Le Burundi fait face à l’afflux de Congolais qui fuient la guerre dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu à l’Est de la RDC (République démocratique du Congo). Réputé pour son hospitalité légendaire, le Burundi a toujours accueilli sur son sol des réfugiés provenant des pays voisins. Malheureusement, c’est vice-versa par les temps qui courent. Le respect de la dignité humaine indépendamment de sa race, de sa langue, de sa religion ou de son sexe, appartient aux fondements de notre État et de notre culture. Bujumbura est cosmopolite. Ce fondement s’exprime dans l’attitude des Burundais envers les requérants d’asile et les réfugiés. Cependant, cette hospitalité comprend des règles, elle doit être soumise à quelques obligations, il arrive qu’elles soient oubliées.
Dans une enquête menée par le Journal Iwacu, une brouille s’invite entre les propriétaires des maisons et leurs locataires quelquefois en mal d’honorer leurs engagements. Les Congolais qui arrivent en masse surtout à Bujumbura, la capitale économique, viennent avec des dollars, aujourd’hui convoités, et à la vue des billets verts certains propriétaires n’hésitent pas à chasser leurs anciens locataires, souvent débiteurs. Les temps sont durs. « Les loyers des maisons ont triplé voire quadruplé ces derniers mois. Un Congolais ne négocie pas le prix d’une maison, peu importe son état ». Constat amer d’un locataire burundais. Pourtant, il y a des contrats qui les lient.
Une situation qui commence à réactiver pour certains citadins l’angoisse latente d’être ’’envahis par l’étranger’’, d’être dépossédés de leur lieu de vie, de leur être le plus propre. Questions : Que fait l’administration locale pour l’identification de ces « hôtes » et la régulation des maisons à louer ? Les demandeurs d’asile doivent-ils cohabiter avec la population locale dans différents quartiers ? N’y a-t-il pas de camps aménagés pour les réfugiés ? Quid de la sécurité publique ?
La guerre à l’Est du Congo est un conflit complexe qui dure depuis plusieurs décennies. Aujourd’hui, elle a des implications régionales significatives et la situation reste confuse et volatile. Le Président Evariste Ndayishimiye avait dit redouter, au début de février, que le conflit en RDC ne déclenche une guerre régionale. Dans un article paru le 12 février, le journal Le Monde précise que le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda s’est emparé de deux localités, Ihusi et Kalehe, situées sur la principale route menant vers Bukavu. Le Burundi est accusé d’avoir déployé des soldats en appui à l’armée congolaise. L’évolution rapide de la crise dans l’Est de la RDC comporte de nombreuses inconnues.
C’est vrai que les Burundais sont hospitaliers, prêts à ouvrir les portes de leurs maisons à celui qui en fait la demande et n’hésitent pas à partager le repas avec celui qui a le ventre creux. Mais devant cette situation de guerre à l’Est du Congo, il y a lieu de s’inquiéter. Sans mettre en cause le droit d’asile, il est plus prudent de s’investir pleinement dans cette affaire en mettant des camps d’accueil des Congolais, les recenser, suivre leur itinéraire de voyage, leurs futurs points de chute, etc.
La prudence devrait être de mise sans céder à la stigmatisation car tout réfugié mérite accueil et assistance. Bref, on doit éviter de passer de l’hospitalité à l’hostilité.
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