votre information, les Nations Unies se seraient excusées auprès du gouvernement burundais…Un des activistes de la société civile, Mbonimpa, a brandi des photos des soldats tués pour justifier que ce sont des jeunes Imbonerakure tués au Congo… L’histoire nous apprendra qu’il s’agit d’un ephotos qui date de 1995…
      Faut pas raconter n’importe qoui!

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.